Affaire Alègre : la cour d'appel de Paris ordonne la mise en examen de Karl Zéro

21/02/2008Par
L'enquête sur les conditions dans lesquelles l'ex-animateur de Canal + avait lu à l'antenne une lettre du tueur en série s'était soldée par un non-lieu. Mais la chambre de l'instruction vient de désavouer la juge chargée du dossier à qui elle demande de rouvrir sa procédure et de poursuivre le journaliste.
 
En réclamant sa mise en examen, la cour d'appel de Paris vient de faire une très mauvaise surprise à Karl Zéro. Alors qu'il pensait le danger définitivement éloigné, l'ancien animateur du Vrai Journal, sur Canal +, vient d'être rattrapé par l'un des aspects les plus troubles de l'affaire Alègre, du nom de ce tueur en série au coeur d'un scandale particulièrement sordide. Sur la foi de témoignages émanant de deux prostituées, Patrice Alègre fut présenté comme l'organisateur de parties "très spéciales", à Toulouse, au cours desquelles des femmes auraient été violées, torturées voire assassinées par des notables de la région, parmi lesquels l'ancien maire de la ville, Dominique Baudis ! Autant d'accusations gravissimes qui se révélèrent fausses. 

Le 1er juin 2003, au plus fort de l'affaire, marquée par un emballement médiatique sans précédent, Karl Zéro avait lu à l'antenne, dans Le Vrai Journal, les passages d'une lettre que lui avait fait parvenir depuis sa prison le tueur en série. Dans cette missive, ce dernier reconnaissait les meurtres d'une prostituée et d'un travesti et désignait le magistrat Marc Bourragué et Dominique Baudis, alors président du conseil supérieur de l'audiovisuel, comme les commanditaires de ce dernier assassinat. Patrice Alègre était revenu sur ces « aveux » dès le 19 juin 2003, dans un autre courrier, cette fois destiné au procureur de Toulouse. 

MM. Bourragué et Baudis avaient ensuite déposé plainte, provoquant fin 2003 l'ouverture par le parquet de Paris d'une information judiciaire pour "sortie illicite de correspondance", "violation du secret de l'instruction" et "violation du secret professionnel". L'enquête, confiée à la juge Nathalie Turquey, s'était conclue en mars 2007 par un non-lieu général. Furieux, les avocats de MM. Bourragué et Baudis firent appel devant la chambre de l'instruction qui, à la surprise générale, vient de faire droit à leur demande. 

Un arrêt du 14 février

Dans un arrêt du 14 février passé inaperçu, la cour d'appel demande à la juge Turquey un supplément d'information. La cour estime que les délits visés par la plainte sont "caractérisés" et ordonne en conséquence à la magistrate de reconvoquer Karl Zéro afin de procéder à sa mise en examen...

Dans son courrier du 19 juin 2003, Patrice Alègre affirmait que la lettre parvenue à Karl Zéro avait fait l'objet d'une transaction financière avec l'animateur, qui lui aurait promis la somme de 15 000 euros. Il avait ensuite désigné comme complice son ancien avocat, Me Laurent Boguet. Au cours de l'instruction, Patrice Alègre avait réitéré ses accusations, déclarant à la juge Turquey, le 16 décembre 2004 : « Le juge Lemoine (le magistrat chargé d'instruire le volet « meurtres » dans l'affaire Alègre) m'a mis la pression en me disant qu'il était persuadé que les filles (Patricia et Fanny, les ex-prostituées) disaient la vérité et que moi je mentais. Il m'a dit qu'il me ferait transférer à Fresnes, qu'il allait me retirer mes permis de visite (...). Ensuite j'ai vu mon avocat Me Boguet à la prison, j'ai fait une petite partie du brouillon avec lui. (...) C'est Me Boguet qui me l'a dit : Karl Zéro devait payer 15 000 euros pour la lettre. » Une accusation formellement démentie par Karl Zéro, qui assura à la juge lors de son audition qu'il n'avait « jamais été question de remises de paiement ". 
Cette fameuse lettre, selon Patrice Alègre, avait été remise à Me Boguet dans le cabinet même du juge Serge Lemoine. Entendu le 16 décembre 2004, le magistrat avait confirmé ce point : « Il est exact qu'à la fin de ses auditions, le 30 mai, Patrice Alègre m'a demandé s'il pouvait remettre un pli à son conseil, il a donc remis une lettre à Me Boguet. » De son côté, Me Boguet a affirmé à la juge Turquey que son ex-client n'avait « nullement dit que ce pli était destiné aux journalistes ». Une chose est sûre, c'est bien ce courrier qui s'est retrouvé entre les mains de Karl Zéro, via un journaliste de l'agence Capa, Gadh Charbit. « Rien n'a jamais été promis contre cette lettre », avait assuré à la juge Gadh Charbit, qui devrait également, à en croire la cour d'appel, être mis en examen.

Sollicités par MediaPart, les avocats de l'animateur se sont dit "stupéfaits" de la décision de la chambre de l'instruction et ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation. " Il est incroyable de demander à une juge d'instruction qui avait, au terme d'investigations minutieuses, accordé un non-lieu, de prononcer la mise en examen de Karl Zéro ", affirment Mes Olivier Baratelli et Céline Astolfe. Les deux avocats rappellent que leur client "s'est contenté de lire à l'antenne une lettre qui lui était adressée personnellement, et ce sans aucune contrepartie financière. Cela ne saurait constituer un délit ". Conséquence directe de l'affaire Alègre, Le Vrai Journal avait été supprimé par la direction de Canal + en 2006. Karl Zéro est désormais animateur d'un site internet (http://leweb2zero.tv/).

Karl zéro et l'info spectacle. C'est un peu le retour de bâton pour l'animateur donneur de leçon de journalisme à l'ensemble de ses confrères. Il s'est contenté
de lire une lettre sans en vérifier le contenu. Ce qui est pourtant le b.a de ce métier et ce qui ne peut être prouvé, n'existe pas. En lisant la lettre, il a co produit la diffamation comme un éditeur classique qui, sans contre enquête, reprendrait à son compte une affirmation sans fondement. Moi, ce qui m'avait choqué, c'était justement le non lieu, qu'il y ait eu ou non promesse d'argent à l'égard de Patrice Alègre. Rappelons pour mémoire, que le même Karl Zéro faisait témoigné en direct Patricia et Fanny et que l'une des deux a elle aussi expliqué qu'en retour de son témoignage elle devait toucher de l'argent.

Le seul problème, mes petits chéris ignorants ou menteurs c'est que vous ne parlez pas du rapport Bréard ( comme c'est bizarre).
Ce monsieur, procureur général a écrit un rapport volumineux sur son subordonné (marc Bourragué) et ce rapport a en partie été rendu public dans le livre (La vérité assassinée de gérard SOUILLEZ.) dont vous vous gardé bien de parler. Pourquoi?
Pourquoi ne dites vous pas aussi que ce procureur a fait condamner Baudis pour diffamation?
Pourquoi ne parlez vous pas du site des victimes "Stop à l'oubli"
ça fait beaucoup de pourquoi ?
Jamais un procureur ne s'est risqué à une faute professionnelle aussi grave

Le sieur Bréard a eu l'imprudence d'ouvrir une information judiciaire dès le 15 avril 2003 ("la pression médiatique était trop forte", s'est-il justifié ensuite), sans ordonner la moindre enquête en vue de vérifications, ce qui a donné une assise juridique et judiciaire à ce qui n'était, depuis le 1er avril, qu'une lamentable campagne de presse. Typique de la "gauche cassoulet" du cru, trait d'union entre les nébuleuses Mitterrand et Baylet, Bréard avait tenté, en vain, d'empêcher le substitut Marc Bourragué (que vous flétrissez en toute méconnaissance de cause), de faire condamner dans une affaire d'abus de biens sociaux Baylet, le propriétaire-gérant de La Dépêche du Midi, qui devait ensuite imprimer la cadence de la calomnie en cette affaire. Bréard tenta de discréditer le substitut Bourragué, qu'une enquête interne devait ensuite blanchir, ce que vous ignorez, vous qui aimez traiter d'ignorants ceux qui, contrairement à vous, ne gobent pas les premières rumeurs venues.

Au lieu de citer un mauvais livre, signé par l'homme de main de La Dépêche durant toute cette affaire (dont vous orthographiez mal le nom), vous devriez lire l'ouvrage de Jean Volff ("Un procureur dans la tourmente" Ed. de L'Harmattan), l'ancien supérieur de Bréard, qui devrait vous mettre un peu de plomb dans la cervelle, mon bon coyote.

Quant à l'association "Stop à l'oubli", la lecture des trois derniers commentaires de ce file pourrait éclairer votre lanterne.

Si, cinq ans après les faits, vous êtes resté persuadé que l'ignoble campagne de presse était dans le vrai, soit vous êtes mal intentionné, soit votre sagacité est prise en défaut.

Quoi qu'il en soit, n'encombrez pas plus que de raison ce site, qui se veut plus proches des faits que des rumeurs (j'ai supprimé l'une de vos notes médisantes, dans laquelle vous répétiez, compulsivement, les mêmes erreurs).

Désolé de devoir vous signifier que nous ne sommes pas le déversoir que vous imaginiez.

AP

Retour à l'envoyeur pour Karl Zero. C'est bien lui aussi, sa société de production qui avait acheté un monospace VW à l'une des témoins alors qu'elle n'avait pas le permis sans oublier de négocier un contrat d'éditeur pour l'autre. Sans oublier une tournée des rédactions parisiennes pour l'un d'elle encore. Bref, le donneur de leçons est arrosé. Enfin !

D'accord mais il ne faudrait pas qu'il devienne un bouc-émissaire, alors que par ailleurs on veut dépénaliser le droit des affaires : car une dérive publique ne doit pas être davantage punie qu'une dérive " en douce ".
Un interdiction d'exercer et un retrait de la carte de presse pendant une durée significative, par exemple, devraient suffire à décourager le genre.

Jean-Louis Legalery
Juste retour des choses ! Cet individu a toujours magnifiquement porté son pseudonyme et est au journalisme ce que le hamburger est à la gastronomie. Il ne faudrait pas oublier non plus que Dominique Baudis a été scandaleusement traîné dans la boue pendant des semaines.

Je ne savais pas que Karl Zéro était journaliste?
Amuseur, oui, et il était pas mal aux débuts de Canal+ il y a fort longtemps, mais journaliste?

Est-ce que les Marc-Olivier Fogiel, les Michel Drucker etc, ces autres animateurs d'émissions de divertissement, ont aussi une carte de presse?

Je tombe des nues.

Je rappelle que l'affaire Alègre consista en une reprise générale, pavolovienne et imprudente par la presse (à de rares exceptions près comme les quotidiens La Croix ou Ouest-France) des accusations démentielles lancées, au début de l'année 2003, par deux anciennes prostituées à l'encontre d'un ancien maire de Toulouse et d'un ancien substitut du procureur de cette ville. L'erreur fut de prendre pour argent comptant, de relayer et d'amplifier des imputations sans aucun fondement (comme devait le démontrer, point par point, le non-lieu du juge Perriquet).

Pourquoi un tel dérapage, emballement, ou catastrophe journalistique ?
1° Le quotidien local, qui tenait là une vengeance contre un adversaire politique et un adversaire judiciaire (ce dernier avait obtenu la condamnation pour abus de biens sociaux du directeur de ladite feuille), organisa minutieusement une chasse à l'homme, avec l'aide de gendarmes exaltés, d'avocats à sa solde et d'une partie de la magistrature, verrouillant l'information et parvenant à rendre crédibles des dénonciations pourtant délirantes (les PV d'auditions en témoignent).
2° L'esprit public, baignant dans une culture de la "victimisation", considérait les prostituées non pas comme d'ahurissantes délatrices mais comme des martyres bafouées, en larmes et donc dans le vrai (comme à Outreau, ou lors de la fausse agression antisémite du RER D). Au contraire, les "notables", pourtant harcelés par la calomnie, ne pouvaient être que coupables puisque tenant le haut du pavé.
3° L'opinion commune, altérée de rumeurs et sensibles aux complots, partit au quart de tour, persuadée qu'il n'y a pas de fumée sans feu.

Karl Zéro (il n'a pas la carte de presse, ce qui ne dédouane personne) eut un rôle crucial : son intervention devait accréditer l'idée que des enfants avaient été mêlés aux prétendues horreurs toulousaines. Les enfants, c'eût été l'accélérateur parfait de l'hystérie collective (Outreau à nouveau). Les "confessions" accordées à Karl Zéro sur Canal + par les deux anciennes prostituées, Florence Khelifi dite Fanny et Christelle Bourre dite Patricia, ne tournaient qu'autour de ce thème, que devait valider Alègre dans sa lettre exfiltrée miraculeusement (une telle sortie de correspondance eut lieu depuis le bureau d'un juge d'instruction qui sut se montrer myope).

Heureusement pour les "notables" promis au lynchage par un tel supplément d'ignominie véhiculé par "Le Vrai Journal", l'opération capota (trop de crapoteux tue le crapoteux) et le 1er juin 2003 marqua le tournant de l'affaire Alègre : la presse reprit petit à petit ses esprits, nous étions enfin "sur l'autre versant", selon l'expression de l'ancien maire injustement accusé.

Pardonnez la longueur de ce vade-mecum, mais dans une affaire pareille, me semble-t-il, un ragot étant toujours plus facile à retenir que son démontage, on n'en fait sans doute jamais trop. D'autant qu'à Toulouse, le quotidien qui donna le la des mois durant, n'a jamais encore, cinq ans après, versé dans la moindre componction laïque...

AP

Je pense qu'il s'écoulera des années avant de connaître les conclusions de cette affaire qui a enflammé notre région. En effet si Karl Zéro s'est aventuré sur un terrain qui ne le concerne pas en croyant faire un coup, la presse dans son ensemble n’a pas à se glorifier non plus. Par ailleurs après avoir soulevé des torrents de boue, dans un sens comme dans l'autre, je trouve que cette même presse a été bien prompte à conclure unanimement d'une manière policée, bien alignée sans que la moindre plume ne dépasse.

Rappelons qu’à l’origine une cellule d’investigation s’était constituée en 2000 sous la responsabilité du gendarme Roussel car depuis l’arrestation de Patrice Alègre en 1997, ce gendarme avait en charge quelques 191 meurtres et viols non élucidés.
Hors ce travail de longue haleine va se télescoper en 2003 avec une tempête médiatique initialisée par un quotidien régional qui réglait ses comptes entre politiques.

La fièvre médiatique retombée, les dommages collatéraux sont énormes : la cellule d'investigation spécifique est fermée, des zones d’ombres persistent quant à la protection du tueur par des policiers et des magistrats ou aux dysfonctionnements de la justice qui ont permis à un tueur de sévir pendant près de dix ans au travers d’enquêtes bâclées ou déformées. Sans oublier l’association « Stop à l’oubli » qui réunit les familles de victimes dont les proches ont disparu ou ont été retrouvées «suicidées ».

Vous avez raison à propos des affaires non élucidées, surtout si l'on se place du point de vue des familles, transformées en Antigones de la République, auxquelles on refuse sinon une sépulture, du moins un dossier criminel bouclé avec rigueur et dignité.

Comment faire comprendre à ces familles dans la peine et la colère qu'elles sont simplement victimes de minables dysfonctionnements bien banals (30% seulement des affaires criminelles sont résolues sur le territoire national) ? Des policiers désinvoltes, des gendarmes négligents, des magistrats indifférents et surtout des experts médicaux, dans le cas précis de la Haute-Garonne, aussi fainéants qu'incompétents, ont abouti au classement de ces meurtres et viols par vous évoqués. Il ne faut pas pour autant croire à un complot. Fourniret, cette espèce d'Alègre de nos marches de l'Est, a pu vaquer à ses horreurs en toute impunité, laissant bien des cadavres ou des disparitions derrière lui. Après son arrestation, personne n'en a fait le factotum de notables de Sedan ou d'ailleurs mêlés à des orgies dont Fourniret eût été le pivot ! Dans le Sud-Ouest, c'est aussi simple, tristement, scandaleusement simple que cela.

Or, en enquêtant sur l'un des crimes toulousains non élucidés, celui de Line Galbardi, les gendarmes ont retrouvé une ancienne collègue de trottoir de la victime, Christelle Bourre dite Patricia. Celle-ci avait assisté à l'assassinat de Line Galbardi. Elle était donc en partie complice. Pour desserrer l'étau, elle a commencé à raconter un bobard aux gendarmes, mêlant le nom d'Alègre, puis celui de notables. Elle en rajoutait à mesure qu'elle voyait que ses interlocuteurs mordaient. Elle s'est adjointe Florence Khelifi dite Fanny, une ancienne collègue à la psychologie torturée, pour corroborer ses dépositions délirantes.

Mis au courant des procès verbaux par des sources amies au sein de la gendarmerie mais également de la magistrature, le quotidien régional dont vous parlez a compris tout l'intérêt qu'il pouvait en tirer pour mener une campagne de presse en forme de vengeance contre deux personnalités parmi toutes celles citées. Le travail a consisté à lisser les PV pour enlever tous les éléments délirants et à ne laisser filtrer que les noms auxquels on voulait du mal (voilà pourquoi Douste-Blazy, cité par Christelle Bourre dite Patricia, n'a pas été inquiété : Dominique Baudis le soupçonne d'avoir été au courant sans l'avertir de ce qui se tramait. D'où la brouille définitive entre les deux hommes, l'un qui sut échapper au pire non sans négocier peut-être — observons qu'il ne tente pas aujourd'hui de faire barrage à la gauche aux municipales ; l'autre qui fut pris dans la nasse.)

La fièvre médiatique tombée, comme vous dites, les journaux incriminés sont partis la queue basse (presse nationale), tandis que le quotidien régional fait depuis le gros dos en maugréant de temps à autre que l'avenir lui donnera raison, alors que les condamnations pleuvent : au temps médiatique a succédé le temps judiciaire et les personnalités incriminées ont lancé, en tout, une cinquantaine de procès.

Quid des crimes ou viols non élucidés ? Ils ne sont pas tous imputables à Patrice Alègre, qui n'a cependant pas tout avoué. Il n'y a sûrement pas de complot visant à protéger le flou, le mystère, l'ignorance sur cette question. Les familles des victimes ne sont pas menacées par des assassinats maquillés comme vous semblez le croire. Non, encore une fois, l'incurie, le manque de chance, de personnels et de moyens expliquent, simplement, tristement, banalement tant d'échecs. Aucune protection des tueurs : impéritie dans leur traque. Sachons nous en tenir là.
AP

Un grand merci à Michele Iltis
et à Antoine Perraud (23/02/2008 10h50)
pour ce retour sensible et juste à l'essentiel qui est quand même que des victimes et leurs familles ont été bafouées et encore plus meurtries par ces déchaînements médiatiques sur leurs malheurs.

Ce gendarme Roussel, s'il représentait, parmi l'incurie généralisée, l'un des trop rares cas "sains" de conscience professionnelle qui essayait quand même de faire son travail correctement et d'atteindre son but (malgré ses pouvoirs limités et le manque de soutien de ses supérieurs peut-être), est l'exemple parfait du bon gars qui finit "poussé à la faute", et aussi qui finira par faire comme les collègues: découragé, désabusé, il finira lui aussi par "se foutre de tout".

Je crois, comme Antoine Perraud, qu'effectivement la plupart de nos maux, pas seulement dans ce genre de question judiciaire, mais de manière générale dans la vie et dans la société, ne viennent pas de tel ou tel agissement coupable ou de telle ou telle entité animée de buts précis et de méthodes savantes, machiavéliques, mûrement réfléchies, mais viennent tout simplement du niveau général d'incurie et d'incompétence.

Ca me rappelle une réflexion désabusée, entendue de la bouche de plusieurs délégués syndicaux fatigués dans plusieurs milieux professionnels différents dans ma vie:
"C'est les ouvriers qui font leur propre malheur"...

Ce qui me frappe toujours,
quand quelqu'un se sert de la justice abusivement, ou la détourne pour des buts personnels, c'est que bien sûr la vérité éclate quand même à la fin, mais entretemps, tout le mal qui a été fait, parfois incalculablement profond, le plus souvent irréparable
(un des innocents d'Outreau est quand même mort en prison, on n'en parle jamais, après combien de sévices et brimades par ses co-détenus comme "pointeur" comme ils disent, "pointeur" qu'il n'était donc PAS?)
tout le mal qui a été fait, ne trouve pas de compensation.

On ne devrait pas pouvoir s'en tirer à si bon compte quand on se sert ainsi de la justice payée par nos impôts, quand aussi on occupe son temps et son énergie qu'elle pourrait employer dans de "vraies" affaires.
Alors,
que l'appel des avocats de MM. Bourragué et Baudis soit entendu, c'est quand même pour moi un petit pas de retour timide vers la justice.
Je ne les connais pas et je veux bien croire que ce sont par ailleurs des salauds, mais dans cette affaire c'est MA justice qui est bafouée. Pour moi ils auraient même le droit de lancer une nouvelle affaire, porter plainte pour récupérer tout ce qu'ils ont perdu.

Rappel après censure:
En France le taux d'élucidation des homicides est de 80% et non de 30 % qui est la moyenne d'élucidation de tous les crimes et délits commis sur le territoire national.
Avant de trancher, prenez connaissance du livre de Gilles Souillès ( la Vérité Assassinée) et allez consulter les archives du site des victimes "STOP à l'Oubli"