Au nom de l’indépendance de l’information, François Bayrou soutient MediaPart

10/01/2008Par

L’une des ambitions de ce pré-site, qui était de lancer un grand débat public autour de la nécessaire indépendance de la presse, est en voie de se réaliser. Suivant l’exemple d’intellectuels, des responsables politiques de sensibilités diverses prennent, les uns après les autres, position en faveur d’un renouveau du pluralisme et apportent leur soutien à notre création d’un journal indépendant en ligne. Après Ségolène Royal le mois dernier, c’est au tour du président du Mouvement démocrate (Modem), François Bayrou, de répondre à l’appel de MediaPartet de s’alarmer du système organisé de consanguinité qui existe entre le nouveau pouvoir, celui de Nicolas Sarkozy, et les actionnaires de la presse quotidienne française. 

Au cours de l’entretien vidéo, que nous avons eu avec lui mercredi 9 janvier, François Bayrou s’indigne de « l’incroyable imbrication de consanguinité, de complaisance, de connivence, qui régit ce tout, tout petit monde qui se rend des services d’un côté, de l’autre… ». Analysant les difficultés que traverse la presse quotidienne française, il estime qu’elles sont certes en partie d’ordre économique. Mais à cette première crise, poursuit-il, vient s’en ajouter une seconde, « une crise d’indépendance », car il n’existe pas, en France, les garde-fous qui fonctionnent dans les autres grandes démocraties, empêchant une imbrication entre « l’argent, l’Etat, et les journaux ». Résultat, un « cercle infernal » : « les puissance d’argent travaillant avec l’Etat et possédant des journaux ».

Le dirigeant centriste vise explicitement les industriels Martin Bouygues (propriétaire de TF1), Arnaud Lagardère (Hachette), Serge Dassault (Le Figaro), Vincent Bolloré (Havas, Direct-8), « et le réseau qu’anime Alain Minc », le président du conseil de surveillance du Monde, « Il y a une somme d’intérêts croisés qu’aucune démocratie digne de ce nom ne devrait accepter », dit-il.


Multipliant les critiques contre Nicolas Sarkozy, François Bayrou revient aussi sur la soirée du Fouquet’s, le célèbre restaurant des Champs Elysées, où le président de l’UMP a fêté sa victoire, au soir du 6 mai 2007, en présence de la plupart des grands patrons et propriétaires de la presse quotidienne. « Cette nuit du Fouquet’s dit tout de l’état de la presse en France » ; tout des « engagements » de certains journaux, des « partis pris non déclarés… ». Le président du Modem pointe aussi la responsabilité de certaines rédactions où, dans ce climat, règne « moins souvent de la censure que de l’autocensure ». « Nicolas Sarkozy a démontré à plusieurs reprises qu’il voulait pousser la carrière des uns et barrer la carrière des autres », dit-il encore.

Ces propos prennent une importance particulière. De tous les candidats à la dernière élection présidentielle, le dirigeant centriste est celui qui s’est le plus fréquemment alarmé des menaces qui pèsent sur l’indépendance de la presse, et qui a placé au centre de sa campagne cette question du pluralisme. A de nombreuses reprises, avant la premier tour, le président du Modem s’est déclaré favorable à ce que l’on reprenne pour les médias le programme d’action adopté à l’unanimité, le 15 mars 1944,  par le conseil national de la Résistance : « Assurer la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent. »

François Bayrou ne s’est d’ailleurs pas limité à des propositions de principe. Rompant avec une règle de prudence de nombreux dirigeants politiques, qui osent rarement mettre publiquement en cause les actionnaires des grands médias de peur d’être privés d’un possible entretien ou d’une invitation à un « 20 heures », il a mis vivement en cause la politique éditoriale des dirigeants de TF1 ou encore de ceux du Monde

A deux reprises, lors de ses passages aux journaux de TF1, le samedi 2 septembre 2006, puis le samedi 2 décembre 2006, il a eu ainsi une vive altercation avec la présentatrice Claire Chazal, émettant des doutes sur l’impartialité de la chaîne, dont l’actionnaire, Martin Bouygues, est le plus proche ami de Nicolas Sarkozy (son témoin de mariage et le parrain de son fils). Lors du premier entretien, le candidat a en particulier mis en cause « ces puissances économiques [qui] détiennent de très grands médias ».

Au Monde, dont le président du conseil de surveillance, Alain Minc, est depuis de longues années le conseiller du même Nicolas Sarkozy, François Bayrou a par ailleurs fait grief de son éditorial juste avant le premier tour. Ecrit par le directeur de l’époque du journal, Jean-Marie Colombani, cet éditorial, publié dans le journal daté du 19 avril 2007, rendait le service insigne au président de l’UMP de le présenter comme le seul candidat légitime de la droite et du centre, à l’exclusion donc de... François Bayrou !  Minimisant la percée du candidat centriste,  - due selon lui, uniquement à « une impatience à gauche, face à un PS incapable de faire émerger une force sociale-démocrate moderne », Jean-Marie Colombani appelait clairement à « éliminer » l’intéressé : « Traditionnellement, dans un scrutin présidentiel, l'adage veut qu'au premier tour on choisisse et qu'au second on élimine. Cette fois, il faut éliminer au premier tour pour être sûr de pouvoir choisir au second. En dépit des confusions qui ont parasité la campagne, le seul projet qui s'oppose à celui de Nicolas Sarkozy et qui s'appuie sur une force politique capable de gouverner est celui de Ségolène Royal », écrivait-il.

Ce même 19 avril 2007, de Pau, François Bayrou répliquait à l’éditorial en faisant ce constat : « Naturellement, derrière tout cela, il y a des influences puissantes », des « hommes qui sont engagés dans les milieux d’affaires, les relations avec l’Etat », déclarait-il, mettant explicitement en cause Alain Minc et ses « commanditaires ».
Répondant à nos questions, le président du Modem revient sur « ce coup de pouce incroyable à Nicolas Sarkozy » et fait le constat que, huit mois après l’élection présidentielle, la situation de dépendance de la presse s’est encore aggravée. François Bayrou apporte donc son soutien au projet de journal indépendant en ligne, porté par MediaPart : « Je soutiens ce projet comme je soutiendrai tout projet du même ordre », dit-il. Et quand on lui demande ce qu’il pourrait espérer d’une presse indépendante, la réponse fuse : « le B- A BA : qu’elle respecte le pluralisme ; et qu’elle dévoile le dessous des cartes, sans populisme ».  

Son intervention constitue donc une forte invitation à amplifier le débat autour du pluralisme. Dans un communiqué, mis en ligne le 14 décembre 2007, sur son site internet « Désir d’avenir », l’ex-candidate des socialistes, Ségolène Royal avait plaidé dans le même sens, et appuyé l’initiative de MediaPart : «  Toutes les initiatives audacieuses qui tentent de changer la situation de la concentration de la presse méritent d’être soutenues, au nom de la liberté de l'information et du pluralisme. C'est le cas du récent projet MediaPart, né de la rencontre entre des professionnels du journalisme et des spécialistes du Web (…) Au nom du pluralisme des médias, je vous invite à leur donner leur chance en vous abonnant », écrivait-elle.

Au cours de la campagne présidentielle, la candidate socialiste avait, elle-même, déploré la « concentration des pouvoirs entre quelques mains, économiques et médiatiques ». Les Français, avait-elle encore dit, « ne veulent pas que le pouvoir soit confisqué entre les mains de quelques groupes médiatiques liés aux puissances d’argent et liés à un candidat. Ce n’est pas acceptable dans une démocratie et je crois qu’il faudra faire les réformes nécessaires pour mettre fin à cette concentration »

Dans les prochains jours, MediaPart se fera l’écho des autres prises de position que nous recueillerons, issues de toutes les sensibilités des courants démocratiques français. Des dirigeants de la gauche radicale à ceux de l’UMP, en passant par ceux du Parti communiste, des Verts ou encore des différentes sensibilités du Parti socialiste, nous les solliciterons tous, pour qu’ils prennent position dans ce débat. De même que nous solliciterons encore d’autres intellectuels, des écrivains, des artistes, des dirigeants syndicaux ou encore des industriels ou des financiers.

 

 

 

La bienvenue à monsieur Bayrou :-)
Voilà une nuance intéressante...
Un personnage qui défend une certaine idée de la société...

Je n'y crois pas une seconde... Mais le débat avec ses militants est toujours constructif !

Il nous manque le soutien (au moins de principe) de monsieur Sarkosy.

Je ne sais pas si on peut compter sur l'extrème droite ou gauche pour s'associer à un projet comme Mediapart, mais ce serait la "cerise sur le gâteau !"

cher MédiaPart,
Je ne comprends pas.

Je ne comprends pas comment on peut parler d'indépendance politique tout en cherchant et en affichant le soutien de dirigeants politiques.

Je ne comprends pas comment on peut parler de respect du pluralisme tout en écrivant, cher Laurent Mauduit, que la démocratie s'arrête à sa droite aux portes de l'UMP.

On parle beaucoup de Sarkozy et de la presse, mais, même si cela est sans commune mesure, les conseils de Michel Rocard adressés aux journalistes, ces soutiens de Ségolène Royal et de François Bayrou à MédiaPart sont également problématiques pour notre démocratie.

Le médiatique et le politique doivent être complètement séparés, l'un n'a pas à soutenir, à donner des conseils à l'autre. Et réciproquement.

Lors de sa dernière conférence de presse, j'ai porté un regard assez amusé sur notre cher président se permettant de donner des leçons de journalisme à des journalistes. Qui se sont trop souvent permis de donner des leçons de politique à des politiques.

C'est cette confusion des rôles qu'il faut stopper et je ne pense pas que faire la tournée des sièges des partis politiques afin d'obtenir le soutien de leurs dirigeants soit une bon début pour cela.

Le soutien des politiques comme François Bayrou qui a toujours prôné l'indépendance des médias par rapport aux politiques et a demandé l'inscrption de cette séparation dans la constitution est absolument logique. Tous les hommes politiques soucieux de pluralisme et de démocratie doivent soutenir des projets comme celui là. En revanche, Sarko qui excelle dans la concentration des médias à son profit, n'a aucune place ici.

Cher Bonbon,
Le seul dirigeant politique qui a toujours prôné l'indépendance des médias par rapport aux politiques et qui s'est toujours plaint du manque de pluralisme dans les médias appartient au parti auquel Laurent Mauduit fera l'économie d'une visite. J'ai nommé Jean-Marie Le Pen.

En ce qui concerne François Bayrou, comme vous l'a rappelé Abdelkader dans son commentaire, le souci du pluralisme coïncide avec l'ambition présidentielle, et le manque de pluralisme ne le gênait en rien lorsqu'il était ministre et ainsi sous les feux des flashs et des projecteurs.

A Franade

Je me trompe peut-être, mais il me semble qu’il y a un petit décalage dans l’appréhension de l’article qui génère comme un petit malentendu. Il s’agit essentiellement, il me semble, de solliciter différents acteurs et formations pour réfléchir sur comment ils se positionnent par rapport à l’indépendance de la presse, quels arguments ils proposent pour alimenter le débat autour du pluralisme. Je perçois, de mon côté, dans cette article, une invitation, de l’ouverture au sens le plus simple de ce terme.

pierre.turck

Ne voyez que pure malice à ma question mais si Nicolas SARKOZY avait, comme François BAYROU, la bonne idée de soutenir Mediapart - et il en est capable - vous en réjouiriez-vous?

En tout cas... Moi... oui !!!

Ce serait une très bonne nouvelle que notre président soutienne des projets comme Mediapart...

Si vous avez vos entrées chez lui, parlez-lui en :-)

Non ce serait triste à pleurer ! Autant arrêter tout de suite. Mais il en serait bien capable ! Ce ne saurait que mensonge et hypocrisie comme d'habitude.

« De même que nous solliciterons encore d’autres intellectuels, des écrivains, des artistes, des dirigeants syndicaux ou encore des industriels ou des financiers ». Euh ! et des ouvriers, des paysans, des artisans, des « gens de peu », ça ne vous intéresse pas de recueillir leur avis ?

Pierre Granet, ouvrier du livre

L'Humanisme : Regarder chaque geste, le plus humble soit-il, comme une manifestation divine.
Et comme le croyait Jean Paulhan, la Révolution française, c'était les privilèges des nobles pour tous.

C'est vous dire l'ampleur de l'attente que vous avez suscité.

Quand à , Sarkozy, au lieu de broder des mots creux et sans aucun intérêt pour la majorité d'entre nous, s'il veux s'abonner qu'il n'hésite pas, un abonné en plus ce sera toujours cela de prix. Et comme double effet il pourra juger en direct ce que pensent et disent une part, que je crois importante, des personnes vivant en France.

Non, surtout qu'il ne s'abonne pas, car ce sera encore avec les fonds des contribuables... Et de toutes façons, il ne comprendrait rien à la démocratie, la vraie.

Ils soutiennent aussi, j'en suis sûr, Le Projet, les anciens du C.N.R > http://www.dailymotion.com/video/x1irg4_lappel-des-resistants_events
Mais oui, ça va marcher ;-)

Soyons dignes du témoignage et la transmission du flambeau du CNR
Cordialement

Dommage quand même qu'on ait pas entendu le même Bayrou s'offusquer du manque de pluralisme des médias lors des débats qui ont précédé le référendum sur le traité constitutionnel. Mais enfin bon, ne boutons pas notre plaisir, même si le président du MODEM a fortement tendance à se plaindre principalement lorsque ce manque de pluralisme s'effectue à son détriment.

Et je pose la question : comment faire respecter ledit pluralisme dans la presse (puisque dans l'audiovisuel il y a des règles minimales) dans une configuration du style que l'on a connu en avril 2002 ?

Bonjour,

J'apprécie F. Bayrou et il aurait été un Président français plus digne de la France, des Français et de la fonction. J'ai d'ailleurs voté pour le MoDem aux dernières élections législatives.

Cela dit, il aura fallu qu'il rentre dans l'opposition pour se rendre compte de
la connivence des médias avec le pouvoir. Du temps où il soutenait le RPR,
cette connivence, qui ne date pas d'aujourd'hui, ne le génait pas.

Mais accordons-lui le crédit de sa naïveté passée.

Aujourd'hui, j'ai le sentiment que son discours tourne autour de cela uniquement,
même si l'on ne peut qu'être d'accord avec. Qu'il insiste d'avantage sur le contenu de la politique nationale et internationale Sarkozienne.

Prenons un exemple : le traité simplifié européen qui reprend quasi-complètement le contenu du traité constitutionnel. Comme chacun le sait, le traité simplifié va être ratifié par notre parlement, alors que ce même traité (sous une forme différente), a été rejeté par référendum.
Or F. Bayrou va voter pour ce traité (sans le crier sur tous les toits), et va ainsi être un acteur de ce qui n'est rien d'autre qu'un coup d'état, ce qui est contraire à l'idée de démocratie "apaisée" que F. Bayrou promeut.

M. Bayrou dit beaucoup de choses pertinentes, sensées et novatrices, mais a quelques manquements qui ternissent sont discours démocratique.

Abdelkader

Dans sa campagne présidentielle, François Bayrou proposait un traité simplifié, clair lisible par tous, qui serait voté par référendum populaire. Une fois élu président, Nicolas Sarkozy a repris cette idée de "traité simplifié" mais comme il veut tout faire vite, il n'a rien simplifié du tout et, comme vous dites, c'est quasiment un copier coller du traité constitutionnel mais "en pire" selon François Bayrou qui a affirmé et réaffirmé que ce traité était encore plus compliqué que la constitution rejetée par les Français et que c'était une manière de nier leur choix. Toutefois, il n'a pas voulu être tenu pour responsable, ou comme faisant partie de ceux qui seraient tenus pour responsables du "coup d'arrêt pour la construction européenne". Il a donc voté quand même pour ce traité qu'il qualifie de "totalement illisible". Cette décision quasiment à contre coeur de François Bayrou l'a aussi été chez de nombreux PS pour la même raison. Ensuite que les médias n'aient surtout pas insisté là dessus est une évidence et on sait bien pourquoi !!

Ayant réalisé cet entretien avec François Bayou, qu’il me soit permis un mot d’explication pour balayer d’éventuels malentendus.

D’abord, nous ne sous-estimons pas, à MediaPart, la crise du politique, qui est l’un des traits dominants de la vie démocratique française depuis plus de deux décennies. Au travers de formes multiples, de l’abstention longtemps en forte expansion jusqu’au vote protestataire lepéniste – par exemple le vote ouvrier de 2002 -, en passant par des flambées de colère, celles des banlieues par exemple, elle n’a cessé de se creuser et de prendre parfois des tournures inquiétantes.

Quand le projet MediaPart verra enfin le jour, nous chercherons donc autant que nous le pourrons à rénover le traitement de l'actualité politique. Nous nous appliquerons à ne pas tenir que la chronique de la vie interne d’appareils politiques, qui sont pour la plupart des partis de notables assez largement désertés de leurs militants, pour nous concentrer d’abord sur celle du pays réel. Pour enquêter sur ses crises et ses fractures, sur les mouvements sociaux multiples qui le traversent, sur les débats d’idées qui émergent dans les milieux des chercheurs, des intellectuels et qui ne trouvent pas toujours une chambre d’écho dans la grande presse. Pour enquêter sur les difficultés des « ouvriers, des artisans, des "gens de peu" », qu’évoque justement Pierre Granet. En bref, nous aurons à cœur de n’être prisonnier d’aucun agenda de communication d’aucun pouvoir, à commencer par celui de Nicolas Sarkozy, qui excelle en la matière.

Voulant lancer un débat sur la crise de la presse, sur les systèmes de connivence qui l’enserrent de plus en plus, sur le manque de pluralisme qui l’asphyxie, nous n’avons donc demandé d’aide à personne. Ce pré-site, et les vidéos des premiers membres de l’équipe de MediaPart, en portent témoignage : quittant des médias installés, beaucoup des journalistes qui nous rejoignent prennent leur risque, estimant que le projet d’un journal en ligne indépendant le mérite. En bref, alors que la presse quotidienne nationale est sous tente a oxygène, profitant d’aides publiques multiples, nous n’avons, nous, tendu la main à personne. Et sollicité aucun appui. Nous nous sommes lancés dans l’aventure, voilà tout, en comptant d’abord sur la dynamique que pourrait enclencher notre initiative.

Le débat étant lancé, faut-il pourtant en exclure les dirigeants politiques français, de toutes les sensibilités démocratiques, qui acceptent d’y prendre leur place ? Ce n’est pas le choix qu’a fait MediaPart, et pour une raison très simple : on ne peut pas appeler de ses vœux un grand débat public sur un sujet qui est au cœur de la crise démocratique française, et commencer ce débat par des exclusives ou des anathèmes. Et des anathèmes contre qui ? Contre tous les politiques, même ceux qui sont prêts à donner de la voix contre ces systèmes de connivence ? Contre ceux-là même qui sont les principaux acteurs de la démocratie, aussi anémiée soit-elle ? Convenons alors que MediaPart se serait exposé à une autre procès, autrement plus grave : un procès en «basisme » sinon en populisme. Ce serait tout de même un comble que du débat nécessaire sur la refondation de la démocratie les politiques soient exclus.

Tout à fait, l'indépendance journalistique ne consiste pas à éviter le débat avec les politiques bien au contraire! Cette indépendance s'exprimera en rencontrant TOUT le monde, en débattant librement sans aucune crainte de censure ou d'autocensure, et surtout en ne faisant jamais d'impasse sur certaines questions cruciales que des journalistes seraient tentés d'éviter.

En l'occurence, je trouve même que donner la parole à Monsieur Bayrou, en ces temps où Sarkozy monopolise l'attention des médias, est indispensable afin d'atténuer cette hyperprésidence.

Cher Laurent Mauduit,
Ne vous méprenez pas sur mes propos. Que les dirigeants politiques français débattent de démocratie, du pluralisme, de sa représentation à l'intérieur des médias, rien ne me gêne là-dedans, bien au contraire.

Mais puis-je seulement vous prier de relire le titre de votre présent article ?

"Au nom de l'indépendance de l'information, François Bayrou soutient MédiaPart"

Curieuse façon d'annoncer, d'amorcer un débat sur la démocratie dans les médias. Pour aller plus loin dans ma critique, parce qu'elle me semble - vous l'aurez sans doute compris - cruciale, j'avoue ne même pas comprendre le soutien de François Bayrou à MédiaPart alors que, dans son pré-site, les articles sur Sarkozy abondent déjà, ce qui fait pour le moment de MédiaPart un journal aussi "pluraliste" que n'importe quel autre existant... Mais peut-être que François Bayrou s'est dit que cet article changera la donne, peut-être que, pour François Bayrou, un journal devient ipso facto pluraliste lorsqu'il commence à parler de lui.

Vous vous êtes passés des soutiens politiques pour créer MédiaPart ? Continuez à vous en passer pour le faire vivre. Vous voulez une indépendance par rapport au politique ? Je ne vois pas comment l'obtenir si vous cherchez à prendre appui (car là est toute la définition du mot "soutien") sur les politiques.

Je me suis déjà exprimé sur le soutien de Ségolène Royal, et on m'a expliqué que MédiaPart n'y était pour rien.

MédiaPart ne peut avoir la même excuse concernant ce soutien de François Bayrou parce qu'il est allé activement le chercher pour ensuite s'en vanter.

Jana

@ Laurent Mauduit

Je pense effectivement qu'il est important de ne pas exclure, mais d'excercer une grande vigilance.
Peut-être aussi d'éviter des titres de billets "accrocheurs" .
par exemple :
"Monsieur Bayrou s'engage dans le soutien concret à l'indépendance de l'information"
au lieu de :
"Au nom de l’indépendance de l’information, François Bayrou soutient MediaPart"

Mediapart , à qui je souhaite une longue et belle vie, est un moyen parmi d'autres.

Je souhaite à tous les journalistes qui vont y contribuer d'être capables de "faire du neuf" à partir de leurs diverses expériences ailleurs. Ils ont, chacun et à juste titre, habitudes, réseaux et carnets d'adresses. A eux d'être vigilants, et à nous de les encourager. Bon vent à Mediapart.

Méfions-nous des laissez-pour -contre de la vie politique
Le point de référence dans l'aptitude de ces personnes à porter la démocratie,me semble etre,la campagne présidentielle qui a servie de révélateur avec cette volonté d'aller dans le sens du vent ou l'air du temps dans le seul but d'accéder au Pouvoir en refusant le jeu et le débat démocratique et surtout l'absence d'Idées à un moment crucial et important dans la vie politique française.
Aujourd'hui tous ces personnages politiques continuent à surfer sur cette vague
de protestations qui dépasse et de loin ,de trés loin les réglement de comptes et les mesquineries politico-politiques
Cordialement

Jana

@ edi

D'accord avec vous.

Je souhaite que Mediapart nous aide à "démonter" le marketing électoral, d'où qu'il vienne, pour savoir si en France nous sommes capables d'avoir et de soutenir une presse qui soit un véritable outil d'informations, de présentations de programmes, de moyens de réflexion , d'approvisionnement de débats au quotidien, et non des "tuyaux" de communication à perturber le fonctionnement des cerveaux , ou à gaver des oies...

Et, je le souhaite, avec beaucoup d'énergie, de sérieux et aussi de l'humour nécessaire pour parfois ramer à contre courant..

A Edi :
Je connaissais l'expression "laissez pour compte" , mais pas " les laissez pour-contre " : que voulez vous dire ?
J'ai du mal à suivre votre charabia, cher edi

Pardon " laissés pour compte " : c'est l'arroseur arrosé, tant pis pour moi

François Bayrou fait partie de ces politiques qui ont été victimes de la récupération de la presse et de sa transformation au fil des ans, en une industrie du feuilleton "vendeur".
Jean-Marie Le Pen (à qui on peut peut-être reconnaître que la presse l'a si systématiquement mal traité, qu'il n'eût plus d'autre choix que de se poser constamment en victime afin de rester sur les rails médiatiques), est dans la même "catégorie", pour des raisons diamétralement opposées.

L'autre "catégorie", celle des politiques qui font partie de la grande troupe du théâtre médiatique, ceux dont on parle chaque jour dans une succession d'épisodes addictifs, tout comme les séries TV et pour exactement les mêmes raisons (vendre du papier et la pub qu'il y a dedans), la catégorie de la sacro-sainte division de la France en une gauche et une droite, c'est-à-dire en gros l'UMP et le PS, au contraire vit sur ce vieux jeu médiatique et n'a aucun intérêt à voir se développer des alternatives comme MediaPart, courageuses, indépendantes, de qualité et potentiellement "dangereuses" pour le processus général décervelant ambiant.

Que François Bayrou soutienne MediaPart n'est pas surprenant, et il ne fait que représenter (plutôt bien) la "population MoDem" qui ne se reconnaissait plus nulle part mais qui, cultivée et sachant ce qu'elle veut pour elle et pour la France, commençait à adopter des comportements désespérés comme par exemple se désabonner du Monde et du Figaro pour s'abonner au Canard Enchaîné!..
Bayrou représente aujourd'hui la seule opposition crédible, mais certainement pas à la mode "PS" (qui n'est plus une vraie opposition, seulement le côté pile de la même pièce (de théâtre) dont le côté face est l'UMP. En ce sens, il ne risque pas de tomber dans le même piège que Ségolène Royal de souhaiter pour MediaPart un esprit favorisant la gauche dans un jeu anti-propagande sarkozyste (je ne dis pas qu'elle y est tombée, je dis que ce serait naturel vu le fonctionnement de son parti et du type "20è siècle" d'opposition qu'elle représente).
Au contraire, il cesserait de le soutenir s'il voyait que MediaPart se range (que ce soit à gauche ou à droite).

J'ajouterais que même si ses motivations étaient personnelles et électoralistes, elles ne le seraient pas dans le sens d'une récupération mais au contraire, dans le nouveau sens qu'il souhaite pour la politique, c'est-a-dire précisément dans le sens d'une presse libre et indépendante, une presse digne de citoyens responsables (sa vision du progrès/programme), non une presse de citoyens décervelés et accros aux propagandes et aux diversions people.
Vous pouvez traiter Bayrou de naïf, d'utopiste dans ce monde financier implacable, mais vous ne pouvez pas imaginer dans sa démarche, la moindre volonté de récupération, car elle serait contraire à l'essence même du renouveau qu'il souhaite représenter.

Pour vérifier mon propos, vous pouvez visiter ses différents sites et blogs, et ceux du MoDem, et vous verrez que "l'approche MediaPart" y est abondamment représentée, et depuis bien longtemps, avant même 2007. On peut d'ailleurs dire que les inquiétudes, la démarche et l'approche de MediaPart, se retrouvent également dans bien des pays, également touchés par le même fléau, à commencer par la prestigieuse BBC elle-même, où les mêmes doutes et questionnements reviennent très régulièrement, sur la liberté d'opinion et bien sûr l'indépendance de la presse, pilier essentiel d'une démocratie saine, voire de la démocratie tout court.

Comment se fait-il que dans une des plus vieilles démocraties d'Europe ,il n'y a plus d'opposition et que de grandes figures socialistes passent du coté sarkozien?
D'ou proviens ce malaise?
Quels en sont les véritables causes?

Causes qui ont causées un éffritement dans les fondements de la République
Cordialement

Vastes et intéressantes questions qui, pour le coup, seraient plutôt destinées à des chercheurs, en tous cas impossibles à traiter en quelques lignes dans un commentaire de lecteur...

En deux mots, je me tournerais vers deux ou trois premières pistes évidentes:
- La disparition du bloc soviétique, qui représentait, de près ou de plus loin, la base "viable et concrète" de tous les gens de gauche.
- Le grand lavage de cerveaux de la société des consommateurs, société où la culture, le recul, la réflexion, et même tout simplement des trucs aussi innocents que le calme, la tranquillité, la contemplation, sont balayés par la frénésie et l'immédiateté dans tous les aspects de la vie.
Je verrais assez la constante baisse du niveau scolaire et universitaire comme une cause de la perte de ce libre arbitre des citoyens, à moins que c'en soit une conséquence? Un moyen, en tous cas, ça c'est clair.
- Et au niveau strictement français, un grave manque de faculté d'adaptation, une peur de soi-même quasi-pathologique, cause de l'immobilisme mental où nous sommes coincés, mais ici aussi, comment ne pas se poser la question de l'Etat, non comme "sempiternelle réponse à tout sans lequel nous serions perdus comme des petits enfants", mais comme cause insidieusement historique des origines ou de la lente élaboration de cette anesthésie?

la reponse a ces questions creve les yeux et pourtant il me semble que personne ne la voit.
je viens de rentrer en Europe apres cinq ans d absence et j ai l impression de voir mon pays au rayon x que le temps et la distance tres souvent declanche.
depuis la debacle de 4o soit plus de soixante ans, l Europe en general et la France en particulier se cherchent une identite, en 1945 lors de la Liberation un vent nouveau a souffle sur le continent. tout d abord exsangue, les fonds sont venus d ailleurs, et avec les fonds sont venus un mode d emploi et une liste de suggestions pour le consomateur. ON nous a propose de modeles de societe et de culture differentes de celles qui etait en fait inscrites dans notre code socioculturel, "on" ,je dois etre plus precis, les fils bien leche de nos resistants et autres patriarches qui sont tous revenus barde de diplomes d ecoles de commerce americaine ,qui, devant le vide ambiant, assaisonne a un nepotisme flagrant s en sont donne a coeur joie pour nous vendre a peu pres tout et n importe quoi pourvu que sa endorme . Nous avons consomme le poison qui nous a eloigne lentement mais surement d un rationnel finalement tres terroir qui etait le notre cest vrai que meme aujourd hui vivre a la campagne ca fait plouc, et un metteur en scene americain, adule en France je ne sais d ailleur pas pourquoi a dit qu il valait mieu mourrir en ville que vivre a la campagne...... Aujourd hui nous avons l image dans sont dernier bain de revelateur et les contrastes sont precis.
NS, oui lui , le petit, a quand meme un frere aux US. Fonctionnant comme un immigrant et quel americain n a pas cet esprit, (de l immigrant) il est la finalite de tout un schema . la politique tel que nous la comprenions celle qui decide du prix du pain quand meme, n est plus la preocupation de la femme de menage, sa focale a elle, est sur le feuilleton TV made in US, et quelle chance, meme a l Elysee on tourne un feuilleton, donc ,democratie ,opposition, des mots qui ne veullent plus rien dire pour des electeurs assomes et conditionne, voir cerveaulaves, d ou le malaise et surement a mon avis les veritales causes sont la.
pour embryon de preuve, les pays scandinaves, qui nont pas ete liberes, mais chez qui la socioculture a mieux resiste, car moins tributaire, on va au boulot a velo, quand chez nous , la faussse blonde y va en quatre quatre "cherokee jeep", quarante pour cent des suedois n ont pas de permis de conduire, pas besoin, le francais d avant la guerre j en suis sur etait pret pour ce genre d evolution mais quelqu un l en a dissuade, c est "cool" de consomer stupidement.
donc les notions de republique ont disparue avec la mort de Degaulle ,qui avait vu juste et avait mis les ricains dehors, mais comme on le dit pour la vermine, tu les mets a la porte ils rentrent par la fenetre.
CRABETAMBOUR

Merci d'avoir si bien restitué la vérité.

L'objet de ce projet est une mutation naturelle et saine de la presse.

Agora Vox a commencé le cycle avec des rapporteurs "citoyens", Média part le professionalise.

J'apporte mon grand soutient même si j'attends de voir le résultat.

Bravo pour cette grande initiative.

Moi je pense que ce qu'attendent nombre de personnes c'est qu'on arrête des soutenir sans soutenir, de critiquer sans vraiment le faire.

Ce que l'on veux, c'est de la transparence!! Tout simplement!

Qu’entendez vous par soutient ?

Aujourd’hui pour toute personne doté d’un sens critique a peu près aiguisé il ne fait aucun doute que l’état de la presse française est alarmant. L’information qu’elle distille a quelque exception près est soit tronquée soit déformée voir parfois mensongère dont acte.
Et après qu’attendons nous du soutient de tel ou tel personnalité vis-à-vis de votre initiatives surtout quand elle évolue au sein d’un groupement politique quelqu’il soit.
Chaque représentant d’un pan de l’opposition actuel ne pourra que vous féliciter de votre démarche d’un journalisme indépendant et nous faire part de l’extrême nécessité d’un renouveau du journalisme. Malheureusement toute personnalité politique ira la ou l’intérêt supérieur de sa formation (ou simplement son intérêt personnel) le conduira. Je ne fais pas de procès a monsieur Bayrou et je ne met pas en cause la sincérité de son engagement pour un débat démocratique ; mais je n’attend aucunement son soutient. Que son constat final soit le même que celui des créateurs et des adhérents tant mieux et que vive le débats les solution ne seront pas les mêmes pour tout le monde
Ce n’est pas l’indépendance de la presse que j’attends mais celle des journalistes qui la font vivres. Il me semble que lorsque l’on met en place une initiative telle que la votre c’est bien que l’on se rend compte que cette indépendance s’effrite et qu’un journalisme éthique disparaît
J’accepte et je prends très au sérieux les motivations des personnes qui ont fait le choix difficile de quitter une maison pour tenter l’aventure Mediapart il est important de savoir ce que l’on vient chercher ici et qui mieux que les plumes de votre collectif peut nous l’expliquer.
Alors, que les politiques ou les influents de tout bord aient le desir nous expliquer leur adhésion a cette nécessite démocratique je dis très bien, et qu’ils soit le plus nombreux possibles cela nous permettra de croire que le débat public et politique pourra peut être évoluer vers du mieux. Mais s’il vous plait n’ayez pas la modestie de croire que leur soutient est important dans votre démarche. Le seul soutient qui portera du crédits a votre actions serra me semble t’il celui du nombre de personne qui vous lirons et qui contribuerons à sauver cet héritage qu’est le notre la libre pensée le libre choix .Cela ne dépends pas de tel ou tel soutient mais de la qualité de vos articles de vos questionnement et surtout, surtout de votre capacité a garder cette indépendances que vous etes venue retrouver.
Peu m’importe de trouver ici des articles qui ne me plaise pas ou qui ne correspondent pas a mon courants de pensé seul compte : votre objectivité, votre indépendance, votre honnêteté ainsi que la qualité de vos investigations. Et si cela m’ébranle dans mes convictions si cela me chagrine, tant mieux je n’attend pas d’une presse qu’elle me plaise mais qu’elle m’informe en toute sincérité .D’où l intérêt second de votre démarche qui est de pouvoir ensuite partager avec vous et d’autres les sensations et sentiments que j’aurais a vous lire.