Des hommes politiques de droite et de gauche soutiennent MediaPart

17/01/2008Par

Dès l'ouverture de ce pré-site, le 2 décembre, nous avions fait part de notre intention d'interpeller les responsables politiques sur l'état de l'information dans notre pays. Certains d'entre vous ont critiqué cette démarche. Pourquoi donc aller chercher des soutiens politiques au moment où l'ambition première de notre projet est d'affirmer un journalisme pleinement indépendant? Nous ne cherchons pas des soutiens. Mais nous souhaitons simplement que nos élus s'expriment sur la crise grave qui frappe aujourd'hui les principaux moyens d'information. La bataille pour le contrôle du quotidien Le Monde, qui fait suite au rachat des Echos par Bernard Arnault, suffit amplement à démontrer l'urgence de la situation. C'est aussi cette urgence qui nous a conduit à lancer MediaPart.

Après Ségolène Royal en décembre, puis François Bayrou la semaine dernière, plusieurs députés socialistes ou proches de Dominique de Villepin déclarent aujourd'hui soutenir notre initiative : François Hollande, Arnaud Montebourg, mais aussi les villepinistes François Goulard et Jacques Le Guen s'alarment des connivences entre patrons de journaux et pouvoir politique. (Voir les vidéos)

A l'Assemblée nationale, des députés s'inquiètent de la crise d'indépendance de la presse

Devant les menaces qui pèsent sur l’indépendance de la presse, les députés commencent à se mobiliser. La mainmise d’industriels proches du pouvoir sur des journaux à grand tirage (Serge Dassault au Figaro, Bernard Arnault aux Echos, Arnaud Lagardèreà Paris-Match, Vincent Bolloré à Direct-Soir) fait désormais grincer l’hémicycle –en tout cas les bancs de gauche, du centre et les strapontins villepinistes. Initiée durant la campagne présidentielle par un François Bayrou plutôt esseulé, la critique d’un système médiatique mis au service de Nicolas Sarkozy s’amplifie.

« Je n’avais pas pris conscience du danger, glisse le député UMP François Goulard (Morbihan), fidèle de Dominique de Villepin. Mais depuis peu, certaines dérives me sautent aux yeux ». Son collègue Jacques Le Guen (Finistère), également proche de l’ancien Premier ministre, assène notamment, à propos du Figaro : « C’est devenu la Pravdala voix officielle de l’Elysée ! ». Plus que jamais, dans les couloirs du Palais Bourbon, les élus raillent les journalistes, gratte-papier présumés cornaqués ; le 10 janvier dernier, lors de ses vœux, François Hollande a ainsi lancé : « Méfiez-vous ! Il [Nicolas Sarkozy] va bientôt s’inviter chez vous, dans vos rédactions, peut-être même à votre domicile ! ». Hier, alors que le groupe d’études sur la presse (55 députés), se réunissait pour la première fois depuis le début de la législature, l’avenir du Monde était sur toutes les lèvres, le quotidien subissant actuellement les manœuvres d’Arnaud Lagardère. « Il a longtemps été difficile pour un homme politique de faire intrusion dans ce secteur, mais il y a maintenant urgence », résume le socialiste Arnaud Montebourg (Saône-et-Loire).

 

A l’origine du mal, le député Jean-Christophe Lagarde (Nouveau centre, Seine-Saint-Denis), ex-UDF rallié à la majorité, pointe une « spécificité française aberrante » : « Les patrons qui investissent dans la presse dirigent des groupes industriels vivant des commandes de l’Etat. Ils n’achètent pas des médias par vocation, mais pour obtenir des moyens de pression sur les décideurs politiques. En échange d’articles bienveillants, ils escomptent des attributions de marchés publics. Pour une rédaction qui résiste, combien cèdent à ces interventionnistes ? ». Dans sa ligne de mire : la censure d’un article du Journal du dimanche (propriété du groupe Lagardère), révélant que Cécilia Sarkozy n’avait pas voté au second tour de la présidentielle ; ou la publication d’un édito de Serge Dassault à la Une du Figaro, qui congratulait le « dynamique et courageux » chef de l’Etat. Jean-Christophe Lagarde a ainsi dégainé, à l’automne dernier, une proposition de loi visant, entre autres, à prohiber la détention « d’une fraction significative d’une entreprise de presse, de radio ou de télévision par une personne morale ou physique dont l’activité dépend de commandes publiques ». Une initiative illico enterrée. « C’était une bonne idée, considère Jean-Pierre Grand, villepiniste fraîchement suspendu de l’UMP. Mais comment la soutenir sans être ensuite maltraité par des journaux influents ? »

 

Pour embrayer, plusieurs députés socialistes mijotent une proposition de loi « plus pragmatique » : « Le bon levier, c’est le renforcement du statut des journalistes, estime Michel Françaix (PS, Oise), chargé de composer ce texte, déposé dans les prochains mois. Il faudrait, dans tous les médias, rendre l’existence d’une société des rédacteurs obligatoire, susceptible de jouer les contre-pouvoirs ». Comme nombre de titres (Le MondeLe Point, Le Figaro…) en disposent déjà, l’élu envisage une seconde mesure, plus hardie : « Pourquoi ne pas donner un droit de veto aux rédactions et permettre que 3/5ème des journalistes puissent s’opposer à la nomination de leur directeur, voire à l’arrivée d’un nouvel actionnaire ? » Michel Françaix renvoie au récent rachat des Echos par LVMH, le groupe de luxe de Bernard Arnault, intime de Nicolas Sarkozy et témoin de son deuxième mariage…

Mais cette « agitation »« ce brouhaha » autour de l’indépendance de la presse, agace le gros des troupes UMP, qui juge son autonomie globalement assurée. Ainsi Frédéric Lefebvre, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, devenu député des Hauts-de-Seine et co-président d’un club parlementaire sur l’avenir des médias (où 80 élus de tout bord côtoient les émissaires de Bouygues ou Endemol), « rappelle qu’il n’y a pas un jour sans qu’une info gênante pour l’Elysée soit publiée. Cette suspicion à l’égard de ceux qui veulent bien investir dans le secteur est franchement déplacée ; que je sache, c’est bien un financier [Edouard de Rothschild] qui a sauvé Libération, sans que j’aie pu constater de basculement à droite des articles ! Les journalistes devraient plutôt s’interroger sur leur dépendance à l’égard de la pub... »

Le jeune député de la Marne Benoist Apparu, en pleine ascension au sein du groupe UMP, résume ainsi l’opinion dominante chez ses camarades : « Savoir qui est propriétaire de quoi, j’en ai rien à cirer ! Tant qu'il existe des journaux de gauche, je trouve ce débat totalement hypocrite. Pour se développer, ou tout simplement survivre, la presse doit se plier aux règles du capitalisme financier ». Interrogé sur le licenciement du directeur de Paris-Match en 2006, sanctionné par le groupe Lagardère pour avoir publié un cliché de Cécilia Sarkozy en compagnie de son amant, Benoist Apparu déplore l’épisode, mais relativise : « Les journalistes s’en sont émus publiquement, démontrant leur capacité à gueuler, à répliquer ; les garde-fous fonctionnent ».

Dans les prochaines semaines, la majorité parlementaire devrait tout de même annoncer des Etats généraux de la presse, un nouveau « Grenelle » : « Sur un sujet qui gratte, on ne veut pas laisser l’initiative au PS », confie l’un des spécialistes des médias à l’UMP, Christian Kert (Bouches-du-Rhône). Les débats se concentreront sur les aides directes de l’Etat aux publications (environ 440 millions budgétés en 2008), jadis créées pour fortifier l’indépendance des titres, mais aujourd’hui estampillées contre-productives par nombre de députés libéraux…
 

 

Avec Frédéric Lefebvre
- "Les journalistes devraient plutôt s’interroger sur leur dépendance à l’égard de la pub" -
je voudrais moi aussi profiter de cet article pour faire part de ma plus grande inquiétude en tant que lecteur, auditeur, téléspectateur.

Bien sûr je suis tout à fait d'accord avec la question de la mainmise sur la presse par les financiers, avec l'aide et la complicité incroyablement antidémocratique du président de la république lui-même, mais ma plus grande inquiétude n'est pas là.

Ma plus grande inquiétude, c'est vous-mêmes, journalistes, c'est ce que vous, vous avez fait pour qu'on en arrive à cette crise. Je veux bien vous accorder toutes les excuses, je reconnais volontiers votre impuissance à lutter à contre-courant dans un système où tout est fait pour que vous choisissiez la facilité et abandonniez votre amour du travail vrai et bien fait, mais s'il vous plait:
Ne perdez pas de vue ce que vous, vous devez changer en vous-mêmes, ce que vous, vous vous êtes laissés allés à accepter, ce à quoi vous avez contribué.

Pour votre propre salut, qui conditionne le nôtre lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, le meilleur moyen, c'est de se remettre en question soi-même.
C'est plus efficace que toutes les autres luttes et dénonciations dont, par ailleurs, nous avons besoin aussi.

Car mon sentiment profond général sur la crise de la presse, basé non sur la seule française mais sur mon assiduité quotidienne également à d'autres médias anglophones et finnophones, c'est que vous vous êtes transformés vous aussi comme le reste de cette société de consommation frénétique, en entreprises commerciales, dans un esprit de marchandisation de l'information. Au lieu de faire du journalisme, vous avez transformé dans l'esprit, toute la société, le monde entier même, tous les événements, des campagnes aux tsunamis aux guerres aux pédophiles etc etc etc, en un système géant de feuilletons, et même pas à suspens, non, plutôt le type série américaine, addictif et décervelant.
Tout un système dans lequel il ne sert à rien d'être un grand professionnel, au contraire: il vaut mieux ne pas être trop bon, mais savoir rester dans la non-info répétitive, et aussi construire tout un univers dans lequel les "consommateurs de la marchandise Info" se sont enfermés aussi, satisfaits de leur léthargie comme devant leur série américaine quotidienne.

Si vous avez la patience de lire ma prose maladroite et lourde, voyez cet exemple développé de ce que je pense de votre culpabilité dans le formatage des esprits des Français pendant la campagne présidentielle:
1- médias.
http://www.bayrou.fr/contributions/4658e807-7bb8-3e04-9d38-e3481818532e
2- médias. débats TV: "la grande finale sponsorisée"
http://www.bayrou.fr/contributions/b14b2c70-9997-37a8-8b92-a0b442ebed8b
3- médias. Débat, suite: le travail des journalistes
http://www.bayrou.fr/contributions/444a409c-7674-3268-8867-9734fd3c18f8
(précision: si vous n'aimez pas Bayrou, branchez votre filtre anti-orange car je suis gravement atteint, comme vous pourrez le constater :-))

Pardonnez la brutalité, en fait je me la permets avec vous car je vous fais confiance pour avoir déjà réfléchi à tout cela mieux que moi, et déjà pris le risque de vous remettre en question, retrouvé une nouvelle jeunesse en quelque sorte, avec ce beau projet qu'est MediaPart.

Bonsoir,
Analyse intéressante d'Axel_J. Il est vrai que les journalistes ont également une part de responsabilité. Une chose m'a choquée, de leur part, le matin de la conférence de Napoléon Sarkozy : l'absence de solidarité entre eux, le chacun pour soi. Ils auraient pu se concerter avant afin de pouvoir entreprendre un "bon match", et poursuivre telle ou telle question (qui n'aurait pas donné de réponse suffisante) comme l'équipe d'un match de rugby qui se soude autour du ballon. Eh bien rien. Un individualisme total. Est-ce leurs conditions de travail et de rémunération qui en sont la cause ?

Patricia bonjour,

J'en profite pour envoyer un petit salut à Axel J dont j'ai apprécié l'analyse.
Ayant participé à la conférence de presse de Nicolas Sarkozy, je ne peux que partager ce sentiment affligé quant à l'absence de solidarité des journalistes présents ce jour là et cette connivence vis à vis de celui qui tenait le pupitre. La scène avec Laurent Joffrin a fait le tour de la toile ( les rires moqueurs des confrères), celle avec Christine Clerc un peu moins ( les rires gênés quand elle se présente comme "journaliste indépendante" et que Nicolas Sarkozy lance "c'est aimable pour les autres"). Mais il y a des pratiques de solidarités professionnelles qui n'ont pas été pointées et qui ont disparu, par exemple le fait qu'à plusieurs reprises des réponses dilatoires, voire pas de réponse du tout, n'ont donné lieu à aucune réaction de la part du journaliste qui devait poser la question suivante. C'était chacun son tour. Chacun son petit numéro. J'ai vu sous mes yeux un confrère d'une télévision poser sa question et s'en aller tout de suite après " sa réponse".
Il y avait plusieurs années que je n'avais pas assisté à ce genre d'exercice et je n'en suis toujours pas revenu. Il y a quelque chose de triste dans ce constat. Comment expliquer cet état de la presse politique? Vous vous interrogez sur les conditions de travail et les rémunérations? Mais quand on compare avec les autres pays, on s'aperçoit que les journalistes français sont tout en bas en Europe ( avec les grecs et les portugais) et je ne parle pas de la GB ou des USA. Est-ce à dire que l'indigence favoriserait la veulerie? Je ne le crois pas. Vous dites "individualisme" mais à y réfléchir, il y avait au contraire une certaine cohérence, une logique intrinsèque commune à tous les participant ( et je me mets évidemment dans le lot puisque j'ai assisté sans rien dire). Il faudrait y réfléchir. Mais comment apporter une réponse sans paraître donneur de leçon?

Bonjour Patricia,
Vous avez raison : la précarité galopante de la profession (de + en + de pigistes (18% en 2005), de stagiaires, de CDD, véritables OS de l'information) pèse sur les conditions d'exercice du métier et l'indépendance de la presse. Comment résister aux "suggestions" du chef de service qui commande le papier? Refuser un "publi-reportage" quand il faut bien manger? Où trouver le temps d'enquêter quand on vous appelle la veille pour le lendemain? etc...
S'il a honte, s'il a rangé sa déontologie au placard, le pigiste signe d'un pseudo et se dit qu'il fera mieux demain...

Bonjour à tous,
Très content et flatté qu'on apprécie mon point de vue :-)

Oui, comme le précise Daniel Psenny dans son intéressante et éclairante petite description du show
- "Le « Sarko-show » en direct de l'Elysée", édition du Monde du 13.01.08 -
il n'y avait pas eu de concertation préalable pour se répartir les questions. Vraiment tout pour donner l'impression que le vrai sens n'était plus l'information, mais simplement faire acte de présence, et assister à un show comme le jury va voir un film au Festival de Cannes...

"Il faudrait y réfléchir. Mais comment apporter une réponse sans paraître donneur de leçon?"

Ah, s'il vous plait, soyez sûr de votre propre honnêteté intellectuelle et de votre bonne foi. Maintenant que vous travaillez sur un grand et beau projet qui, on l'espère tous, sera rappelé dans les annales futures comme l'un des acteurs de la renaissance de la presse française sinistrée, de grˆce restez-en au sens pur, et cessez d'avoir peur du qu'en-dira-t-on, surtout celui d'un certain Politiquement Correct qui a fait beaucoup trop de tort.

Ce qui se passe avec les stratèges de la propagande moderne
(celle des démocraties occidentales où le jeu consiste à faire croire que c'est le peuple qui décide)
c'est qu'ils vous mènent tout simplement en bateau. On est avant tout dans le "plus c'est gros plus ça passe", et vous êtes stupéfaits, hypnotisés, interdits, par de véritables machines rutilantes à avancer à grands coups de mensonges gros comme des maisons.
Vous êtes sur le mode poli, intelligent, presque intimidé, et c'est tout à votre honneur, sauf que le terrain a changé.
Pensez à Cavanna quand il en avait après les chasseurs d'espèces rares, à l'occasion d'un partage de la cause des protecteurs des animaux, qui disait en gros ceci:
"A un moment il faut arrêter avec nos simagrées qui n'impressionnent personne. Des mots choisis, des tournures alambiquées, pour arrêter ces sauvages sadiques? Non, moi c'est "CHASSEURS, GROS CONS" en une et en gros caractères!!!"
(note: pas de vulgarité, je ne fais que citer Cavanna)

:-)
Pas qu'il s'agisse de faire concurrence à Charlie ou autre, ce n'est pas MediaPart, mais vous voyez ce que je veux dire au sujet de comment se comporter face à ce qui doit être considéré comme des attaques, tout simplement.
Des attaques visant à vous faire taire, pire, à vous asservir (et nous avec, par suite logique).

Comment des personnes qui ont tué Jaurés, osent soutenir une action de Salut
Public

Bonjour

Les soutiens de tous ces hommes politiques me gênent un peu. Est-il vraiment necessaire d'aller chercher ces soutiens pour donner un surcroit de crédibilité à ce site ? Et n'est-ce pas pour eux un moyen de se faire à peu de frais une nouvelle virginité ? Je suis un peu perplexe. Eclairez-moi.

Bonsoir,

Vous n'êtes pas le seul abonné, adhérent ou inscrit à vous interroger. Donc je profite de votre question pour, de nouveau, préciser notre démarche sur la question des soutiens.

Nous ne cherchons pas des soutiens pour être crédibles, mais pour faire vivre le débat sur l'indépendance de l'information en France. Car le projet MediaPart s'inscrit dans un contexte alarmant que vient brutalement illustrer ce qui se joue au "Monde" cette semaine, c'est-à-dire la fin véritable d'une exception journalistique de plus d'un demi-siècle (le pouvoir des rédacteurs en tant qu'actionnaires). Nous ne prétendons pas à MediaPart, avec nos moyens moindres au regard de ceux de la grande presse, réinventer de fond en comble le journalisme, mais, au moins, montrer qu'une indépendance véritable, c'est-à-dire sans dépendance économique avec les oligarchies financières en place, permet de le pratiquer avec un surcroît de sérénité, de dynamisme, de confiance, d'inventivité, de curiosité, d'exigence, bref, de liberté vraie.

C'est dans ce but que nous interrogeons (et que nous interrogerons encore d'ici la sortie de notre journal indépendant et participatif en mars prochain) aussi bien des politiques qui, avec leurs mots et leur sensibilité, disent leur inquiétude, que des universitaires, des éditeurs, des artistes, des écrivains, des musiciens, des acteurs des responsables d'associations, etc., qui disent leurs attentes et leurs espoirs, et, pourquoi pas, certains de nos pré-abonnés, citoyens lecteurs et internautes, qui diront pourquoi ils ont choisi de nous faire confiance avant même la sortie du site final.

Enfin, je veux vous rassurer. Nos itinéraires en témoignent, dans leur diversité et leur pluralisme, mais aussi, pour les plus anciens d'entre nous, dans leurs mésaventures ou leurs ruptures librement assumées : si nous étions contrôlables, cela se saurait ! Cela nous vaut même, parfois, de mauvaises réputations – mais, depuis au moins la chanson de Brassens, on sait que la mauvaise réputation n'est souvent que l'envers d'une liberté revendiquée.

Les politiques qui soutiennent MediaPart et s'expriment sur ce pré-site le savent très bien. Ils ne doutent pas qu'un jour ou l'autre, notre indépendance pourra les bousculer ou les déranger. Ce qu'ils disent n'en a que plus de poids : ils affirment que c'est bien là le rôle d'une information indépendante. Pas du copinage, pas du donnant-donnant, pas des réseaux, pas des complicités, pas des renvois d'ascenseur, mais du travail, du terrain, du sérieux, de l'enquête, de la réflexion, etc. ! Et, dans cette exigence, ce n'est ni de la gauche ni de la droite ni du centre qu'il s'agit, mais de l'avenir de la démocratie, tout simplement : de son intensité, de sa vitalité et de sa profondeur, à l'opposé du bavardage, de l'immédiateté et de la superficialité.

Bonjour Monsieur,

L'indépendance de la presse, tout le monde ici est apparemment d'accord pour la soutenir, contre les pressions des actionnaires ( ou des sociétés de rédacteurs, au demeurant ), contre les abus des juges ou contre les manipulations des pouvoirs publics . Au niveau de généralité où se placent vos déclarations d'intention, le consensus est donc à peu près garanti.

Mais au delà des bonnes intentions et des déclarations liminaires, c'est le contenu effectif et concret de vos pages que vont juger vos abonnés. Et c'est normal.

Or, pour ce qui me concerne, la petite demi heure que j'ai passée à visionner les propos lénifiants de F. Hollande, F. Goulard ou S. Bourmeau ne m'a pas franchement donné une impression de renouvellement des méthodes ou d'ambition intellectuelle.

Les politiques, contrairement à ce que suggère votre texte, vous ne faites d'ailleurs pas que les "interroger" ou les inviter au débat, vous sollicitez leurs soutiens, que vous vous empressez de montrer à l'internaute ébaubi par votre entregent. Avez-vous donc besoin d'eux pour être libres ? Ou eux de vous ? Leurs encouragements vous semblent-ils une source de légitimité journalistique ? L'indépendance ne doit-elle être garantie que vis à vis des actionnaires ?

Honnêtement, tout cela n'est ni limpide, ni enthousiasmant.

Bonne chance quand même.

Je suis pour l'instant assez réservé sur la pertinence de votre démarche et ces avis de personnalités politiques trop sollicitées renforcent ma méfiance.

Bonsoir,

Ayant tenté d'expliciter ladite démarche dans un commentaire ci-dessous, je suis curieux de connaître les réserves qui motivent votre méfiance.

J'aimerais vous croire et vous suivre et ne veux surtout pas contrecarrer vos efforts. Je n'apporterai donc aucun commentaire sur tel ou tel soutien. Je souhaite que les responsables politiques s'expriment sans langue de bois sur leur action et soutiennent inconditionnellement la liberté d'expression sans aucune contrepartie directe ou indirecte.

Bonjour

Je vais tenter ici de vous expliquer (pardon pour la lourdeur et pour la piètre qualité de mon écriture) pourquoi je suis méfiant ,ou en tout cas réservé sur l’intérêt que je porte à ces avis de personnalités diverses dans le débat qui nous occupes.
Vous nous expliquez qu’à aucun moment vous ne cherchez à créditer votre démarche ou à justifier son bien fonder. Je veux bien vous croire sur parole. Faire vivre le débat sur l’indépendance de la presse ou des medias très bien ! Je crois que cela est salutaire, mais nos amis politiques sont, je pense, pris dans la même tourmente que le journalisme aujourd’hui. L’impacte médiatique et ce qu’il rapporte. Il n’est pas simple de juger de l’authenticité d’une démarche ou d’un discours mais à quel moment ces hommes et ses femmes se sont ils réellement souciés de la viabilité du débat démocratique qui passe nécessairement par l’indépendance des outils qui le font vivre.

Vous posez ici la question de l’indépendance des rédactions vis-à-vis de l’oligarchie financière et de la dangerosité de la fausse gratuité.
Tout le monde ici se refuse à un media quelque ils soit, si celui-ci ne sert que l’intérêt de ce petit nombre (surtout quand ce petit nombre et en relations si privilégiés avec le pouvoir étatique). Nous savons très bien de par l’histoire, ou en regardant dans d’autre pays, où cela peut mener. Il en est de même de la gratuité qui pose plusieurs problèmes.

La qualité de l’information proposée.

Vous l’avait très bien écris ici une information à valeur ajouté (et non à plus value)est essentielle dans un monde complexe qui le devient de plus en plus.
Il est indispensable que tout citoyen puisse avoir accès à une véritable information et non juste a l’énoncé d’un fait. : Il est nécessaire en tout cas pour moi qu’un journaliste ou un commentateur m’apporte l’ensemble des éléments qui forgerons mon analyse du fait.

L’information sur mesure

Nous savons très bien qu’un media gratuit n’est pas un vecteur d’information. Il sert juste de support à la publicité qui elle, finance l’existence de ce media et de son propriétaire. L’information n’est plus le sujet elle est le support. Dangereuse inversion des rôles.
A quand un journal qui délivrera des informations au formatage industriel. (Je sais cela est déjà en route). Et oui aujourd’hui ce n’est plus l’information ou le fait qui commande les lignes éditoriales, mais le cœur de cible.
Un media gratuit qui ne vit que sur ses recettes publicitaires et avant tout un media qui doit plaire au coeur de cible de ses annonceurs. Nous percevons aujourd’hui les méfaits de ce genre de procédé. La place de la l’information n’est que secondaire (prenez le nouvelobs : presque plus de pages de publicité que d’article, en allant même jusqu a couper des articles par une page de pub). S’ensuit une spirale suicidaire
Besoin de pub pour la balance financière =plus de place a la pub dans le media et donc moins de place au contenu ce qui fait fuir une partie du lectorat = encore plus de publicité pour faire vivre le media.
Et pourquoi pas, bientôt des articles orienté sselon ce qui pourrait plaire ou déplaire au cœur de cible. Pourquoi parler de géopolitique si on pense que cela n’intéresse pas le publique visé. (Sans s’interroger a comment l’intéresser). Le plus bel exemple en est tf1 et la façon dont elle traite l’information en période de campagnes électoral.

Vous me direz que nous somme loin de notre préoccupation de départ et je vous dirais pas tant que ça.
Les politiques aujourd’hui se sont laissés enfermer dans une spirale celle de l’existence médiatique. Je ne dis pas qu’ils en sont responsable mais qu’ils y ont participé, parce qu’ils ne l’ont jamais refusée.
Notre classe politique fonctionne me semble t’il trop dans les mêmes mécanismes que les publicitaires. Nous voyons aujourd’hui des politique qui s’autocensure parce qu’il ne faut pas déplaire au cœur de leur électorat, ou qui font des annonces parce que cela au contraire lui plaira. (vive les sondages et autre cabinet d’audite mesurant la volonté du client)
Drôle de visions du peuple qui se résume alors à un simple consommateur qu’il ne faut pas frustrer au risque qu’il ne s’échappe vers la concurrence. (Nous sommes ici au cœur de la défiance par rapport aux politiques)
Nos politiques font aujourd’hui des sorties médiatiques adressées de façon précise, pour l’ouvrier pour le professeur, pour l’agriculteur, pour le plus de 60ans, un peu pour le moins de 20 ans …, .un peu pour le contestataire, un peu pour les révolutionnaires, et un peu pour le conservateur. Quel courages bon sang de penser l’intérêt collectif de cette façon !
Lorsque monsieur Bayrou s'alarmait sur les effets de plus en plus flagrants de la dérive en cours, certains de ses politiques, qui nous livre aujourd’hui leur inquiétude, étaient les premiers à demander à ce que rien ne bouge.
Aujourd’hui ces hommes et ces femmes sont prisonnier de leur existences médiatique et sont j’en ai peur capable demain d’expliquer l’inverse de ce qu’ils ventent ici aujourd’hui.

Alors voila pourquoi je ne me réjouis pas de la mise en avant de ces prises de positions. Elles sont légitimes et je ne les refuse pas en cet endroit.
J’ai souscris un abonnement de soutient a media part parce que la mission que vous vous êtes fixer me semble essentielle pour l’intérêt du plus grand nombre. Je suis même prêt à augmenter ma souscription si cela s’avère nécessaire. J’essai de diffuser autour de moi l’envie d’adhérer à votre projet en débattant autour de moi sur ce qui me semble être important a préserver. Un journalisme utile, un journalisme émancipateur de conscience ! Votre mission et pour moi des plus essentielle, à la fois pour préserver une information libre éclairé et juste, mais aussi pour comme vous le faisiez remarque dans votre article « Nous sommes tous des numériciens ! » pour essayer de sauver une part d’humanisme dans ce nouveau monde qui se cré, parce que si nous devenons tous des cœurs de cible, nous ne seront plus !

En espérant que cela éclaire quelque peu sur les raisons de ma méfiance à l’égare de votre démarche.

Karim kherradji

Bonsoir Karim,

C'est vrai que moi non plus, quand je parle autour de moi de la crise d'indépendance et de liberté de la presse comme une de mes plus sérieuses inquiétudes, quand je mentionne le rare journalisme qui se veut encore libre malgré toute la pression marchande, quand je donne l'exemple du Canard Enchaîné ou de MediaPart,
certes je ne m'appuie pas sur le soutien de tel ou tel politicien pour donner du poids à mon propos.

Mais à votre place, je ne m'inquièterais pas trop à propos de quatre vidéos de soutien de politiciens, parmi tant d'autres de toutes sortes de membres de la société.
A mon avis, c'est plutôt MediaPart qui a besoin de faire un peu sa pub, qui a besoin de montrer que toutes sortes de gens soutiennent sa démarche. Et il y a certainement des lecteurs potentiels, parmi ceux qui donnent de l'importance aussi à l'avis de certains politiciens?

Cordialement.

Bonjour axel

Je vous rassure, je ne suis pas inquiet de voire ces vidéo ou ces commentaires. Comme je vous l’ai dit, toutes les prises de positions sont légitimes et elles ont toutes leur places dans la démarche de mediapart.
Si ce n’est qu’une ambition de communication ou de publicité et que cela permet à des gens de connaître mediapart et, les incites à s’abonner très bien mais il me semble que nous sommes dans d’autres prétentions : celles du débat autour de l’indépendance de la presse.
Alors est ont ici dans un soutient à l’entreprise mediapart ou dans la défense de l’indépendance de la presse. ? Quand je lis l’article ci-dessus et que je visionne ces vidéos je reste perplexe.
L’indépendance de la presse passe t’elle par la loi et par le législateur ?
Une loi cadre nous assure t’elle une véritable indépendance alors qu’aujourd’hui vous pouvez vous cacher derrière une trentaine de sociétés et donc acquérir un journal un media quelconque sans que l’on sache qui le détient réellement ?
La bonne idée a développer ne serait elle pas celle de la redéfinition du journalisme et de sa mission ?le journalisme doit il être rentable ? peut on légiférer sur l’utilité publique du journalisme ?Doit on simplement s’en remettre aux législateur quand ,comme vous le disiez précédemment ,les journalistes eux même ne se retrouvent plus dans leurs fonctions ?

Amicalement
Karim Kherradji