Sectes: Michèle Alliot-Marie siffle la fin de la récréation

28/02/2008Par
Auteur: 
Erich Inciyan

Rompant avec les flottements observés aux sommets de l’Etat et avec les déclarations d'Emmanuelle Mignon, conseillère à l'Elysée, estimant que les sectes étaient "un non-problème", la ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie prend la main dans la lutte contre les « dérives sectaires ». Sa circulaire du 25 février affiche une volonté répressive que l’on n’avait pas vue depuis des années. Les fans de Tom Cruise et les adeptes de la Scientologie n’ont qu’à bien se tenir.

 « Au regard du droit, l’appartenance à un mouvement quel qu’il soit relève d’abord d’une opinion, dont la liberté est un principe constitutionnel », note la circulaire. Pas question de remettre en cause la liberté d’opinion et de croyance. L’essentiel est ailleurs, pour la ministre de l’intérieur : l’arsenal juridique est « suffisant pour sanctionner les dérives sectaires ».
 
Les services répressifs ne manquent pas de moyens pour sanctionner les abus (mise en danger de la personne, exercice illégale de la médecine, escroquerie, publicité mensongère, etc). Aussi Michèle Alliot-Marie ordonne-t-elle à ses services de rassembler « des éléments concrets, des faits avérés et pénalement répréhensibles ».

Lutter contre ces mouvements pour ce qu’ils font et non pour ce qu’ils sont, voilà donc l’objectif affiché. L’un des fins connaisseurs de la question, Nathalie Luca, chercheuse au CNRS, auteur de l'ouvrage Les Sectes (éditions Que Sais-Je ?, 2004), n’est pas loin d’approuver. « Tant qu’il n’y a pas d’acte répréhensible avéré, avec des preuves à la clef, il est inutile de pointer certains groupes du doigt, relève-t-elle. Les dérives religieuses, cela ne veut rien dire, mais il y a incontestablement des dérives financières ou thérapeutiques. » 

La circulaire du 25 février a l’allure d’un vade-mecum répressif à l’usage des services de l’Etat. Une sorte de guide juridique des méthodes qui, pour parler trivialement, « marchent et ne marchent pas ».
 
Ainsi, la cour d’assises de Quimper a condamné en 2005 des parents adeptes de pratiques thérapeutiques non réglementées. En 1998 et en 2005, deux dirigeants de sectes ont été punis pour des « agressions sexuelles sur des mineurs ». La circulaire détaille encore des cas de condamnations pour escroquerie, exercice illégal de la médecine ou abus de confiance. Elle donne les références de nombreux délits susceptibles de s’appliquer aux sectes. 

Une phrase lourde de sens

Dans cet ensemble, une phrase peut sembler lourde de menaces : « La répétition de condamnations pénales doit permettre de demander et d’obtenir la dissolution d’un groupement à caractère sectaire » (sur la base de la loi du 12 juin 2001). Mais il est aussi conseillé aux services étatiques d’éviter les fausses routes. Sur ce plan, le Conseil d’Etat a décidé en 2002 que le droit de refuser une transfusion sanguine (souvent revendiqué par les Témoins de Jéhovah pour eux et leurs enfants) « constitue l’exercice d’une liberté fondamentale ».

Sous couvert d’efficacité policière, la locataire de la Place Beauvau se démarque ainsi de la politique conduite, sous l’égide de Matignon, par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. La Miviludes est chargée, elle, d’analyser et de prévenir le phénomène, avec la coopération des associations de victimes.

On est certes loin du temps où des groupes « potentiellement dangereux » étaient stigmatisés par plusieurs rapports de commissions parlementaires et missions interministérielles. En 1995, une liste de mouvements établie par les Renseignements généraux avait ainsi été annexée à un rapport d’enquête parlementaire. A l’époque directeur des RG, Yves Bertrand a reconnu dernièrement que, sur cette liste, « certains groupes se sont vus un peu vite affublés du vocable de secte » (Je ne sais rien mais je dirai (presque) tout, édition Plon, 2007). 

Cependant, en mai 2005, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait indiqué que le recours à des listes devait être « évité au profit de faisceaux de critères ». Mais les rapports annuels de la Miviludes continuent de nommer certains groupes pour dénoncer leurs pratiques – sans les étayer. Avec des risques de procès à la clef qui font la part belle à des mouvements prompts à se présenter en martyrs. 

La répression en première ligne

Sans s’embarrasser de précautions, Michèle Alliot-Marie demande aux préfets de créer des groupes départementaux de travail spécialisés d’un genre plutôt musclé. Ne devront-ils pas agir sur le modèle des « GIR, qui ont fait la preuve de leur efficacité », selon les termes de la ministre ?
 
L’acronyme désigne les Groupements d’intervention régionaux qui, chargés notamment de lutter contre les trafics de drogues dans les quartiers difficiles, réunissent police, gendarmerie et services fiscaux. De quoi, par exemple, vérifier si l’achat d’un bien immobilier par un gourou ne relève pas de la délinquance financière.

Autre particularité, ces futurs groupes spécialisés ne comprendront plus de représentants d’associations de victimes des sectes. De toute évidence, ils sont plus « opérationnels » que le dispositif mis en place par une précédente circulaire « relative à la lutte contre les dérives sectaires » prise, le 27 mai 2005, par le premier ministre Jean-Pierre Raffarin : la prise en compte du sujet, au niveau départemental et au sein d’un « nouveau conseil compétent en matière de prévention de la délinquance, de lutte contre la drogue, contre les dérives sectaires et d’aide à la victime »… avait tendu à noyer le poisson.

La démarche s’inspire ici de pays voisins, comme la Belgique ou l’Angleterre, où les associations de victimes sont tenues à distance des organismes compétents. « C’est le cas en Grande-Bretagne, où l’institut Inform, financé par l’Etat, gère des banques de données où sont reprises les contributions des associations de victimes, celles des groupes mis en cause pour dérives sectaires, ainsi que des travaux scientifiques. Lors des enquêtes, les services de police peuvent demander à consulter ces données »,  indique Nathalie Luca, qui va bientôt publier un livre comparant les approches nationales en la matière (Individus et Etats face aux sectes, éditions Armand Colin). 

« Conformément aux principes républicains, la lutte contre les dérives sectaires n’a pas pour but de stigmatiser des courants de pensée », indique enfin la circulaire du 25 février. En ces temps de « laïcité positive » vantée par Nicolas Sarkozy (lire notre article), la République saura-t-elle allier sagesse, sévérité et neutralité ?

- Le Conseil d’Etat a décidé en 2002 que le droit de refuser une transfusion sanguine (souvent revendiqué par les Témoins de Jéhovah pour eux et leurs enfants) « constitue l’exercice d’une liberté fondamentale ». (Pour les parents uniquement ?)

C’est en complète contradiction/négation des services de l’Etat pour la préservation des intérêts ; la "PROTECTION" des plus faibles de notre société ; les enfants !

Voyez les abus, déjà sur le net de cette institution, elle enlève des droits au père qui a des enfants dont la mère est morte… Alors ; la question se pose, les parent ont-ils plus de droit si ils sont sectaires par rapport à ceux qui ne le sont pas ??????

Bonjour!

Oui, chacun est libre de refuser une transfusion sanguine, d'après le Conseil d'Etat. Problème: les Témoins de Jéhovah, eux aussi, en font un principe.

On imagine facilement les drames que cela peut entraîner. Cependant, à ma connaissance, ce refus systématique de la transfusion sanguine n'a causé aucun décès de l'un de leurs enfants, en France.

Car la loi est claire, voire rassurante, pour tous les enfants : en cas d'urgence, leur consentement doit être systématiquement recherché. Et, surtout, c'est la santé de l'enfant qui doit primer, même en cas d'opposition des parents (loi de mars 2002, dite "loi Kouchner"). En cas d'urgence et de risques graves pour la santé, le médecine a le droit (et le devoir!) de se substituer à l'autorité parentale, pour ordonner une transfusion ou tout autre traitement médical. Jéhovah ou pas...

Merci de me renseigner sur les subtilités de vos lois, si impénétrables (comme d’ailleurs dans tous les Etats dit : de droit), je sais par contre qu’il y a eu mort en Autriche, en Allemagne, en Angleterre et dans bien d’autres pays mais voilà le problème : combien de médecins osent dirent qu’ils ont laissé crever l’enfant qui était entre leurs mains ??? Allons, disons un médecin sur 300.000 ?

Voyez-vous, j’ai affaire avec le corps médical en justice, là vous voyez tout ce que vous voulez, les médecins traitants font quelque chose, même si ce n’est pas l’idéal… les mêmes médecins qui sont employés par un assureur y voient tout à fait autre chose, des tentatives de voler l’assureur… Vous avez bien sûr aussi les médecins «experts» utilisés par la justice… qui eux ne veulent faire du tort à personne (les confrères médecins ; pas moi, je suis une quantité négligeable) donc ils «couvrent» sans problème les deux médecins qui sont pourtant en totale contradiction l’un à l’autre !

Mais bon ; vu qu’il n’y a pas eu de mort en France à cause du refus des parents… je peux aller me coucher «tranquillement». Au moins un pays de 60 millions d’habitants dans le monde qui n’a pas ce problème c’est fun…

Je trouvais votre article assez objectif et présentant la situation de manière raisonnable. Cependant votre réponse ci-dessus gâche un peu le reste et appelle une précision si vous le permettez : ce n'est pas la médecine qui a le droit de se "substituer à l'autorité parentale". Seul un juge a la faculté de retirer temporairement cette autorité. Mais les magistrats le font avec de plus en plus de circonspection. Par ailleurs votre dernière phrase non terminée... me paraît assez méprisante et condescendante. Je vous rappelle que Jéhovah est le Dieu de la Bible, "le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob" mais aussi Celui du Christ.

Bonjour,

Le sujet est par nature glissant et très complexe car il s'agit de protéger les citoyens et la société des menaces qui peuvent les viser, même à l'insu de leur propre conscience, tout en garantissant les libertés essentielles, le tout dans le respect de la laïcité.

Je n'ai donc pas prétention à donner des leçons à personne. Mais pointer au moins une contradiction factuelle me paraît important:

-En matière de "menaces terroristes", donc visant les personnes et la société, des pays, dont la France, qui n'est pas franchement menacée, ont vu leurs gouvernements se doter d'organismes et de lois dont l'objectif est de prévoir le mal et non seulement de sanctionner les éventuels terroristes, le délit alors constaté.

Dans le domaine des sectes, cette Circulaire semble obéir au fond, sous l'apparence de la dureté des mots qui ne signifient rien de concret, aux voeux de Nicolas Sarkozy de ne plus "voir un problème dans les sectes".

En clair, l'Etat se drape dans le Code Pénal pour se donner bonne conscience devant des dérives délictuelles prévisibles et connues qui auraient pu être empêchées avant leur réalisation et qu'il ne verra donc pas car il respecte la liberté de conscience.

Certes, si ce principe est général, alors, le terroriste qui n'a pas agi doit pouvoir être respecté dans sa conscience tant qu'il n'aura pas tué ou blessé des personnes.

Dans un mouvement sectaire, afin de respecter ce principe sacralisé alors qu'il serait plus pertinent de l'encadrer tout en protégeant légalement le droit, un individu pourra donc violer des enfants, encourager des personnes fragiles à se suicider ou à se ruiner pour les enrichir, manipuler en toute tranquillité, impulser un crime collectif, tant que bien sûr, il ne se fait prendre la main dans le sac, si j'ose dire ainsi.

Cette Circulaire est donc sur ce point en contradiction avec le principe appliqué aux menaces terroristes. Pourtant, dans leur essence même, une secte fanatique et coupée de la société peut receler, cacher, abriter la "terreur", physique et psychologique, sur des personnes dotées de droits essentiels, humains et civiques. Face à cette "terreur", la Circulaire ne répond rien, elle laisse les personnes que l'Etat est censé protéger à leur triste destin.

Mieux, dans le cadre proposé par cette Circulaire qui se concentre sur le délit pénal constaté, et non sur les risques à éviter pour les citoyens menacés, un mouvement sectaire pourrait facilement ainsi se déclarer "association cultuelle" et prôner le massacre d'autres personnes, le viol des enfants, le vol en bande organisée, la déchéance d'êtres humains ou les bienfaits de meurtres en groupe ou individuels en toute tranquillité.

C'est un peu, comme si, pour respecter les libertés individuelles, l'Etat laissait en paix les fraudeurs fiscaux frauder en paix tant qu'ils ne sont pas dénoncés par un document indiscutable au lieu de tenter de prévenir le fléau, ou bien si l'Etat décidait que préparer en groupe un meurtre collectif -comme plusieurs groupes sectaires l'ont déjà réalisé- ne méritait pas d'être empêché au nom de la liberté des chefs du groupe de tuer leurs adeptes.

L'exemple juridique peut être étendu à d'autres sujets: ainsi un groupe de truands peut aussi dire qu'en préparant un braquage de banque ou de fourgons de transports de fonds, l'Etat n'a pas à les ennuyer, car c'est leur droit souverain, leur liberté de conscience, qui seraient les victimes de la police.

Même la mafia pourrait invoquer le principe posé en disant: "nous avons une longue tradition de solidarité, nous avons le droit de nous constituer en groupe mafieux, et rien ne peut nous être reproché tant que la Justice n'aura pas constaté un délit de notre part".

On le voit: le principe posé sans limitations préventives laisse la porte ouverte à de nombreuses questions et dérives possibles.

Il conviendrait donc de dégager un réel équilibre logique et cohérent entre les obligations de respect de la liberté individuelle et la notion de protection et le droit à la sûreté des personnes qui prévaut en droit français et dans la Charte Européenne des Droits de l'Homme.

Faute de volonté politique déterminée, ou par lâcheté devant des responsabilités à assumer, cette Circulaire est en fait un texte qui ne règle rien, mais risque d'aggraver, d'encourager, voire de générer bien de dangereuses dérives.

C'est aussi un pas en avant vers une législation à l'américaine où toute personne pourra, en toute liberté, faire ce qu'elle veut de personnes plus faibles, influençables ou malades, et quand ces dernières auront commis des actes irréparables, la Justice n'aura plus que le rôle de pompier impuissant de condamnation d'individus manipulés, le chef instigateur restant de facto "innocent" car extérieur pénalement aux faits délictueux.

C'est la consécration légal de "gourous" intouchables et assurés de leur bon droit tant qu'ils ne sont pas responsables démontrés d'un délit pénal.

D'un certain point de vue, cela correspond, pour les groupes à obéissance absolue à un chef se situant en dehors des règles juridiques légales, au projet de dépénalisation du droit des affaires: chaque employeur pourra agir en toute liberté selon sa conscience, et la Justice sera là que pour les fautes vraiment très graves.

Avec ce texte, un chef disposant d'adeptes entièrement soumis, peut aussi créer une "milice"armée à sa solde. Dès que l'on admet que des groupes peuvent se situer et exister en dehors des lois communes de la société tant qu'ils ne commettent aucun délit pénal, alors toutes les dérives sont possibles et logiques.

Ce texte, à bien y regarder, est un texte en trompe l'oeil, un texte de manipulation mentale des citoyens.

On sanctionnera des cas médiatiques graves et on permettra à des milliers de délits de passer entre les mailles du filet, faute de travail sur le terrain et de législation de prévention-protection.

C'est bien un texte digne des manipulations sarkozystes: de la fermeté apparente devant les caméras et dans le texte, et derrière, le laisser-faire et laisser-aller les plus débridés tant que les intéressés ne sont pas pris en flagrant délit de crime ou médiatiquement intéressants à mettre en avant pour souligner une action ponctuelle sécuritaire. Nous aurons donc des opérations "Villiers le Bel" contre un "gourou" pauvre et inconnu, pendant que les groupes riches et influents seront tranquilles et agiront à leur guise.

La République, avec ce texte, abandonne ses citoyens les plus fragiles sans défense face aux prédateurs "spirituels". Avec la bonne conscience satisfaite que donne l'impression de respecter les libertés, notamment celle de conscience.

Bien cordialement,

Le parallèle que vous faites est à mon avis totalement hors sujet. Tous les membres des minorités religieuses ne sont pas des criminels. L'amalgame est intolérable et vexatoire.

Fort et long… mais sachez que déjà, bien avant la circulaire que vous citez, les règles du jeu on été… les mêmes !

Ces mesures prises par le ministére de l'intérieur sont des leurres.
Opération purement médiatique puisqu'il partiçipe ou innove à de nouvelles formes de répression ,plus proche de la démarche sectaire que de leur mission Républicaine.
Le principe,la méthode sectaire font partis intégrantes de notre sociètè.C'est-à-dire les effets de manipulation orchestrés par les hautes sphère de l'état,les médias continuent dans la vie de tous les jours dont le but est de réinventer une réalité dans laquelle l'Etat aurait un pouvoir absolu sur la société.
Etant maitre des évenements.Faisant l'information.Falsifiant la réalité.Pourquoi le ministére de l'intérieur irait à l'encontre d'un systéme qui lui convient ainsi qu'à son employeur.
De nos jours,faire sous-traiter la méthode sectaire afin que celle-çi soit plus efficace et touche tous les compartiments de la société est une réalité.Le Léviathan existe.

La démarche qui consiste à réprimer des actes et non des idées me paraît tout à fait conforme à notre démocratie républicaine et à nos textes fondateurs, en particulier la déclaration des droits de l'homme dont je vous rappelle les articles X et XI : "Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi" "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi".
Rappelez-vous ce que l'on disait des premiers chrétiens qui paraissaient suspects en raison de leur pratiques religieuses différentes, les accusant de toutes sortes d'horreurs. Tout ce qui est nouveau et atypique fait peur.
Malgré tout ce que vous pouvez penser, et cela peut se comprendre car on est dans le registre compassionnel, les transfusions ont tué davantage de monde que le refus de transfusion. La loi prévoit le "consentement éclairé" expression qui est significative n'est ce pas ? Si le consentement doit être éclairé cela laisse supposer qu'il existe, en creux, un "refus éclairé" possible. Concernant les enfants la même loi dispose que leur avis peut être sollicité à partir d'un certain âge. Cette question du respect du sang n'est pas une fantaisie, elle a un sens, religieux certes mais bien réel. Il est peut être difficilement accessible à qui n'a pas une culture biblique et chrétienne profonde (il s'agit d'intégrer la signification du caractère sacré du sang versé par le Christ). Mais ne devrait-on pas respecter ceux qui sont potentiellement capables de mourir pour des idées ? C'est bien ce que l'on fait dans d'autres circonstances n'est-ce-pas ? D'autant que ce choix est personnel et libre.

Monsieur Inciyan,
Merci pour cette mise au point qui me parait un peu plus objective que celles qu'on peut lire habituellement.
seulement vous citez "la cour d’assises de Quimper(qui) a condamné en 2005 des parents adeptes de pratiques thérapeutiques non réglementées(...) et deux dirigeants de sectes (qui) ont été punis pour des « agressions sexuelles sur des mineurs ».
Pouvez être plus précis EN CITANT les mouvements incriminés afin que toutes les minotités de conviction (qui sont toutes sont très différentes bien souvent les unes des autres) ne soient pas mises dans le même sac ?

Aussi j'aimerai vous rappeler ce qui doit être la règle journalistique : l'impartialité dans ce sujet laisse cruellement à désirer:

"TOUTES LES RELIGIONS SONT SUSCEPTIBLES DE DERIVES
SECTAIRES !!!"

A partir de là il est évident qu'il y a DISCRIMINATION RELIGIEUSE !

Donc si vous reprochez à un mouvement minoritaire un délit qui relève du droit pénal (à ce sujet on devrait laisser la justice faire son travail) pourquoi PERSONNE NE CRIE AU SCANDALE quand il s'agit de l'Eglise catholique qui abrite des prêtres pédophiles qu'on a simplement déplacer au lieu de les excommunier comme le font par exemple les Témoins de Jéhovah ???

De plus j'aimerai préciser que c'est SOUS la pression médiatique française que l'Etat français a pris et continue de prendre des mesures exceptionnelles en matière de discrimination religieuse !

Je trouve tout cela vraiment injuste et en disant cela je ne cherche pas à défendre les sectes mais à rappeler qu'il faut sur ce sujet rester IMPARTIAL !

Cher Hocine,

Je vous remercie pour votre message et je vais tâcher de vous apporter certaines précisions demandées, qui montrent la diversité des problèmes posés et la complexité de les appréhender.

Dans le dossier jugé à Quimper, il était question de deux parents convaincus des bienfaits médicaux de la "kinésiologie" et méfiants à l'encontre de la médecine traditionnelle. Le 12 novembre 2000, ils ont fini pour appeler les services de secours, dans le Finistère, devant l'état de santé de leur fils. Agé de seize mois, l'enfant avait le poids d'un bébé de quatre mois. Il est mort et, selon les examens médicaux, souffrait d' "infection aiguë secondaire à une malnutrition chronique particulièrement sévère". Les parents ont été condamnés à cinq ans de prison dont 52 mois avec sursis pour non assistance à personne en danger.

Au sujet des "agressions sexuelles sur mineur", l'un des jugements cités concerne le tribunal de grande instance de Versailles qui a jugé un ancien responsable de l'Eglise raëlienne, Gilles Carbonell, le 2 décembre 2005. Il était accusé par une adolescente, âgée de seize ans lors du procès, de l'avoir sexuellement abusée lorsqu'elle avait entre six et huit ans. L'accusé était en fuite et sous le coup d'un mandat d'arrêt depuis plus d'un an au moment du procès.

Voilà, j'espère, les précisions "impartiales" que vous attendiez. Dans les rapports de la Miviludes (dont le lien est donné dans mon article), notamment, vous verrez que les abus constatés sont d'une grande diversité.

Bien cordialement,

Erich Inciyan

Monsieur Inciyan,

Je vous remercie pour ces précisions que vous nous apporter pour clarifier le débat déjà bien difficile et sujet à amalgames.

Il est évident que le choix des parents pour les soins de leurs enfants engendrent une lourde responsabilité ; celle de soigner si posible.

Or dans le cas des adeptes de la kinésiologie (méthode de mouvement du corps pour éduquer...) il me semble que les parents ont faillit à leur mission à partir du moment ou l'enfant souffre de malnutrition chronique; le problème va au delà des soins de santé mais il est d'ordre pénal et sociale; la kinésiologie est elle efficace ?
Si non il faut l'interdire...L'avenir nous en dira peut être plus.

Le 2ème cas des raëliens , il me semble que la justice a fait son travail (ce que je salue) : mais il faut condamner tous les pédophiles qu'ils soient dans les mouvements ésotériques ou dans les autres organisations.
Si c'est vraiment le propre des raëliens alors la justice est en mesure de dissoudre le mouvement, selon les lois d'exceptions existantes.
Voilà pour rester impartial.

On ne parle et donc nomme secte que ce qui est inconnu (la transparence réelle ne suffit bien souvent pas dans des Etats ou une église est déclarée église d’Etat) !

Je vous rappelle qu’il y a eu scission dans l’église catholique, le gars éjecté a crée sa propre église catholique au valais… il a été reconnu comme secte par le Vatican… On change de roi, de prince et cette secte est réintégrée avec ses particularités…

Il suffit donc de ne pas plaire au roi car ; on ne veut pas se soumettre à des trucs que l’on ne peu admettre, pour être décrété "être une secte"… suffit que le roi change pour qu’il n’y ait plus de secte…

Dans le Monde du 3 Mars 2008, Raphael Liogier, professeur à l'IEP d'Aix-en-Provence, directeur de l'Observatoire du religieux a rédigé un article intitulé:
"Révolution culturelle dans la lutte antisectes"
"Pour la première fois depuis presque trente ans, la culture du terrain, celle du ministère de l'intérieur, soucieux de la sécurité des personnes, et celle des sociologues, soucieux de la connaissance du fait religieux, est en train de l'emporter sur celle de la dénonciation tous azimuts.
Mais ce n'est pas sans mal, sans un combat au corps-à-corps qui se joue aujourd'hui au sommet de l'Etat. Parce qu'il faut bien comprendre que nous ne sommes absolument pas, sur la question des sectes, contrairement à ce que masque le tumulte ambiant, dans un débat politique, mais dans le face-à-face de deux communautés de hauts fonctionnaires, deux cultures administratives en somme, celle du ministère de l'intérieur (le Bureau central des cultes, BCC), et celle de Matignon (la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, Miviludes).
Revenons au début des années 1980, au moment du premier rapport parlementaire sur les sectes lorsque se constitue le consensus administratif antisecte : Matignon et le ministère de l'intérieur parlent de la même voix. C'est l'époque du désenchantement de la gauche mitterrandienne, après la victoire de 1981, qui doit mettre en place une politique de rigueur face à la crise économique. On cherche les responsables de cette frustrante situation. Les sectes étranges sont de parfaits boucs émissaires, mais pas seulement elles. Les premières dénonciations des sauvageons des cités datent des mêmes années. La machine administrative va s'emballer dès le début.
Deux associations vont s'illustrer dans cette croisade : le Centre contre les manipulations mentales (CCMM), plutôt gauche jacobine laïciste, gardien du sanctuaire de la vérité rationnelle contre les superstitions, et l'Union nationale des associations de défense de la famille et de l'individu (Unadfi), plutôt droite libérale, voire chrétienne, défendant la cellule familiale et l'individu contre les influences néfastes. Ces deux associations deviendront les seuls informateurs patentés de l'Etat, recevant des millions d'euros de subventions.
L'ensemble des universitaires, des chercheurs au CNRS, sélectionnés et appointés par la République pour étudier scientifiquement ces mouvements seront d'abord légèrement blâmés en raison de leur réticence à pointer le danger sectaire, puis ils seront carrément exclus de toute discussion, et enfin accusés de trahir la République. Tous les chercheurs, sans exception, je dis bien tous, quelles que soient leur appartenance partisane ou leurs opinions politiques, tous les spécialistes du religieux sont d'accord depuis trente ans pour dire que les listings établis par les commissions parlementaires ainsi que les prétendues enquêtes des missions interministérielles sont fantaisistes.
Dans les années 1990, Matignon, avec la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS), va devenir le Vatican de la croisade, mobilisant tous les ministères (éducation nationale, travail, santé, etc.) contre tout ce qui de près ou de loin ressemble à une secte. Mais ce beau consensus va s'effriter, pour deux raisons.
D'abord, parce que les hommes de terrain des ministères, à la justice, à l'éducation nationale, les inspecteurs académiques, et bien sûr et surtout les fonctionnaires des renseignements généraux (les RG), pourtant convaincus au départ d'un danger sectaire, se rendent compte que le problème est surévalué. Ensuite, parce que les grandes religions, en particulier les catholiques et les protestants, qui jusque-là avaient laissé faire une si opportune disqualification de groupes concurrentiels, s'inquiètent de cette ambiance de croisade. Le dernier rapport de la MILS ne s'en prendra plus, effectivement, seulement aux sectes, mais à la superstition, à l'intégrisme, et finalement au religieux en général.
Dans la foulée, nous sommes en 2001, la loi About-Picard contre les sectes est sur le point d'être votée : on n'était jamais allé si loin. Mais, coup de théâtre, lorsque Elisabeth Guigou, alors ministre de la justice, consulte sur cette loi le Comité consultatif des droits de l'homme, dans lequel siègent des représentants des grandes religions, l'avis est mitigé. La loi sera alors, en dépit d'une résistance acharnée des troupes antisectes, dépouillée de son contenu. L'équilibre des forces a changé.
Immédiatement après ces événements, la MILS est d'ailleurs remplacée par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Message clair : se contenter d'être vigilant, et non plus partir en croisade ; ne pas frapper les sectes en soi, mais seulement celles qui "dérivent".
Depuis 2001 l'opposition des deux cultures administratives s'est envenimée. D'un côté le ministère de l'intérieur, le BCC avec les RG, globalement d'accord avec les chercheurs sur l'innocuité de l'écrasante majorité des nouveaux mouvements religieux, et de l'autre une Miviludes restée offensive et sourde à la critique, retranchée à Matignon. Cet antagonisme éclatera soudain au grand jour lors de l'audition des hauts fonctionnaires des différents ministères par la commission chargée du dernier rapport de décembre 2006 sur les sectes.
La plupart des fonctionnaires ministériels déclareront qu'il n'y a pas de problème, en premier lieu le chef du bureau central des cultes, qui spécifiera à propos des Témoins de Jéhovah, alors dans le collimateur, qu'aucun problème de pronostic vital d'enfant lié au refus de transfusion ne s'est posé jusqu'à présent, contrairement aux allégations qui évoquent... 45 000 enfants en danger.
Le directeur des RG osera ajouter qu'après enquêtes auprès des préfectures, de l'éducation nationale, de la DASS (direction des affaires sanitaires et sociales), des centres aérés, des organismes qui s'occupent de la jeunesse, on ne trouve que "quelques dizaines de signalements". Le chef du BCC sera alors pris à partie, sommé violemment de se rétracter.
Les paroles de Michèle Alliot-Marie sur la Miviludes ou de Valérie Pécresse sur les sectes n'ont donc rien à voir avec "la laïcité en danger", mais reflètent une évolution administrative de toute façon nécessaire juridiquement face à la Cour européenne des droits de l'homme, qui épingle la France depuis plusieurs années pour discrimination religieuse.
La culture administrative de la Miviludes, fondée sur la méconnaissance volontaire du terrain, ne permet d'ailleurs pas de combattre les sectes réellement dangereuses, mais les protège au contraire par la confusion qu'elle fait régner. Résultat : inefficacité plus discrimination ! La solution est dans un organisme sérieux, composé de représentants de la société civile et de chercheurs, comme Inform chez nos voisins anglais, qui n'est pas là pour condamner les sectes a priori mais pour informer sans fantasme l'Etat et le public. "

Une petite info....
Car si jon peut discuter de qui est le mieux placé pour lutter contre les dérives sectaires à perte de vue il apparait d'ors et déja que le plus grand danger (pour ses liens avec l'état français au plus haut niveau, sa pénétration insidieuse dans tous les pays européens) se nomme SCIENTOLOGIE
Donc après celle du 10 février, une deuxième édition de manifestation est d'ores et déjà prévue le 15 Mars 2008!
Toujours devant l'église du:
69, Rue Legendre
Paris, 17ème arrondissement
Métro Ligne 13, station Brochant ou La Fourche.
Horaires : vers 13h, afin d'éviter le syndrome "merde je me suis pas réveillé".
Pour un itinéraire plus précis, allez sur ratp.fr.
Plus d'informations sur:
http://partyvan.info/index.php/Project_Chanology/French

Vous pouvez déjà vous inscrire sur http://harbl.wetfish.net/cosplay/