FMI-PS : le grand écart de Dominique Strauss-Kahn

21/01/2008Par

C’est donc « la » nouvelle de ce début de semaine politique. Dominique Strauss-Kahn fait son retour dans le cercle des dirigeants socialistes. Invité surprise à la Mutualité, dimanche 20 janvier, pour le troisième « forum de la rénovation » du PS, il a réussi un coup médiatique. Il n’était pas attendu ; il capta donc l’attention des médias. La tactique est éprouvée : reprendre sa place, sourire, et surtout ne rien dire à la tribune. L’exercice « petites phrases » est là pour assurer les retombées médiatiques.Et elles furent grandes : journaux télévisés de 20 heures, Une du Figaro, « Le retour surprise de DSK complique le jeu au PS », Une de Libération, « Strauss-Kahn en vedette américaine », journaux radios de ce lundi matin.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) sait changer habilement de casquette. Il était ce dimanche « un militant socialiste, qui vient comme n’importe quel militant, je viens surtout pour écouter ». Emporté par cet élan militant, bien que son poste au FMI lui interdise de s’engager dans des activités partisanes, il prononça donc ce verdict choc : « Le gouvernement a aujourd’hui de bonnes raisons d’être sanctionné par les Français ». Son fidèle Jean-Christophe Cambadélis résumait dans Libération : « En 2012, on ne pourra pas s’en passer. Il sera très haut dans les sondages et il aura réussi, on l’espère, au FMI ».

Il n’est pas interdit aux hommes politiques, et parfois à des médias trop occupés à faire collection de petites phrases, d’avoir un peu de mémoire. Il n'est pas besoin de remonter bien loin. Il y a deux mois, le 19 novembre 2007, une mission du FMI rendait publiques ses conclusions à l’issue de concertations menées avec les responsables français. Bien sûr, elles ne sont pas signées par DSK en personne, puisqu'il est statutairement interdit au directeur du Fonds de participer directement aux travaux qui concernent son pays. Mais elles donnent la position du FMI sur l’évolution de la France depuis l’élection de Nicolas Sarkozy.

Que constate la mission du Fonds. Extraits :

« La France est en mouvement. L'élection d'un nouveau président et la nomination d'un gouvernement ouvertement réformateur offrent à la France l'occasion historique de renouer avec une croissance soutenue où chacun verrait ses opportunités accrues. (…)

« Les priorités et la méthode du gouvernement en matière de réformes sont appropriées. (…)

« L'utilisation du facteur travail en France étant parmi les plus faibles des pays de l'OCDE, "gagner plus" suppose incontestablement de "travailler plus". En France, le taux d'activité, le taux d'emploi et le nombre annuel d'heures travaillées sont largement inférieurs à la moyenne. La priorité accordée à la valeur travail par le gouvernement est donc tout à fait justifiée. (…)

« Nous saluons la décision de ne pas accorder de coup de pouce au SMIC en 2007 et suggérons qu'elle soit pérennisée. (…)

« Les négociations en cours sur la modernisation du marché du travail devraient également rechercher un accord sur la réforme du cadre juridique actuel, très contraignant. Or nous constatons avec préoccupation que les négociations semblent plutôt partir du principe que le cadre juridique actuel est largement immuable, freinant ainsi de possibles réformes du contrat de travail. Une véritable rupture avec le passé et une amélioration réelle du fonctionnement du marché du travail nécessitent d'amender les dispositions juridiques régissant actuellement le licenciement économique, de manière à faciliter les ajustements de main-d'œuvre sans passer par la solution, coûteuse, du licenciement individuel. (…)

Seule réserve de l’institution financière : « Le budget 2008 inclut certes plusieurs initiatives louables, mais il implique également une pause inopportune dans l'effort d'assainissement des finances publiques, conséquence des dispositions de la loi TEPA. »

On l’a compris, le FMI fait… du FMI. Déréglementation, flexibilité du marché du travail, réduction des dépenses publiques, réformes structurelles et libéralisation accélérée des marchés sont les recettes éprouvées d’une institution par ailleurs en crise profonde. Puisque Dominique Strauss-Kahn est de retour chez ses camarades socialistes et appelle à « sanctionner » le gouvernement, on aurait bien aimé qu’il commente le satisfecit accordé par le FMI qu’il préside au même gouvernement. Dommage. A sa décharge, il est vrai que la question ne lui a pas été posée.

On ne connaissait pas à M Strauss-Kahn de tels talents de prestidigitateurs, qui pourraient lui être utiles, effectivement, en 2012. Si l'intéressé est devenu directeur du FMI le 28 septembre, il a du endosser la responsabilité des conclusions publiées deux mois après. Comment analyser un tel décalage, entre les positions qu'est censé défendre le "militant socialiste", et celles que doit assumer le directeur du FMI, sans postuler pour autant la duplicité de la personne ?

2 mois me semblent un peu cours néanmoins pour laisser son empreinte dans une telle organisation. bien sûr la mise en perspective est choquante, et je ne suis pas spécialement "fan" du personnage, mais à mon avis on devrait laisser un peu de temps passer pour voir si oui ou non il y a un FMI avant et un FMI après Strauss Khan. Par ailleurs il existe des pays pour lesquels les décisions et conseils du FMI ont autrement plus d'importance que pour nous. Regardons donc de ce côté là aussi pour voir si une certaine "humanité" peut apparaitre avec ce nouveau Directeur.

Ce forum du PS à la Mutualité est la première réunion depuis longtemps où il y avait me semble-t-il une identité de vue entre les participants et où les " couteaux" étaient rangés. En tout cas vu de l'extérieur la guerre des "egos" était suspendue au moins pour un temps.

Et voilà que DSK vient perturber, à dessein, ce calme apparent. Il se présente comme un militant ordinaire tout en sachant que les médias s'empareraient de sa présence piur relancer la polémique . Vu du côté socialiste cela est une faute lourde valant un blame. Cet opportuniste, ce bling bling socialiste est bien l'alter ego du président Sarkozy; diviseur, porteur de fausses bonnes idées, ultra-libéral. Il vient de montrer son savoir-faire de soi-disant homme de gauche en licenciant plusieurs centaines de personnes du FMI. Effarant !!!

Le PS possède des femmes et des hommes de qualité autrement plus capables que DSK de défendre ses valeurs.

Il est consternant de voir que pour certains du PS, DSK (archéo bling bling des années 80) puissent incarner le renouveau de la gauche avec pour lieutenant Moscovici, porte flingue qui fut si proche de la chiraquie.
Cela parait encore plus déconnecter des besoins qu'avec la crise boursière, la tendance libérale va sens doute prendre du plomb dans l'aile un peu partout.

DSK est un "socialiste de droite", c'est à dire un ultralibéral qui aurait sa meilleure place dans un gouvernement néo-conservateur comme celui de Fillon. Sa politique "sociale" se résumant aux seuls aspects compassionnels, comme sait si bien le faire la droite avec la "solidarité-charité".

Avec lui, nous sommes à des années-lumière d'un projet de société progressiste et humaniste, basée sur une économie de marché à vocation sociale, ayant pour socles la progressivité de l'impot, l'investissement dans le public et la recherche et une autre répartition de la valeur ajoutée en faveur du travail.

La participation de DSK au Cercle de Bilderberg, aux cotés d'E.A. Seillières et d'Henry Kissigner a tout de meme une signification politique ...et économique ! Mais il est de bon ton qu'il demeure au PS pour mieux enfumer et manipuler le peuple.

"le socialisme de droite ", je me demande si cette expression n'est pas devenue un pléonasme quand on considère le parti socialiste. Nicolas Sarkosy a réussi une ouverture complète jusqu'à François Hollande . Qu'en est-il de la position du PS sur les régimes spéciaux des retraites, sur l'allongement de la durée de cotisation , sur l'autonomie des Universités , etc...etc. Entendez-vous beaucoup de discours qui s'opposent à la ligne majoritaire ? Il me semble que M. Hollande s'inscrit aux abonnés absents! Quant au traité "simplifié" Européen , qui est pratiquement le même (présenté différemment) que celui qui a été massivement refusé par les français lors du référendum, M. Hollande et le bureau du Ps s'associe à la manoeuvre de contournement des citoyens en n'exigeant pas un référendum!

Alors , finalement , DSK ne fait pas un si grand écart que cela ! Quant à sa capacité de changer le F.M.I, ne rêvons pas! Il a été placé là pour faire un boulot de F.M.I c'est à dire un boulot de mise en valeur du pur libéralisme!

DSK fut le seul candidat à ne pas cracher à la figure de la Turquie.
Le seul à dire que oui il était pour l'adhésion.
Chacun ses critères.
Pour moi, ceux qui ont craché sont racistes.

FrançoiseBeaugé, D.Sc.

DSK n'a participé en rien au forum par ailleurs très intéressant et porteur d'espoir pour un vrai renouveau du PS par les jeunes et surtout, surtout sans DSK.Il était à Paris pour d'autres propos....n'insistons pas Il est venu 10 minutes en trublion et la salle a peu apprécié. Mais dehors, il a fait le malin avec les journalistes, trop contents!
C'est inadmissible, voire consternant.

Bah, qu'est-ce que des gars (pas bêtes au demeurant) comme Fabius ou Strauss-Kahn avaient à voir avec le socialisme, franchement?
Dans les années 80 c'était le "créneau gagnant": on prenait le train Mitterrand car on comptait sur l'alternance qui allait bien subvenir un jour ou l'autre.

Comme dit JANCAP, ce sont des bourgeois de droite non dénués de compassion. De là à se faire passer pour des hommes de gauche, là il y avait publicité mensongère...

(Herve5) --> Pardon, le sujet a l'air chaud pour vous, mais je dirais quand même,
je crois que dire non à l'entrée de la Turquie dans l'UE, ça n'a strictement rien à voir avec du racisme?

le cerveau est si riche qu'il peut construire une logique (et même plusieurs) entre 2 points A et B , où que soient les 2 points.
"Chacun construit la logique de ses intérêts!"
dès lors, lorsque sa situation personnelle change, les intérêts également! On change donc tout à fait normalement de logique.
Pour un homme politique , à l'ambition légitime, il n'est donc pas surprenant qu'il prenne une place vacante , c'est son intérêt! Ce n'est qu'a posteriori qu'il construit l'argumentaire qu'il va servir en justification ! Et cet argumentaire se tiendra tout à fait : LE CERVEAU EST SI RICHE ET PERFORMANT!
En exemple Jack Lang qui servait la cacophonie du PS à propos de l'Europe pour justifier son départ du Ps!!

On ne peut leur en vouloir, puisqu'on fonctionne de la même façon!

Mais de grâce , qu'on ne nous balance pas comme raison l'altruisme, le bien public!
ON N'EST PAS DUPES§

De l'addiction en politique : Nouvelle démonstration de l'incapacité de la plupart des politiques à s'extirper du microcosme politicien et à se lancer dans une autre activité ( mais peut-être est-ce parce qu'ils n'ont pas de vrai métier ? ). Après les fausses sorties à répétition des Juppé, Jospin et autres, voici donc DSK qui, en pleine crise des subprimes et tempête des marchés financiers, trouve le loisir de s'absenter du FMI et de traverser l'Atlantique ( à ses frais bien sûr ... ) pour venir débiter des platitudes aux militants. J'aurais cru que d'autres urgences le sollicitaient en ce moment.