Le blog de Mediapart

Le pari économique très risqué de MediaPart, par Pierre-Albert Ruquier

Chère rédaction de MediaPart,

Je scrute votre projet depuis qu’il a commencé à émerger avec la
note d’Edwy Plenel publiée sur le Nouvelobs.com. J’ai même contacté
ce dernier à ce moment là et pour des raisons d’agenda nous n’avons
pas pu nous rencontrer. Pour planter le décor, je vous livre très
vite mon CV. J’ai 41 ans. Je suis journaliste depuis presque 20
ans. Je suis aussi entrepreneur depuis 1999, année de création de
l’agence de presse multimédia que je dirige encore.
 

Ce que j'aimerai lire et ne pas voir, par René Chambon (professeur des universités)

L’état de la presse en France est malheureusement connu. L’indépendance financière est aliénée. Il est fondamental de recréer un organe de presse indépendant comme le fut Le Monde. J’en rêvais avant d’avoir des informations sur la naissance de MediaPart … dans Le Monde et Le Nouvel  Observateur.

Ce que j'attends de MediaPart, par Pierre Revallier

J’ai adhéré à MediaPart, comme beaucoup d’entre vous.
Je l’ai fait pour de multiples raisons que je vais exposer.

 

Tout d’abord, j’ai apprécié qu’un journal présente dans le détail son équipe, ses signatures, les CV des journalistes qui vont nous donner des informations. Déjà,  cette préoccupation est un signe. Un signe positif de transparence, un signe d’honnêteté intellectuelle et de responsabilité. Signer est pour moi un devoir de journaliste. 

Mon temps de cerveau disponible m’appartient, par Christian Lehmann (médecin et écrivain)

Je soutiens MediaPart parce qu’en tant que médecin, j’ai appris par la force des choses à faire le tri entre information et communication. 

Chaque jour, m’est accessible une foule de communiqués de presse et d’ « informations » sur le médicament ou les nouvelles techniques médicales et chirurgicales, pondue par des équipes marketing. « Informations » que je choisis de laisser de côté, car je n’ai pas de temps à perdre, et, surtout, pas de « temps de cerveau disponible » à polluer par des informations non validées qui, au final, pourraient influencer mon jugement, mes décisions thérapeutiques. Si je veux être au seul service des patients qui m’honorent de leur confiance, il me faut savoir privilégier une information indépendante, validée, quand bien même le chemin pour y accéder est plus ardu, car là, il n’existe pas de « généreux mécène » intéressé.

Du commentaire en général et de MediaPart en particulier, par Gaël Legadec (Ingénieur)

Dans le cadre de votre projet et de votre volonté d'utiliserles nouveaux apports qu'offre l'internet à la presse en général, il y a un point parmi d'autres qui fait ou a fait ou fera peut être débat :  la gestion des commentaires.Aujourd'hui et globalement, le gros point noir des commentaires surl'internet est leur nombre.  Un article fera toujours réagir des sensibilités et, si la possibilité en est offerte, beaucoup ne se gêneront pas pour l'exprimer, à tort ou à raison. Les systèmes de commentaires et de forums de discussions sont des systèmes qui devraient  être considérés comme obsolètes, dépassés, voire inutiles.

On ne lutte pas dans le noir, par Denis Quinqueton (Cadre)

C'était il y a quelques années, à propos de terrorisme. L'éditorial d'un magazine français, illustré de la photo d'une bibliothèque londonienne pendant les bombardements nazis. On voyait un bâtiment éventré et un homme, soigneusement habillé en train de chercher attentivement quelque oeuvre littéraire ou volume d'encyclopédie. L'éditorial était titré "We're not afraid". Je l'ai d'abord lu mi- distrait, mi-agacé : qu'est-ce qu'il nous donne encore comme leçon de morale celui-là ? Et pour une raison que je ne m'explique pas tout à fait, j'ai jeté le magazine - dans la bonne poubelle ! - au bout de quelques jours en déchirant la page de l'éditorial afin de la garder.

La Presse Française d’aujourd’hui, par Anouk Grinberg (Actrice)

    Vous me demandez mon avis sur la Presse Française d’aujourd’hui. En fait, je la lis irrégulièrement. Ce n’est pas que le monde ne m’intéresse pas, c’est qu’il n’y a plus moyen pour moi de l’aimer quand je lis les journaux. Bien sûr ça tient au monde comme il marche,  mais ça tient aussi à la manière de nous dire les choses, à cette langue quasi neutre qui croit mieux informer en se retenant d’« exister », ce qui pour moi produit des vérités à ras, des vérités sans vérité, des histoires où la présence humaine compte peu ;  en somme, des natures mortes des temps modernes. Comme si ce langage fermé sur lui-même, codé, ne  pouvait que fermer d’un tour encore le monde déjà si fermé; et comme si la presse ne pouvait pas grand-chose contre l’état du monde puisqu’elle choisit d’être son miroir. 

Un projet contemporain, par Lydia Flem (Ecrivain et psychanalyste)

Un formidable pari, un double défi : créer un nouveau journal indépendant et le lancer sous la forme inédite d’un quotidien électronique. Ce projet m’enthousiasme parce qu’il est contemporain. J’aime l’idée qu’à partir de la révolution numérique s’invente un nouvel espace citoyen, un lieu d’informations, d’enquêtes, de culture, d’échanges entre journalistes professionnels et lecteurs interactifs.

Le Web n’a pas quinze ans, Google est né il y a dix ans seulement, Wikipedia en 2001. Tout bouge à chaque instant sur la Toile mais l’information n’y est souvent qu’un « copier-coller » général. J’attends autre chose du nouveau media qu’Edwy Plenel et son équipe annoncent pour le premier trimestre 2008 : des enquêtes inédites sur des sujets attendus et inattendus mais aussi des analyses de fond, des mises en perspective, et surtout, un partage autour d’un nouveau savoir-lire sur la Toile.

La culture de l’intimité, par Michel Vinaver (Ecrivain et auteur dramatique)

Au point où en est le pays de son histoire et la presse de sa déliquescence, MediaPart pourra jouer un rôle essentiel.
Ne pas sous-estimer l'importance de son attrait (notion indéfinissable...).

Le lien entre le lecteur et son journal est d'ordre intime, quasi-conjugal. Le plaisir est important dans cette relation quotidienne. Mon rapport avec Le Monde depuis des décennies était de ce type. Il s'est peu à peu perdu.
Il ne faut pas négliger la culture de cette intimité (qui n'est pas familiarité). Qu'est-ce que j'attends d'un journal quotidien? Qu'il soit mien, que j'aie envie de le retrouver jour après jour, outre les raisons utilitaires que je peux avoir...

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