Quand Bercy enjolive les chiffres du pouvoir d’achat

06/02/2008Par

Voulu par le gouvernement, le débat sur les statistiques rendant compte des évolutions du pouvoir d’achat commence mal. L’opération vérité promise par le gouvernement via la mise en œuvre de nouveaux indicateurs débute par un faux-pas.

 
La commission Quinet, du nom de cet ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, a rendu mardi son rapport commandé par le ministère des Finances sur la « mesure du pouvoir d'achat des ménages ». Le rapport a été présenté mercredi matin 6 février par Christine Lagarde. Mais, derrière ce battage organisé sur la mise en place de nouveaux instruments « permettant de mieux rendre compte de l’évolution des niveaux de vie et des modes de consommation », se cache une dissimulation aussi croustillante qu’ironique.

Ainsi, la version finale de l’étude (disponible en PDF en cliquant ici) a modifié les tableaux de l'évolution du pouvoir d'achat ces quarante dernières années. Dans la première version, appelée “document de travail” et ébauchée par les membres de la commission, les chiffres ne sont pas les mêmes, se rapportant à des périodes de référence différentes. Ainsi, dans le document de travail, ces chiffres fournis par l’Insee font apparaître que "le niveau de vie libéré" était de 2,5% entre 1998 et 2002. Contre 0,6 entre 2003 et 2006.

Voici ce qu’on trouve à la page 6 de la fiche 2 du document de travail, qui a circulé dans les grandes directions du ministère des Finances et que nous avons consulté.

 

(en %)

1960-1973

1974-2006

1998-2002

2003-2006

Pouvoir d’achat

5,9

2,1

3,4

1,9

Pouvoir d’achat libéré

5,7

1,8

3,2

1,5

Niveau de vie

4,6

1,3

2,6

0,9

Niveau de vie libéré

4,5

1,0

2,5

0,6

Source : INSEE

 

Dans la deuxième version, on retrouve aux pages 15 et 44 le même tableau, mais le "niveau de vie libéré" est devenu "pouvoir d'achat libéré par unité de consommation" (nouvel indicateur préconisé par la commission)  et les périodes de référence ont changé: seul est indiqué le chiffre de 2006 (+1,2%), comparé à la période 1974-2006 (+1,0%).

 

Au passage, la forte hausse enregistrée de 1998 à 2002 -à l'époque du gouvernement de Lionel Jospin- est effacée. Certes, ce bilan flatteur pour la gauche s’explique par la période de très forte croissance (la croissance du PIB a ainsi oscillé de 2,2% en 1997 à 3,9% en 2000, contre 1,1% en 2003 et 2% en 2006). Mais ce tour de passe-passe tend tout de même à masquer les difficultés rencontrées aujourd’hui. La hausse infime présentée dans le premier tableau pour 2003-2006 (+0,6%) disparaît au profit d’un chiffre un peu plus présentable

 

En résumé, Bercy omet de détailler dans sa version finale la récente évolution du pouvoir d’achat, pour le moins embarrassante. Tout au long de la campagne présidentielle, le candidat Nicolas Sarkozy avait répété à l’envi qu’il serait, en cas de victoire, le « président du pouvoir d’achat ». Si les milieux les plus aisés ont profité des largesses du « paquet fiscal », les salariés eux ont été soumis au régime de la rigueur : le gouvernement a rejeté tout « coup de pouce » en faveur du Smic et n’a consenti qu’après de très longs mois une hausse indiciaire modeste des salaires publics. En bref, aucune mesure directe en faveur du pouvoir d’achat n’a été prise ; juste des mesures indirectes (« monétisation » des RTT, déblocage anticipé des plans d’épargne d’entreprise…) dont l’effet économique est incertain.

 

Or, au fil des mois, cette équation politico-économique du pouvoir d’achat s’est compliquée encore sous le coup de la dégradation de l’environnement international. La dernière note de conjoncture de l’Insee , publiée mi-décembre, en porte clairement la trace : le pouvoir d’achat (du revenu disponible brut) des ménages devrait être en brutale décélération à +0,6% au premier semestre 2008, après +3,3% en 2007. Contacté à plusieurs reprises, le service de presse de Christine Lagarde n'avait pas fait suite, lors de la mise en ligne de cet article, à notre demande d'entrer en contact avec Alain Quinet.

Que ce soient les chiffres de la croissance ou du pouvoir d'achat, Christine Lagarde et le gouvernement nous mentent en permanence!
Par exemple pour la croissance, Lagarde et Fillon continuent d'affirmer qu'elle sera comprise entre 2 et 2.5%.

Mme Lagarde était peut-être une avocate d'affaires à la hauteur mais c'est sûrement un bien piètre ministre des finances, sans aucun doute le plus minable de la Vème. L'avocaillon de l'Elysée a dû être impressionné par le fait qu'elle était à la tête d'un cabinet anglo-saxon et Sarkozy le "ricain" en était bluffé (il l'est d'ailleurs par pas grand chose : rolex, ray-ban, prada, etc). Mais mme Lagarde de bourdes en ignorances crasses, de réflexions imbéciles en provocations sectaires a montré toute l'étendue de sa nullité tant économique que politique. Alors un bidouillage de statistiques, ce n'est sans doute pas pour lui faire peur et lui permet en celà de rejoindre sa consoeur Dati, experte elle en enjolivement de C.V.
Quelle équipe !!!!

Olivier, 38 ans, vivant à Francfort

Il faudrait faire 2 tableaux :
* un pour les salariés
* un pour les rentiers, c'est à dire ceux qui tirent la plus grande partie de leur revenus de leur capital (le plus souvent hérité de leurs parents)
On verrait alors où va la richesse créée en France.

A médiapart : merci de lire l'article du Monde Diplomatique de janvier, page 3: "Débat français sur le pouvoir d'achat, partage des richesses, la question taboue".
LA PART DES SALAIRES DANS LE PIB A BAISSE DE 9,3% EN VINGT ANS.
Ces 12 mots expliquent tout, mais ne semblent intéresser personne. INCROYABLE.

Pourquoi ce 9,3% est il systématiquement ignoré par les journalistes et la majorité des hommes politiques. Seul Besancennot s'en saisit. On peut pourtant discuter de la répartition des richesses sans être traité de Marxiste, non??

Quand on a des déficits jumeaux (budgétaire et commercial) de plusieurs dizaines de milliards d'euros, qui battent des records, on ne peut qu'en conclure que la France et les Français vivent non pas en-dessous mais au-dessus de leurs moyens.

Le pouvoir d'achat baissera, à moins que par un surcroît de travail ou de productivité les Français financent l'augmentation du pouvoir d'achat qu'ils appellent de leurs voeux.

Ca ne fait pas plaisir, mais c'est un constat économique objectif.

Résignation ? Certainement pas. Ce constat effectué, il faut définir les voies et moyens de l'augmentation de la quantité de travail ou de sa productivité : investissement des entreprises, investissement dans l'éducation et l'enseignement supérieur, développement des exportations des PME, etc.

Et si on importait justement parce qu'on n'a plus les moyens d'acheter la qualité française? Et si le niveau très élevé de l'euro nous portait préjudice?

De toute façon, si on veut demander plus aux salariés, il faudra bien les inciter avec quelque chose.

Quant aux "constats économiques objectifs", ils n'existent pas. C'est comme si on parlait des bienfaits de l'automobile sans prendre en compte son impact environnemental. En pure objectivité économique, votre constat se tient. Mais la pure objectivité économique est obsolète et ne tient pas compte de l'humain. Et l'humain pour vivre a besoin de ne pas se sentir laissé pour compte, et perpétuellement humilié par celui à qui il vend son travail. Ce qui est malheureusement trop le cas aujourd'hui.

En définitive, le mot "constat économique objectif" est devenu un gros mot: c'est toujours le prétexte des riches pour appauvrir les pauvres. Désolé d'être aussi Zola, mais le monde fonctionne en partie comme ça.

Je pense que, dès lors que vous abordez un sujet économique, les éléments du débat doivent être aisément compréhensibles par ceux qui n'ont pas une culture de l'économie .
Peut-être, pour certain sujet, une écriture plus accessible.
L' argumentaire pour construire votre point de vue, devrait être plus transparent dans sa conclusion. Il vous faut sortir du travail de spécialiste pour donner à comprendre de façon pédagogique la réalité que vous souhaitiez faire apparaître par votre travail .
L'économie ,sujet très important, devrait être traité de manière plus didactique . Tous les sujets mis en ligne sur le site, sont censés donner une information, celle-ci doit être facilement mémorisable pour tout lambda comme je suis. Très amicalement crubine