Comment Goldman Sachs s’enrichit de la crise des «subprimes»

08/01/2008Par

Quand un acteur de « sitcom » américain fait le travail des journalistes financiers, vous savez qu'il y a un problème avec le « quatrième pouvoir ». 

Certes, Ben Stein n'est pas le pendant masculin de Paris Hilton. Fils de l'économiste conservateur Herbert Stein (de l'école de Chicago), Stein junior a été avocat, porte-plume à la Maison Blanche (sous Nixon et Ford), professeur d'université, même s'il est plus connu du grand public pour ses nombreuses apparitions dans des spots publicitaires et des séries comme « Seinfield ». 

Ben Stein n'est pas non plus le « libéral » (au sens américain du terme) débridé dont on pourrait attendre une charge accablante contre Goldman Sachs and Co., la plus « sang bleu » des grandes banques d'investissement de Wall Street. Il est aux Etats-Unis un des héraults de la cause douteuse du « créationnisme » que la droite religieuse oppose à la théorie de l'évolution de Charles Darwin. Il est aussi « pro-life », c'est-à-dire un adversaire résolu de la légalisation de l'avortement. 

Là où les choses se compliquent, c'est que Ben Stein dispose néanmoins d'une chronique financière régulière dans le supplément du weekend du New York Times. 

Le 2 décembre dernier (oui, le jour même où MediaPart.fr a commencé sa vie en ligne), notre acteur occasionnel y révélait que Goldman Sachs, loin d'avoir perdu sa chemise dans le naufrage des crédits hypothécaires à risque (subprimes), serait un des principaux bénéficiaires de la crise qui secoue la planète financière depuis août dernier. 


 Ben Stein

Non que Goldman Sachs se soit tenue à l'écart de cette activité extrêmement lucrative consistant, comme on le sait maintenant, à « titriser » (transformer en instruments financiers négociables à tout moment) les prêts immobiliers consentis à des ménages américains auxquelles leurs faibles ressources interdisaient l'accès à des crédits classiques (prime). 

Avec ses amis experts financiers, Stein arrive à la conclusion que Goldman a placé ces dernières années, auprès d'investisseurs attirés par les hauts rendements promis, quelque 100 milliards de dollars sous forme de CMO, des obligations convertibles dont les actifs « sous-jacents » étaient précisément des « subprimes ». Ce qui en faisait un des dix premiers acteurs de ce marché. 

Mais, pendant que la main droite de la banque d'affaires faisait la promotion de ces « déchets toxiques » (comme on les qualifie aujourd'hui, mais un peu tard), sa main gauche pariait sur leur baisse, voire leur effondrement. Comment? Par une technique très classique consistant à jouer « court » (short), c'est à dire à vendre à terme un actif dont on pense que la valeur va chuter. Jouer « long » est la démarche inverse: on achète à terme un actif dont on anticipe la hausse. 
 
Les opérateurs financiers disposent de toute une palette d'instruments financiers pour se livrer à ce petit jeu. En l'occurrence, Goldman a « shorté » (en franglais dans le texte) un indice. Massivement. 

« Ce qu'il faut en retenir, écrit Ben Stein en ce 2 décembre, c'est qu'au moment même où Goldman faisait la promotion des CMO, la banque jouait court ce truc pourri dans des proportions titanesques par des ventes d'indice, démontrant à quel point elle considérait comme une abomination le produit qu'elle vendait »... à des tiers.
 
Pratique routinière, selon un porte-parole de Goldman cité par Ben Stein. Rien d'illégal. En effet. « Aider un naïf à se séparer de son argent » est une règle d'or des intermédiaires financiers depuis la nuit des temps. 

  D'ailleurs, le 18 décembre, Goldman publiait pour le quatrième trimestre 2007 des résultats supérieurs aux attentes des analystes. Pour toute l'année 2007, les bénéfices de la firme bondissent de 22%, à 11,6 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaire de 46 milliards, en hausse de 22% également. 
 
Conduit par leur patron Lloyd Blankfein, les « moonistes » de Wall Street (comme les surnomment leurs rivaux moins fortunés) vont aller en riant jusqu'à leur banque déposer des bonus faramineux. Ceci au moment où les firmes rivales, de Citigroup à Merrill Lynch en passant par Morgan Stanley, doivent absorber des pertes énormes et tendre la sébille à des fonds souverains (du Golfe, de Singapour, de la Chine « communiste ») pour reconstituer des fonds propres mis à mal. 
 
Fin de l'histoire? Pas tout à fait. 

Au moment où Goldman Sachs inondait le système financier américain de déchets toxiques, que la crise immobilière a fait remonter à la surface comme après le naufrage d'un porte-conteneurs, son patron était Henry « Hank » Paulson, aujourd'hui secrétaire au Trésor de George Bush. Et par conséquent chargé, en théorie, d'éviter que la crise financière ne se transforme en récession économique aux Etats-Unis. Un pompier pyromane, en somme. 

Sans succès pour le moment, un parlementaire américain a demandé que M. Paulson vienne s'expliquer sur la genèse de la crise devant le Congrès.
 
La vérité, pour qui a regardé l'histoire récente de Goldman, est que la firme a poussé plus loin qu'aucune de ses concurrentes la pratique de ce qui, à une époque désormais lointaine, aurait été qualifié de conflit d'intérêt.

Traditionnellement, les banques d'affaires gagnaient leur vie avec des commissions perçues en contrepartie de services, qu'il s'agisse d'émissions obligataires (pour le compte des gouvernements et des entreprises) ou de conseils en fusions et acquisitions. L'expertise ou les informations dont la banque bénéficiait, elle en faisait profiter ses clients et eux seuls. 
 
Terriblement vieux jeu. Chez Goldman, plus de deux tiers des profits viennent officiellement (beaucoup plus, selon des initiés) des opérations en compte propre. Quand elle monte une transaction pour un client, la firme, s'appuyant sur des capitaux propres très importants pour une société de « conseils », demande désormais sa part. C'est beaucoup plus lucratif. Il est même arrivé que Goldman, dans une affaire d'OPA, mange aux deux râteliers, celui de la cible et celui du prédateur. De terrains de golf en faillite au Japon à une ferme d'éoliennes, la firme investit aussi directement son propre argent, avec des profits substantiels à la clef. 

La justification habituelle, ressortie dans l'affaire des CMO, est que les différentes divisions sont séparées par des « murailles de Chine », tenues ignorantes de ce qui se trame à un autre étage du 85, Broad Street, dans le bas de Manhattan. 
 
Ben Stein n'est pas le premier à manifester sur ce point un grand scepticisme. Dans sa chronique du 2 décembre, il relève que le rapport d'un noir pessimisme sur le marché immobilier américain rédigé par un économiste de haut rang de Goldman, Jan Hatzius, colle trop bien à la stratégie consistant à jouer court les produits dérivés liés à ces actifs. 
 
Le passé de Wall Street ne plaide pas en faveur de Goldman. Personne ne devrait avoir oublié la manière dont les analystes des valeurs Internet décriaient en privé, avant l'éclatement de la bulle, les actions dont ils faisaient la promotion publique au nom de leur employeur, chargé de l'introduction en bourse. 

 « Le surmoi n'existe pas chez Goldman », analyse un ancien haut cadre, qui relève que la firme engage beaucoup d'anciens militaires et des gens qui ont brillé dans les sports collectifs. La sélection naturelle y est brutale. Pas d'héritiers, ou alors ils doivent être aussi brillants que leurs pairs d'origine plus humble. Blankfein lui-même, issu d'un milieu social newyorkais plus que modeste, passé par Harvard grâce aux bourses obtenues au seul mérite, symbolise cette version financière du rêve américain. 
 La firme soigne particulièrement ses relations avec les milieux politiques et les institutions publiques, de Washington à Pékin, de Rome à Paris. En Europe, Goldman a recruté Otmar Issing, ancien économiste en chef de la Banque centrale européenne. Mario Draghi, patron de la Banque d'Italie et qui siège à ce titre au conseil des gouverneurs de la BCE, a travaillé longtemps à Londres pour la firme. 

« J'ai travaillé pour Goldman pendant 25 ans. Quelle meilleure préparation à la vie politique ? », avait remarqué Robert Rubin, débauché pour devenir le deuxième secrétaire au Trésor de Bill Clinton. Son co-président Jon Corzine a utilisé sa fortune pour se faire élire sénateur (démocrate) puis gouverneur de l'Etat du New Jersey.  

Les « alumnis » (anciens « élèves ») de Goldman ont des positions éminentes à la Maison Blanche de Bush, mais aussi dans l'entourage d'Hillary Clinton. Collectivement, les « moonistes de Wall Street » seraient les plus gros contributeurs financiers aux campagnes de Hillary Clinton comme de son rival Barak Obama. 

Alors, des maîtres de l'univers complotant dans l'ombre pour mettre sous tutelle les gouvernements élus ? La vérité est plus terre à terre. Chez Goldman, la couleur qui compte n'est ni le rouge (républicain), ni le bleu (démocrate), c'est le vert. Celle du billet. 

Dans cette crise, le plus choquant est qu'elle se soit construite sur le dos des plus pauvres et qu'à présent ces derniers se retrouvent sans maison et sans avenir...

Il est étonnant que le Congrès, autrefois très entreprenant, n'est pas encore osé constituer une commission d'enquête sur cette crise des subprimes... Le témoignage de Henry Paulson serait pourtant très intéressant, à moins qu'il ne répète une infinité de fois :" I don't have any recollection of this event..." tel son ancien confrère Alberto Gonzales...

Quoiqu'il en soit, il est triste de voir que le Congrès n'ose plus enquêter comme il le faisait par le passé.
A une autre époque, Nixon avait subi une procédure d'impeachment pour avoir effectué une écoute téléphonique contre un rival politique.
Aujourd'hui, sans que le Congrès ne bronche, Bush et Cheney :
- ont été elus en 2000 grace à la Cour Suprème, pro-Républicaine à l'époque et encore aujourd'hui, à la suite de grandes irrégularités dans le comptage des votes.
- ont ordonné la mise sur écoute téléphonique de centaines de milliers d'américains
- ont viré des juges fédéraux car ils n'étaient pas assez dociles
- ont balancé à des journalistes l'identité d'un agent de la CIA, Valerie Plame, qui était en fait la femme d'un diplomate qui avait effectué un rapport certifiant que l'Irak n'avait pas acheté d'uranimum en Afrique. Le seul mis en cause dans cette affaire fut amnistié par Bush...!
- ont menti en affirmant que l'Irak détenait des armes de destructions massives et avait des liens avec Al-Quaïda.
- ont autorisé la CIA a torturé des prisonniers de guerre en renvoyant la Convention de Genèves aux oubliettes. Puis ils ont autorisé la CIA à détruire les vidéos de ces tortures alors qu'une commission d'enquête avait demandé ce type de preuve.
- ont été incapables de gérer la crise à la Nouvelle-Orléans. A lui tout seul ce fiasco aurait mérité une préocédure d'impeachment.

Et notez bien que je ne parle pas même pas d'impeachment, mais juste de procédure d'impeachment... Le Congrès américain n'est plus ce qu'il était, tout comme les politiciens américains.

Fin de l'histoire? Toujours pas. Blankfein vient de s'adjuger le plus gros bonus annuel de l'histoire de Wall Street: 50,4 millions de dlrs. Onze autres cadres dirigeants de Goldman se sont partagés eux une cagnotte de plus de ...150 millions de dollars!

Ben vi, cher Philippe Riès, la seule couleur qui intéresse les banques est le vert. Je ne vois rien de mal à cela. D'ailleurs, le mal n'est pas une notion financière.

Pour être complet, il faut ajouter que si cette crise prévue par la Goldman n'avait pas en réalité eu lieu, cette banque aurait peut-être, pour ne pas dire sûrement, fait de plus gros bénéfices.

Conclusion: Goldman Sachs and Co. est une excellente banque d'investissement qui réussit à maximiser ses profits et à minimiser ses pertes en toute occasion.

Ce qui n'a pas été le cas de toutes les banques dans cette crise...

Cher Franade,
Cette crise a eu lieu (avec des si...) notamment parce que Goldman, Sachs et ses consoeurs ont utilisé ces produits dérivés avec un énorme effet de levier (nous y reviendrons certainement). Goldman a bien joué, cette fois-ci. Cela n'a pas toujours été le cas dans le passé, et ne le sera pas nécessairement dans l'avenir.
C'est vous qui évoquez les notions de bien et mal. C'est au client de décider s'il accepte que sa banque conseil soit juge et partie.
Dans l'affaire retentissante CNOOC/Unocal, Goldman avait, entre autres choses, sérieusement sous-estimé le risque politique aux Etats-Unis pour son client chinois, avec le résultat que l'on sait. Nul n'est parfait.

Cher Philippe Riès,
D'après ce que j'en ai compris, les causes de cette crise sont plus à rechercher dans des facteurs économiques conjoncturels que dans la gestion bancaire de produits financiers.

J'avoue que votre article me met mal à l'aise pour des raisons assez identiques à celles de Gilles Garcia dans son commentaires: j'ai effectivement évoqué la notion de mal mais, à l'intérieur de votre article, on trouve des termes comme "déchets toxiques", "absence de surmoi chez Goldman", etc. dont la référence morale est indéniable et dont on ne sait s'ils sont issus de la plume de Stein ou de la vôtre. J'ajoute qu'il n'est pas étonnant pour moi de ne pas trouver d'article dans la presse financière américaine sur ces bons résultats de Goldman tout simplement parce que porter la suspicion sur une réussite financière, y compris exceptionnelle parce que dans la tourmente générale, d'une entreprise ou d'une personnalité est un mal (décidément...) purement français.

Nul n'est certes parfait. Aucune banque ne l'est assez pour avoir la certitude a priori que les produits qu'elle propose à ses clients sont des déchets toxiques ou pour provoquer une crise dans le but de s'en mettre plein les fouilles.

Goldman a joué mieux que les autres sur ce coup. C'est, pour moi, uniquement signe de son professionalisme.

Bonjour,

Certe Goldman à sa part de responsabilité dans la commercialisation de ces produits tout comme les autres banques.

Mais quid de la responsabilité des particulier américains empruntant au delà du raisonnable et des acheteurs de ces dettes titrisées (fonds d'investissements, banques ...) ? J'imagine qu'il y a encore toute se série d'intermédiaire, d'autorités de contrôles de limite et 'qualité' d'investissement des organismes financier ? J'ai quand même l'impression qu'il s'agit de produit et d'un système en place de longue date et un peu partout vu son ampleur, non ?

En dehors de toute considération morale pouvons nous considérer que Goldman Sachs à été moins bête que les autres et, au final, plus professionnel ?

Merci pour vos avis et éclaircissements

il est vrai que le lion est plus performant que la gazelle.

Cher Meta,
Le marché ne pouvant fonctionner sans une régulation appropriée, une crise financière d'une telle ampleur implique toujours une défaillance majeure des autorités de surveillance. En l'occurence, celle de la Réserve fédérale américaine et de son ancien président, Alan Greenspan, pourtant mis en garde directement et personnellement, comme on le sait maintenant.
A ce propos, on chercherait en vain un examen de conscience chez les nombreux journalistes, de ce côté ci de l'Atlantique également, qui ont littéralement encensé le "maestro" Greenspan pendant tant d'années. Mais nous sommes loin d'en avoir fini avec "l'héritage" de ce personnage. Tout espoir n'est donc pas perdu.

Cher Philippe Riès,

Votre article m'a laissé un curieux sentiment d'insatisfaction, en dépit de l'intérêt de l'exposé de la stratégie de Goldman Sachs que vous rapportez.

En effet, vous l'ouvrez en annonçant un problème avec le "quatrième pouvoir" et en pointant le caractère "multicarte" de Ben Stein : acteur de sitcoms et de spots publicitaires, plume de la Maison Blanche, journaliste financier... C'est donc sur ce terrain-là que j'attendais la suite : d'où parle ce Ben Stein, pourquoi maintenant, pourquoi a-t-il pris Goldman Sachs dans son collimateur, etc. ?

Mais finalement, l'essentiel de votre article est (me semble-t-il, mais reprenez-moi si je me trompe) une reprise des faits exposés par Ben Stein pour le supplément du NYT. J'ai failli écrire : une reprise non critique, mais je me suis censuré, parce qu'au fond je n'en sais rien. Et c'est sans doute là le problème ; je ne sais plus très bien qui parle : vous ou Ben Stein ?

Que les faits rapportés, s'ils sont avérés, soient particulièrement intéressants est une chose, mais ce n'est pas à cela que je m'attendais, pas seulement en tout cas, et ce n'est pas à cela que m'avait préparé l'introduction de votre article.

Je reste donc sur ma soif quant au problème avec le "quatrième pouvoir". Mais peut-être ai-je mal lu ? Une "explication de texte" serait donc bienvenue, et c'est tout le charme de Mediapart de permettre ce genre d'exercice.

Merci d'avance !

Cher Gilles Garcia (et cher Franade),
Pourquoi et comment Goldman, Sachs détonne-t-elle dans le paysage sinistré de Wall Street? C'est cette question qui aurait dû logiquement dominer le traitement par la presse des résultats trimestriels et annuels de la firme. Ce ne fut pas le cas, ou si peu, en dépit de la piste ouverte par Ben Stein. Voila le problème avec le "quatrième pouvoir" (avec guillemets).
Pourquoi est-ce si important ? Parce que le comportement des intermédiaires financiers est une pièce essentielle de tout mécanisme de crise. Souvenons-nous de la faillite de Peregrine au début de la crise asiatique ou du rôle des analystes dans la création de la bulle internet. Or, cette crise n'est pas du tout la simple conséquence d'un retournement conjoncturel du marché immobilier américain. Comment d'un incident sectoriel est-on passé à une crise bancaire majeure, d'abord de liquidité puis de solvabilité? En raison des pratiques consistant à créer hors bilan des véhicules financiers intégrant des produits de qualité très variable, avec un énorme effet de levier considérable (de 1 à 30, 50, 70 voire plus) et à les vendre, comme des placements de père de famille, à des investisseurs peu avertis. Effet de levier qui augmente les profits lorsque les prix des actifs dits "sous-jacents" sont en hausse mais gonfle les pertes de manière exponentielle quand ils se mettent à baisser. Cette pratique, déjà au coeur de la faillite du fond LTCM en 1998, n'était évidemment pas limitée au seul secteur des "subprimes".
Sauf le respect que je dois à Ben Stein, l'expert financier, j'estime que l'indifférence à la notion même de conflit d'intérêt dans la sphère financière va très au delà de la crise actuelle. Elle explique la mutation de Goldman, Sachs et son indéniable succès, jusqu'à ce jour. Fin de l'histoire? Assurément non.

Merci pour la célérité de votre réponse, et l'éclairage qu'elle apporte. J'avais mal interprété la première phrase de votre article, pensant que le problème avec le "quatrième pouvoir" était situé du côté de Ben Stein et non a contrario, comme vous venez de me le faire comprendre, du côté du silence de ses confrères journalistes financiers. Autant pour moi ! Et à suivre...

PS : l'interactivité annoncée de Mediapart fonctionne, et c'est réjouissant. J'espère que cela perdurera avec la croissance du lectorat et du volume de commentaires.

Cher Philippe Riès,
Si je vous comprends bien, ce que vous cherchez à dénoncer, c'est à la fois la titrisation et la trop grande spécialisation de certaines banques dans des secteurs ou des produits à haut risque ?

J'avoue que j'ai toujours du mal à vous suivre: que les bons résultats de Goldman à l'issue de cette crise soient liés à un transfert de risques me paraît évident, et je ne vois pas l'intérêt pour la presse financière américaine d'en faire ses gros titres. D'autre part, je doute que les investisseurs qui s'adressent à Goldman soient a priori
aussi peu avertis que vous semblez l'affirmer, et quand bien même, cette crise aura au moins l'effet de forger leur caractère. Enfin, il est clair que c'est bien le défaut de paiement des emprunteurs sur le marché des "subprimes" et la baisse du marché immobilier américain qui sont à la base de cette crise financière, et pour répondre à votre question, on passe de l'un à l'autre par une "simple" crise de confiance généralisée.

J'ajoute que les régulations a posteriori des marchés financiers permettent uniquement d'éviter les crises déjà passées et sont peut-être même à la base des comportements que vous dénoncez dans les tentatives toujours plus ingénieuses de maximiser le profit tout en contournant (ou même en respectant) ces règles.

Et je conclus en vous disant, cher Philippe Riès, que l'efficience des marchés des capitaux transcende (fort heureusement) les comportements de ses acteurs, que les profits liés à la spéculation ne l'entament en rien et qu'il est donc économiquement vain d'exiger une conduite responsable, un effort patriotique, que sais-je encore ? de la part de Goldman et de ses concurrents, ou un retour salvateur au capitalisme à papa.

"Goldman mange aux deux râteliers"... je me suis abonné pour un an, ce n'est pas pour lire des articles redigés comme des commentaires ou un article de Marianne

par contre, M. Ries, j'ai réellement apprécié le fond de l'article. je n'avais pas lu de telle analyse dans d'autres medias pour l'instant!

cordialement