Audiovisuel public: « Tout est discutable » selon Henri Guaino

27/01/2008Par

A l’orée d’une semaine décisive pour l’avenir de France Télévision puisque certaines arbitrages concernant la suppression de la publicité devraient intervenir dans les prochains jours, Henri Guaino, invité dimanche soir du « Grand Jury » sur RTL, est revenu sur le dossier de France 3 que nous révélions vendredi

A la question de savoir si le gouvernement envisageait de remettre en cause les deux rédactions et les unités de production (locale et nationale) de la chaîne, le conseiller du président de la République a précisé qu’il fallait prendre le temps d’en discuter mais que « tout çà sera sur la table ». Il n’a pas dévoilé le calendrier, ni l’intention de Nicolas Sarkozy concernant le démantèlement des rédactions de la 3 en région et la constitution de société d’économie mixte avec les journaux de la presse écrite et les collectivités locales mais cette déclaration confirme ce que nous écrivions vendredi. Un projet de ce type est dans les tuyaux. «  Tout est discutable » a-t-il insisté. Reste à savoir si le vieux serpent de mer d’une refonte des deux rédactions de la 2 et de la 3 (nationale) va ressurgir à l’occasion de cette réforme.

Avant cette déclaration, le SNJ de F3 avait réagi en demandant à l’Elysée  «  de faire instamment toute la lumière sur les négociations en cours et les enjeux qui en découlent pour l’avenir de la chaîne ». Pas sûr qu’il soit rassuré. Il y a 1200 journalistes à France 3, dont 120 pour la rédaction nationale. Il existe six unités de productions dans les 13 régions. Que va-t-il advenir ? La direction de France Télévision a qualifié d’ « hautement fantaisistes » nos informations, s’appuyant sur le fait qu’à plusieurs reprises, les pouvoirs publics ont réaffirmé que le périmètre du service public ne serait pas touché. Point que le conseiller de Nicolas Sarkozy a réitéré hier. Mais peut-on supprimer la pub sans toucher le sacro-saint périmètre ?  La direction de France Télévisions - par ailleurs envoyée dans les cordes par Henri Guaino hier soir - feint de croire que l’état actuel de la structure n’est pas sur la sellette depuis longtemps. La participation de la presse quotidienne régionale (PQR) dans la 3 est un projet qui court depuis 1986. Quant à refonte des rédactions de la 2 et la 3, elle revient épisodiquement depuis des lustres.

 

Par ailleurs, Henri Guaino a annoncé deux choses importantes. Un : la redevance n’augmentera pas (et il faudra trouver un milliard d’euros pour compenser le manque à gagner de la disparition de la pub et donc taxer). Deux: aucune chaîne ne sera privatisée. Ce dernier point est évidemment fondamental. Le bruit avait couru au moment de l’annonce d’un cadeau du Président à ses amis Bouygues et Bolloré et la possibilité pour l’homme d’affaires breton de récupérer France 2. Il semble que ce ne sera pas le cas. 

 

Mercredi, comme tous les mercredis dorénavant, une réunion aura lieu entre la tutelle et les patrons de France télévision ainsi que ceux des chaînes qui la constituent. A suivre.

 

En savoir plus:
Nos informations de vendredi: L'Elysée discute avec la presse régionale du démantèlement de France 3


J'ai de sérieux doutes quant à la validité de votre information selon laquelle L’Elysée discute avec la presse régionale du démantèlement de France 3 .
Le projet est en lui -même peu crédible, ne nombreux titres de la PQR étant d'ors et déjà impliqués dans des TV locales, avec des investissements nettement moins importants que ceux qu'exigeraient d'eux une éventuelle reprise des stations F3 régionales. L'association de quotidiens régionaux avec des collectivités locales est totalement inimaginable, et quand bien même les acteurs en auraient la volonté (ce dont je doute tant leurs intérêts divergent), un tel mariage se heurterait au droit national et communautaire.
De manière plus pragmatique, compte tenu du conflit qui en découlerait, de l'attachement des français à leur TV régionale, de la probable défiance des élus locaux à l'égard de l'atteinte au pluralisme qui en résulterait, c'est un projet bien trop dangereux pour l'Elysée, qui a si peu à y gagner.

Votre "information" a été fermement démentie tout au long de la journée, aussi bien par l'Elysée que par Matignon ou les représentants de la PQR... Vous ne citez aucune source, considérez qu'un tout sera sur la table de Guaino vaut confirmation, tout cela est un peu léger, et tient plus au final de la rumeur que de l'information.
En êtes vous à l'origine, ou vous a-t-on utilisés? Dans ce cas, qui? Et dans les deux cas, pourquoi?
Opération de déstabilisation de FTV à un moment où elle est particulièrement fragile?
Tentative de forcer l'Elysée à prendre des engagements clairs et fermes sur l'avenir du service public?
C'est le problème avec la rumeur, on ne voit pas toujours très bien ce qu'elle vise, on sait par contre qu'elle devient vite incontrôlable, et se retourne parfois contre ceux qui en sont à l'origine.

Bonjour,
Totalement d'accord avec votre dernier paragraphe. Nous avions discuté de ce point avant de publier. Le fait que nos sources soient politiquement, professionellement dans des situations très différentes ( voire contradictoires) nous a paru rassurant. Nous savions aussi la fragilisation de FTV après les démélés de son président avec le pouvoir en place et , en interne, aprés les voeux de ce dernier au personnel et l'annonce faite par lui ( pas par MediaPart) d'un probable toilletage juridique de la structure pour 2008( je ne me souviens plus exactement de la formule mais les syndicats l'ont retenue). La fronde sociale menace, convenons que MédiaPart n'a rien arrangé ( dont acte) mais ce n'était pas notre affaire.
Sur le fond en revanche, je ne comprends pas trés bien vos doutes. L'idée d'intégrer peu ou prou la PQR à la confection des journaux télévisés régionaux est aussi vieille que le PAF ( pardon le PALocal). D'ailleurs, elle est largement en oeuvre dans la réalité! Si le SPQR a officiellement démenti être intéressé pour le moment, il ne faudra pas attendre longtemps pour s'apercevoir du contraire. Pour une raison simple: il ne peut pas ne pas s'intéresser à ce qui se passe dans le service public. A la grande différence de la presse nationale, la presse régionale a investi la télévisison. Sur l'analogique comme sur le numérique, elle est présente et continue de renforcer ses positions. Idem sur l'ADSL. Quand vous voyez ses difficultés financières et éditoriales à faire vivre ces chaïnes, vous vous dites que seule une sortie par le haut, c'est à dire par une extension de la diffusion et des moyens, permettra de péréniser le réseau. Le problème n'en sera pas réglé pour autant. Une des raisons qui explique la grande misère des contenus actuels ( rédactionnels et production) tient à l'incapacité des entités locales à échanger leur contenu. Demandez aux responsables de Syn TV par exemple ce qu'ils pensent des bisbilles entre ces chaînes détenues par la PQR et de la difficulté à faire chez nous ce qui se fait aux US, en Italie ou en Espagne... c'est à dire de la syndication.
Quant au démenti de l'Elysée, il est intervenu aprés trois jours et la levée de boucliers à F3. On pourrait au contraire faire reproche aux conseillers de Nicolas Sarkozy de ne pas suivre toutes les pistes. MédiaPart n'a jamais dit que c'était la seule. Nous avons même écrit le contraire.
On en reparlera après les municipales. Peut-être avant.