Le journalisme au défi du sarkozysme

08/01/2008Par
Auteur: 
Edwy Plenel

Tout est résumé à la page 44 de L’aube le soir ou la nuit, ce portrait de Nicolas Sarkozy en candidat par Yasmina Reza, paru l’automne dernier chez Flammarion. Voici ce que la dramaturge écrit : « Quelques jours plus tard, le même Laurent me dira, la réalité n’a aucune importance. Il n’y a que la perception qui compte ».  Laurent, c’est Laurent Solly, alors directeur adjoint de la campagne du futur président de la République et, depuis, recasé dans les hautes sphères de TF1, la chaîne de télévision du groupe Bouygues. Quant à cette confidence, elle est un terrible défi lancé à la face du journalisme dont l’actualité vient encore d’être illustrée par la conférence de presse élyséenne du mardi 8 janvier.  

Car notre matière première, à nous, journalistes, c’est justement la réalité : la déchiffrer, la connaître, la questionner, l’expliquer, la découvrir, etc. C’est même l’unique raison d’être de cette profession puisque, pour le reste, à savoir l’opinion, le jugement, le commentaire, le point de vue, etc., ce n’est aucunement notre privilège, mais la liberté de tout citoyen. En revanche, arpenter le réel, aller à sa rencontre, le replacer dans son contexte et son histoire, faire entendre sa complexité et sa diversité, vérifier, recouper, préciser, rectifier, c’est là un métier où la compétence et l’expérience professionnelles rejoignent une nécessité démocratique : pour se forger un jugement pertinent, mieux vaut être bien informé.

Or, depuis sept mois, l’hyperprésidence sarkozyste a choisi un registre exactement opposé, celui de l’irréalité. Son écrivain public, Henri Guaino, rédacteur des discours présidentiels, l’a théorisé : il faut « raconter une histoire » aux Français. Peu importe qu’elle soit vraie, voire même crédible, l’important c’est qu’elle fonctionne le temps d’une séquence, à la manière d’un bon scénario. Dans un livre récent, paru à La Découverte, Christian Salmon a rappelé ce que ces techniques politiques du Storytelling devaient aux usages du marketing. Il s’agit bien de caser un produit, quitte à vendre du rêve ou du vent. D’où l’importance, ici, du verbe qui en vient à détrôner l’action.

Le président parle bien plus qu’il n’agit, et ses discours sont le semblant du faire. S’il assume sans embarras ne pas en être l’auteur, laissant sa plume officielle les commenter publiquement, c’est qu’ils n’ont qu’une importance relative. Ce n’est pas tant leur contenu qui importe que l’impression qu’ils donnent. Ils ne sont utiles que dans la mesure où ils garantissent le mouvement, créent l’agitation, suscitent l’exégèse. Si le sarkozysme semble insaisissable, au point d’ajouter à l’absence criante de contre-pouvoir une cannibalisation et une tétanisation de l’opposition parlementaire, c’est parce que son moteur est la déréalisation. 

Depuis quelques mois, les Français semblent transformés en spectateurs d’un roman présidentiel. Oui, un roman, autrement dit une fiction, et ce n’est pas un hasard si sa dimension sentimentale finit par s’afficher autant que son ambition politique. Nul hasard non plus si, à l’écoute des successives péroraisons présidentielles, on finit par se dire que les mots n’y ont plus de sens véritable, que les références y sont réversibles, que les valeurs y sont interchangeables. Comme s’il ne s’agissait plus que de leurres, entre appâts politiques et hameçons médiatiques. Tête à queue que les hommages aux figures historiques du socialisme suivies par l’étalage gourmand d’envies de luxe, de richesse et de possession – imagine-t-on Jean Jaurès, Léon Blum ou Guy Môquet « bling bling » ? 

Couper-coller encore que les refrains sur la moralisation du capitalisme financier quand, à l’évidence, il trône au cœur du pouvoir, de ses relais amicaux et de ses soutiens médiatiques, des intérêts qu’il défend et des clientèles qu’il sert. Court-circuit enfin que cette « politique de civilisation » d’abord revendiquée comme une invention présidentielle alors qu’ils s’agissait d’une citation cachée, et finalement assumée comme une référence à l’œuvre d’Edgar Morin, figure intellectuelle de la gauche. Car c’est dans l’histoire du socialisme et de son aspiration, certes déçue mais maintenue, « à plus de communauté, de fraternité et de liberté », que le sociologue enracine cet horizon d’espérance. Mieux encore, parmi les buts de cette politique réinventée telle qu’il l’a théorisée dans un livre de 1997 chez Arléa, Morin énonce cet impératif fort éloigné de l’actuel narcissisme élyséen : « Moraliser (contre l’irresponsabilité et l’égocentrisme) ».

Ce tourbillon est fait pour désorienter – l’opinion, l’adversaire, les médias –, et il y réussit souvent. Dès lors, on voit bien qu’au-delà de sensibilités partisanes, politiques ou philosophiques, une responsabilité particulière incombe au journalisme français face à ce pouvoir sans partage qui ne connaît d’autres limites que lui-même. Si ses discours nous submergent, si son agenda nous obnubile, si son imaginaire nous envahit, ceux qui nous lisent, nous regardent ou nous écoutent seront littéralement perdus. Egarés devant ce spectacle en essuie-glace où tout s’efface, tout s’oublie, tout se vaut.

Un confrère vient très paisiblement d’illustrer le travail qui nous attend. Dans Sommes-nous des paresseux ? (c’est au Seuil), Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques, a repris, pour les démonter une à une en trente questions, les affirmations péremptoires que la parole sarkozyste a réussi à imposer dans le débat public. Allez y voir et vous verrez que, du « travailler plus pour gagner plus » au « ministère de l’immigration et de l’identité nationale », c’est bien une fiction, donc des illusions mensongères, que l’on tente, aujourd’hui d’imposer face à la réalité et à ses vérités dérangeantes. 

Le journalisme, ce pourrait être modestement cela : défendre le réel, sa connaissance et son investigation, contre l’irréalité des démagogies et des idéologies.

Double commentaire pour dire combien je suis heureux de lire des mots aussi proches de ce que je n'avais pas le talent d'exprimer, et mes craintes d'un réveil difficile pour les citoyens que nous sommes (à ma décharge, je regarde actuellement la fin de The Truman Show).

Christophe

Dans la série le retour du réel, un documentaire édifiant et d'une rigeur journalistique devenue trop rare sur arte hier soir :
" Allemagne, un passé qui ne passe pas".

Olivier, 38 ans, vivant à Francfort

Merci effectivement pour cet article, et pour sa conclusion. Je suis cadre en entreprise et je suis souvent atterré des affirmations, présentations, projets de mes dirigeants, souvent en décalage complet avec la réalité. Et il faut ramer, ramer, ramer derrière pour essayer de corriger le tir, revenir au réel, aux hommes, aux processus. Entièrement d'accord avec votre conclusion. Un exemple (d'ailleurs évoqué à travers le livre de Guillaume Duval) : l'immigration. Il parait maintenant évident, à travers les discours de ces dernières années, que les immigrés sont un problème et viennent manger le pain des français. Mais je n'ai jamais vu d'étude approfondie sur le solde purement économique de l'immigration :
* un immigré qui arrive à 22 ans illégalement en France, et qui travaille au noir pendant 10 ans, qui éventuellement se marie et a des enfants, est il vraiment un poids et une misère que la France ne peut accueillir? (car comme on sait, la France ne peut accueillir toute la misère du monde)
* L'Espagne présentée comme un miracle économique ces 10 dernières années est aussi un pays qui a accueilli des centaines de milliers d'immigrés sud-américain
Alors quelle est la réalité?
Je suis également frappé par le manque de chiffres, de graphiques, de tableaux, présentés dans les journaux (ne parlons même pas de la télé). En entreprise, nous nous appuyons en permanence sur des chiffres pour essayer de cerner un problème, et de mieux décrire la réalité...

Cher Olivier,

Pour prolonger l'échange, deux exemples précis et chiffrés tirés du livre de Guillaume Duval :

- contrairement à la vulgate imposée par le "travailler plus pour gagner plus", la France est un des pays développés où ceux qui occupent un emploi produisent le plus de richesses : selon le "Bureau of labor statistics", qui dépend du ministère du travail américain, une personne employée en France en 2006 a produit en moyenne 73 400 $ de richesses contre 65 700 pour un Anglais, 59 900 pour un Allemand, 57 800 pour un Japonais…

- contrairement à l'idée véhiculée par la même antienne de travailleurs trop protégés et trop favorisés, parmi les vingt pays européens qui disposent d'une sorte de SMIC, la France est le pays où la proportion de salariés payés au salaire minimum est la plus élevée : avec 17 % de salariés au SMIC, notre pays est très loin devant la Grande-Bretagne (3 % !) et seulement approché par la … Bulgarie !

Ce livre purement factuel vaut tous les commentaires. Et, quelque part, il nous fait un peu honte : notre profession n'a pas assez bataillé, pied à pied, sur ce terrain des faits.

Bonjour,

Dès qu on utilise des chiffres et encore plus des ratios, il s’agit d’être très vigilant.
Déjà, 57794, 65684, 59870 et "73134" pour la France ne deviennent pas 57800, 65700, 59900 et "73400".
Peut-on rajouter les Etats Unis, avec 81454, ce qui permettra de mieux juger, il me semble, le tableau final. Faudrait-il aussi rajouter le chiffre chinois ? Les comparaisons, c’est bien, mais avec tout les acteurs, c’est encore mieux, quel que soit l’avis que l’on essaie de défendre d’ailleurs.

De plus, une simple recherche Internet permet de mettre en évidence les nombreux débats concernant cette question de la productivité. On n’y parle de : ratio de la population d'âge actif à la pop totale, le taux d'emploi au sein de la pop d'âge actif, le volume de travail par personne employée, et enfin la productivité horaire apparente du travail, sans même parler d’exclusion du marché du travail qui se fait majoritairement en France au détriment des segments les moins qualifiés et les moins productifs de la population active…

Si l’on parle de tendance (plus représentative qu’une simple année), les résultats sont encore plus contradictoires et mitigés pour notre chèr pays.

Concernant, votre explication sur le Smic ou plutôt « d'une sorte de SMIC », je serais alors encore plus vigilant concernant ces comparaisons internationales….peu représentatives et surtout peu justes.
De toute façon, a t on besoin des chiffres des autres pays pour ne pas sentir une précarisation du salarié en France ?

Pour illustrer encore le principe de désinformation -c’est à dire de prouver du faux avec du vrai-, avec lequel vous flirtez dangereusement ici, prenons l’exemple de Mr Bouton, président de la Société Générale. En fin d’année, celui-ci discourait dans Les Echos du pouvoir d’achat, comme quoi son groupe avait permis d’augmenter le pouvoir d'achat de ces employés. Il prenait deux chiffres :le salaire moyen et l’augmentation de la masse salariale.
Encore une fois, les chiffres avancés étaient indiscutables, mais parle t-il de la disparité entre ces salaires. Car si vous augmentez que les cadres (je prends cet exemple par pur spéculation….) , vous augmentez bien le salaire moyen (masse salariale/employé) et la masse salariale mais certainement pas le pouvoir d’achat de l’ensemble de vos employés…

ftp://ftp.bls.gov/pub/special.requests/ForeignLabor/flsgdp.txt
http://www.banque-france.fr/fr/publications/ner/ner110.htm
http://www.senat.fr/rap/r06-189/r06-18944.html

Effectivement, le journalisme a un véritable défi à relever face au sarkozysme! En-a-t-il les moyens, les compétences voire la volonté ? Sur certains aspects, une partie de moi en doute parfois, mais je l'espère et c'est aussi une des raisons qui m'a encouragée à m'abonner et à participer à l'aventure MédiaPart.

P.S : J'ai hâte de lire l'opinion de Guillaume Duval. Merci pour le conseil. Une rubrique avec d'autres perles littéraires de ce genre ne serait pas de refus!

« Ce tourbillon est fait pour désorienter »

J'ajouterais que la poussière que l'on jette à nos yeux n'est pas seulement un leurre déconcertant. Plus important, la communication du candidat Sarkozy — et encore aujourd'hui du Président Sarkozy — c'est le casse du siècle ! Un hold-up sur la redéfinition des concepts (e.g. laïcité, nation, identité, pouvoir d'achat, travail...).

La gauche française s'est montrée incapable de résister au brigandage sémantique inspiré des sciences politiques et sociales américaines. Elle s'est laissé prendre aux pièges rhétoriques, aux glissements sémantiques. Plutôt que de les relever, les redéfinir, elle a joué un jeu dont elle ne connaissait pas, ou ne maîtrisait pas, les règles. « Moral Politics », et surtout « Whose Freedom ? The battle over America's most important idea » de Georges Lakoff, donnent quelques clés essentielles. Se rappeler égalementdu B-A BA de la grammaire, notamment la thématisation et la rhématisation des discours.

Plus grave, et je suis d'accord avec E. Plenel, les journalistes — ou leurs rédactions — semblent pour le moment avoir autant de pertinence et de mordant à relever ce nouveau défi qu'une assemblée de poules devant une brosse à dents.

On l'aura compris, la réalité ne compte plus véritablement dans les cercles imbriqués du pouvoir, les spin doctors se chargent de présenter de nouvelles perceptions prêtes à la consommation.

Même les chiffres ne résistent pas : on casse les thermomètres (taux de chômage, inflation, croissance, indice pouvoir d'achat, trou de la sécu...) Plus de fièvre ? Donc, plus de malades !

kairos

Je suis de ceux qui comptent sur vous et votre équipe pour nous sortir un peu de ce journalisme d'ébahissement, sinon d'émerveillement ... et redonner tout son tranchant à l'analyse des faits, pour montrer, entre autres, la part d'ombre du nouveau roi soleil...

Je crois en effet qu'il faut se battre sur le terrain des faits! Et relever méthodiquement et laborieusement ceux qui viennent en contradiction flagrante avec les discours anesthésiants:
Qui a lu le BO du 20/12/07 publiant les dates du baccalauréat 2008? Par exemple: Filière S, épreuves concentrées sur 4 jours successifs (du lundi au jeudi). Savez-vous que les jeunes handicapés ou malades qui peuvent légalement disposer du tiers temps supplémentaire pour composer vont devoir effectuer 31.5 heures d'épeuves en 4 jours (de 8h à 19h20), auxquelles viendront s'ajouter les temps de soins, de transport, etc... Est-ce cela que l'on appelle l'égalité des chances? Doivent-ils désespérer de passer le BAC en juin? M. Darcos et ses services ont certainement une solution "adaptée" à l'avenir de ces jeunes dans notre société de performance économique!

La démocratie face au sarkozysme
J'adhère totalement à cette thèse de la politique de l'irréel.
Tout le 20ème siècle a été parsemé par cette volonté de soustraire la société de son véritable contexte et d'effacer certaines préoccupations, notamment celle qui apparait fondamentale:la liberté de penser.
Ces dérives scénaristiques gommant le réel se sont traduites par des dictatures: le nazisme,stalinisme,maoisme et bien d'autres...
Cette démarche trouve son aboutissement en ce début du 21ème siècle.21ème siècle
qui débute véritablement avec le système sarkosyste.Si ce principe trouve son inspiration dans le passé sombre de l'Histoire,il s'appuie et s'affine avec les nouvelles technologies:certains médias comme la télé qui joue un rôle "d'informateurs assermentés" . "Ce vu à la télé" est perçu par les téléspectateurs comme "une vérité".
Cette rupture politique s'inscrit dans une démarche contre-révolutionnaire avec remise en cause des acquis historiques qui ont amené la démocratie,la maîtrise de l'information du présent afin de manipuler le futur.
Ce principe totalitaire ne se met pas en place.Il est fonctionnel.
Les nouvelles technologies vont infléchir,inspirer les décisions politiques.
Applications déjà mises en pratique dans la vie quotidienne:vidéosurveillance, sons haute fréquence utilisés contre les jeunes dans les banlieues, soumission de l'information, mouchards électroniques , écoutes...
Toujours dans un but répressif afin d'occulter l'incapacité, l'incompétence, les faiblesses et les peurs de ce nouvel Etat.
Le sarkosysme va nous révéler toutes les tares et dérives d'un Etat qui refuse de gouverner un pays,de gérer la cité,trouver des solutions humaines aux grands maux de la société. Serait-ce une traduction "personnel du pouvoir"? L'histoire a toujours démontré que, dans des périodes sombres, des femmes et des hommes d'horizons, de cultures, d'origines diverses se sont dressés pour faire barrage contre les injustices historiques.
Je vous remercie pour la pertinence de votre article qui met en lumière le fondement même d'un nouveau et moderne principe totalitaire: le sarkosysme

Je suis d'accord avec cet article.

Sauf ... qu'au final il ressort un avis très négatif de "l'ensemble" Sarkozyste alors qu'il n'a été discuté que de forme et pas de fonds. En résumé sa politique est mauvaise puisque la forme est critiquable.

On peut critiquer ce grand cirque médiatique mais il est en phase avec le grand barnum de la démocratie d'opinion qui donne à chacun la possibilité d'imposer son quotidien (imaginaire ou non) en vérité universelle et collective.

On a tendance à oublier également que rien n'a été inventé par notre président actuel. De Gaulle a promis l'Algérie française, Mitterrand s'est glorifié en dur de la gauche et Chirac s'est même présenté en homme de droite! La sortie de Ségolène Royal pendant le débat lors du deuxième tour sur les enfants handicapés était un bijou de la sorte. Et que penser des larmes d'Hillary qui lui ont permis de remporter la primaire du New-Hampshire?

De l'effet des médias de masse sur ceux qui les regardent.

En référence à la citation de l'article d'Edwy Plenel : "La réalité n’a aucune importance. Il n’y a que la perception qui compte", la perception opère au niveau de la puissance des images, bien avant que de réagir au pouvoir des mots.
Les médias de masse sont "visuels" avant que d'être "audio". Et en ce qui concerne la politique, c'est toujours le même motif qui prévaut : UN en face d'une assemblée lobotomisée, grégaire et rendue muette. (revoir la société du spectacle de Guy Debord, qui, aujourd'hui, est devenue le spectacle à satiété).
Et l'opinion se repaît plus volontiers de la rumeur (qui, je le rapelle, passe aujourd'hui par les images et leur immédiateté) que d'un véritable travail d'analyse et d'investigation qui lui, est un travail d'écriture et de longue allène.

Un travail d'analyse de fond est absolument nécessaire en ce domaine, car la France est sous le joug de la linguistique et du verbal, et ne pense pas ce qui fait image, et une image est toujours perçue comme vraie, et cela passe par le corps avant que d'être conceptualisé par l'esprit.
On peut d'ailleurs en mesurer aujourd'hui les effets sur les adolescents, dont les capacités à prêter attention se voient lentement, mais sûrement, réduites au minimum.

Comme le disait Nietzsche, c'est le corps qui philosophe.

Je vous propose cette petite expérience de perception : revoir les informations qui nous aveuglent depuis des mois en coupant le son ! On pourrait évaluer le travail de sape opéré par les médias télévisuels (et il n'y a pas d'oreille dans ce terme) et le formatage des cerveaux qui les consomment.

La politique de non-civilisation prônée par ceux qui nous gouvernent et qui contrôlent par la même occasion ces armes silencieuses qui ne vendent pas seulement « du temps de cerveau humain disponible », mais des cerveaux dociles et dépolitisés au Pouvoir, nous mènera-t-elle aux derniers jours de ce qui nous reste d'humanité ?

La question du retour au réel de notre vie quotidienne est vitale aujourd'hui, et plus encore la manière de faire connaître le travail fait à Médiapart à un public plus large, car les personnes qui adhérent à ce projet sont déjà acquises à votre cause.

Le phénomène Sarkozy que vous illustrez bien à travers l'hyperprésidence, la mainmise sur les medias y compris économiques, par amis du CAC interposés, la peoplisation érigée en mode d'existence quotidienne de la fonction présidentielle, mérite qu'un media enfin réellement indépendant comme le vôtre, informe des Français, pour l'heure parfaitement anesthésiés pour les uns, ou sous le charme, pour d'autres, sur la réalité de leur histoire, et non celle que veut leur raconter le Président.
Il est temps que les citoyens comprennent que des gesticulations, des tromperies éhontées, des promesses qui n'engagent que ceux qui les reçoivent, et le sentiment d'une hyperpuissance alimentant un ego surdimensionné, n'ont aucune chance de constituer les ingrédients de la réussite du pays et ne servent au contraire que l'intérêt personnel de celui qui, depuis son plus jeune âge, ne rêvait que de la fonction suprême, comme un enfant rêve à un jouet , longtemps convoité.
Même si à travers votre combat, votre route sera jonchée d'obstacles et de chausse-trapes que le pouvoir et certains de vos confrères ne manqueront pas d'installer, celui - ci représente une oeuvre de salut public.
Courage et merci.

les voeux de sarkozy sont l'expression d'un constat d'échec.
Il noie le poisson en faisant son show, toute sa politique réside sur son énergie qu'il ne cesse de mettre en avant.
Son comportement, offensif/rassurant/présomptueux/ est le signe de son incapacité à mettre en avant des solutions concrètes (pouvoir d'achat/chômage et j'en passe).
Un discours d'une heure fondée sur la politique de civilisation voila qu'il veut changer la mentalité des français et demain ?? faudra qu'on ressemble tous à sarkozy !!
En résumé cette conférence montre clairement qu'il ne tiendra pas ses promesses sauf celles qui consistent à nous endormir et à remettre en cause nos acquis (temps de travail, sécu, santé, éducation...) tout doucement il veut convertir la france au système libéral américain.
Grâce à l'ouverture il peut enfin cautionner sa politique. Merci kouchner et aux autres...
Rendez-vous à fin 2008 pour en faire le constat.
Et oui, malgré l'image d'homme du changement et de la rupture il incarne le conservatisme mais est prêt à tout pour favoriser les grandes fortunes , ses amis (ex l'envolée de l'action de TF1 hier) quelle aubaine pour tf1 et M6 de gérer à eux seuls les budgets publicitaires.
Réveillez-vous journalistes et économistes à moins que vous aimez vous faire mener en bateau !!
Je pense qu'il y a de quoi s'inquiéter, on s'oriente avec lui vers une société de plus en plus inégalitaire, exemple la dé pénalisation pour abus de biens sociaux, en gros si vous êtes un escroc riche ou puissant vous n'avez rien à craindre, voila le message qu'il veut faire passer.
Je m'arrête là car la liste est trop longue.
SMILE lol

je suis d'accord avec ce commentateur, sauf sur le point (alinéa 4) qui dit que Sarko ne tiendrait pas ses promesses. Désolé, il a tenu la principale promesse de son programme électoral: faire un cadeau fiscal der 15 Mrd Euros aux plus aisés. Pour le reste, il peut se permettre de mettre de l'eau dans son vin qu'il ne boira jamais. Mais les français l'ont élu, en grande partie pour son côté bling-bling. Il va falloir faire avec et payer les dettes qu'il a contractées avec ses 15 mrd donnés! C'est cela le sens nouveau du terme de "civilisation" à la sauce brunie. Il ne reste que la dérision puisqu'il n'y a plus d'opposition pertinente!
KWerner

« Ce tourbillon est fait pour désorienter ». Je trouve le terme « désorienté » presque trop indulgent. « Ce tourbillon » a aussi une vocation : celle d’abêtir et de paralyser les esprits. Je suis étonnée que l’influence d’Edgar Morin dans les manœuvres médiatiques de l’UMP, comme de ce gouvernement, ne sorte qu’aujourd’hui sur fond de polémique à partir de l’utilisation du concept de « politique de civilisation ». La récupération du paradigme de la complexité, par cette formation politique en particulier, dont Egard Morin est un penseur majeur et remarquable remonte à plusieurs années maintenant. Mais il faut effectivement souligner qu’il s’agit, comme bien souvent, de la récupération d’un modèle (pressenti efficace pour un objectif) et surtout de son détournement à des fins pas toujours vertueuses. A l’instar d’une certaine conception du Management, on s’attache à démontrer que quiconque, aujourd’hui, ne saurait penser et faire une chose et son contraire à la fois relève d’une intelligence médiocre, si ce n’est inepte. Alors, tout le monde veut adhérer à ce mode d’exposition et de compréhension des choses (qui n’est alors qu’une partie visible de tout un ensemble philosophique) : un mode brillant, enviable, comme si le soutenir (même en étant un peu abasourdi) inoculait l’intelligence qui va avec. Bien sur que dans une certaine mesure, dans un certain contexte, dans une certaine conjoncture…une telle façon de penser et d’ajuster l’action peut avoir une portée essentielle pour faire évoluer les attitudes et les comportements. Mais « à la petite semaine », comme on dit, c’est épuisant. Les esprits des gens, des travailleurs, des cadres, en particulier, sur qui retombent les contradictions non gérées dans les niveaux supérieurs des entreprises et qui doivent agir, sont aliénés. La comparaison entre une certaine conception du Management et celle empruntée par le président Sarkozy fait déjà l’objet d’analyses approfondies. Mais je me demande s'il n’est pas temps, aussi, de trouver un moyen soutenu de dire aux gens : vous avez aussi le droit de penser sur un mode binaire, vous avez toujours le droit de chercher une cohérence basique, ce n’est pas un signe de stupidité.

BONJOUR
je vous rejoins sur cette ligne, je l'ai ressentie aussi. En en effet, on a beaucoup parlé de la forme de son intervention mais comme vous l'exprimez (de façon un peu trop élitistes à mon gout), il s'agissait d'une stratégie visant à déstabiliser, balader son auditoire.
Je crois que ce que j'avais prédis commence à prendre forme, ce qui a mené au pouvoir sarkozy se retourne peu à peu contre lui et sarkozy à l'égo sur-dimensionné amplifie ce phénomène qui se confirme dans le sondages.
Mais comme il le dit si bien (cf article dans l'express de cette semaine) les français aiment qu'on leur raconte des histoires...... mais toute histoire aussi belle soit elle a une fin....

Sarko réussit là où Ségo a échoué. Des discours sans fondement dont les termes sont expliqués démentis ou remis dans leurs sens acceptables le lendemain par ses collaborateurs. Ils doivent ramer les conseillers et autres redresseurs de discours non maîtrisé par le chef de l'état. La fautive c'est Ségolène Royal. Son ambition personnelle a balayé l'émergence d'une opposition forte. Une opposition à la hauteur du séisme de la république. Nous avons élu un psychopathe Président de la république française. Il faudrait chaque jour, sans relâche, lui opposer du bon sens, lui contredire ses contres vérités, éclairer ses zones d'ombres. Que fait l'opposition, qui contredis, qui éclaire ?
Bonne année 2008 , bon courage et beaucoup d'audience à MEDIAPART

bravo Pascal tu est un bon militant : pourquoi tant de haines ? le petit monsieur ajite va etre content de toi ! Mais tu doit etre tres intelligent pour avoir toutes les ficelles et leurs reponses . Moi je compte plutot sur mediapart pour m eclairer dans tous les domaines a droite comme a gauche et ailleur aussi .;Merci pour cet article qui dit clairement ce que beaucoup de gens pensent Pauvre france disait ma grand mere j ajoute pauvre monde sans reflexions et solidaritees Certains disent ca va peter esperons que non

Merci,
pour cet article.
C'est le premier bon article que je lis sur le sujet.
Pour une fois il est question de mouvement, de perception, d'espace temps reduit à la séquence, de volonté d'amnésier,.

Merci encore pour cet article donc.
Je n'en reviens pas de voir avec quel applomb il a pu dire (entre autre) qu'il n'y a pas eu de projet d'architecture et d'urbanisme ces 30 dernières années ... L'amnésie d'un auditoire, des spectateurs est dangeureuse

Bel article dont la conclusion fait plaisir au milieu de ce délire médiatique et des incohérences permanentes actuelles.
La presse, mal à l'aise pour plusieurs raisons que vous analysez bien, témoigne finalement du vide intellectuel des propositions puisque le seul fait qui l'intéresse ce sont les gamineries présidentielles dignent de la "starAc".
Je suis inquiet pour notre pays.
Il est dans la nature française de l'être mais alors que les habitants de notre Pays devraient être mobilisés pour agir ensemble face aux évolutions inéluctables de l'économie mondiale, qu'une dynamique devrait nous inciter à serrer les coudes, la politique prône l'individualisme ( le problème des heures sup en est un bon exemple). Cette politique est suicidaire car on ne peut penser qu'une Nation soit stable à long terme quand les tensions sociales augmentent.
Ce problème commence très tôt: l'Ecole par exemple, milieu que je connais bien, se porte mal, mais rien n'est fait , alors que des solutions existent, pour la remettre en route. On la critique mais on n'agit pas.

Je lis et relis ce constat a longueur de pages comme une espece d'incantation,de fascination , d'hypnose devant un evenement deconcertant.

Liberation titrait "ESCAMOTEUR" . Laurent Joffrin lui riait betement comme un enfant pris en faute avec l'ensemble des journalistes pendant que le président reprenait ses mots , les sortait de leur sens afin de se valoriser.

Les journalistes auraient du se lever siffler et sortir de la salle devant une telle mascarade , ils ne l'ont pas fait,pourquoi?

L'opposition est dans la meme hypnose, se cherche se querelle.
Quand aura t'on depasse ce stade du constat et de l'analyse pour enfin entreprendre une action autre que celle d'entretenir cette mascarade ?

Mieux que siffler et sortir de la salle, cher claudelagarde, Laurent Joffrin aurait dû appeler à la révolution, arrêter Sarkozy Ier et, avant de le condamner à la guillotine, présenter aux autres son propre programme politique pour les années à venir.

Malheureusement pour les sujets du royaume que nous sommes et qui le regardons aujourd'hui confortablement assis derrière nos écrans, cet être immonde s'est juste contenté de rester à cette conférence de presse et de faire au mieux son boulot de journaliste.

Pauvre France, n'est-elle pas ?

ouff, je me sens moins seul.

Merci a E.P pour la création de MEDIAPART

Vous avez raison MR pistoff on se sent moins seul ...haaa on est bien chez vous à médiapart je crois que j'y suis pour un bon moment .
Il y a une chose qui m'inquiète , m'attriste , me révolte (en silence) , me désespère , c'est qu'autour de moi je ne sens pas encore beaucoup de gens avoir une telle prise de conscience , alors OUI ça fait du bien de vous lire Mr Edwy Plenel certes tout cela je l'ai moi dans ma tête mais je n'aurai surement pas réussi à le traduire avec autant de clarté que votre article .
Vous allez me dire chacun son métier , moi je suis restaurateur (petit restaurant traditionnel en campagne) vous savez l'espèce en voie de disparition ....je vais surement bientôt arrêter ce métier après plus de 25 ans , j'aurais déjà du le faire mais j'ai préférer renié centimètre par centimètre ce que l'on m'a appris pour de basses considérations économiques .Mon métier dans le secteur spécifique que j'ai cité auparavant n'a plus de raison d'être , il est défiguré , dénaturé.... Je raconte ma vie là !! ben oui travailler plus je peux pas , je suis dèjà au taquet il faut bien que je dorme ... j'attendais l'après chirac ...j'avais choisi ségolène ...bon sarkozy pourquoi me suis je dis ...mais alors là je suis au fond du trou , cette conférence de presse c'est le clou ....je reste sans voix , je crois que j'en ai marre , vraiment , une lassitude profonde ...pourtant foncer du matin au soir je connais .....tout cela pour vous dire Mr Plenel que la dernière chose que j'ai fait et qui m'a redonné une lueur d'espoir qu'on va peut être un jour si on fait front, retrouver notre utilité , notre importance , notre rôle ...cette chose c'est de m'être abonner à médiapart et lire notamment un article comme celui ci qui nous éveille , nous réveille , qui dit quelque chose de DIFFERENT ET PERTINENT .............. allez cela va mieux , demain au boulot !!!

dudu866

Votre article est intéressant à plus d'un titre et je rejoins totalement les idées qu'il véhicule.
Merci d'avoir formulé de la sorte ce que j'aurai eu du mal à décrire.
Ce qui m'étonne le plus dans cette analyse c'est l'étrange ressemblance entre le contrôle de l'information de notre société actuelle et celle décrite dans l'excellent livre de George Orwell « 1984 ».
Effrayant n’est-il pas ?

En tout cas merci et bon courage pour votre projet.

Je viens de lire les commentaires concernant votre excellent article et je suis un peu effaré. Tout le monde s'insurge aujourd'hui face à la main mise absolue et sans partage du pouvoir dans tous les domaines et, bien sur , le verrouillage de l'information. Pourtant un candidat nous avait mis en garde contre cela et qui plus est tous les sondages sans exception le donnaient gagnat au second tour face à Sarkosy. Les Français ont décidé, avec l'aide des médias il est vrai, de nous proposer un second tour Royal Sarkosy. Aujourd'hui notre Président fait tout ce qui est en son pouvoir pour laminer l'opposition et museler comme jamais l'information. Français il est temps de se réveiller, et nous ne pouvons que soutenir les initiatives comme celle de Médi Part. faisons les connaitre au tour de nous, incitons le plus grand nombre à s'abonner car l'argent est le nerf de la guerre, cette guerre que nous devons mener tous ensemble, quelles que soient nos opinions, pour défendre le pluralisme de la presse sans lequel il n'y a plus de démocratie possible.

"Déchiffrer, connaître, questionner, expliquer, découvrir" rien moins que "la réalité" elle-même... Voilà la mission que vous assignez donc aux journalistes, M. Plenel. Presque une Défense et illustration...

Vous ne leur demandez plus tant de produire de... l'information. Le champs que vous leur ouvrez est bien celui... de la connaissance. Vous en faites des chercheurs, quasiment des scientifiques... Avec la même méthode, la même rigueur, les mêmes objectifs ?

Si tel est le cas, j'ai bien peur que la copie ne soit pas rendue à l'heure, et que l'on ne doive exiger du lecteur qu'il se fasse étudiant. ;-)

Plus sérieusement, votre définition n'aborde pas ce qui ferait la spécificité de l'apport des journalistes par rapport à celui d'autres "défricheurs" de "la réalité", car bien entendu ils ne sont pas les seuls à se donner cette ambition...

De plus, vous suggérez une définition du journaliste liée à la nature de son activité et de son objet, ce que la profession s'est pourtant toujours refusé à faire, en se retranchant derrière une définition professionnelle restrictive, de nature très corporatiste, essentiellement basée sur des critères de statut juridique du salarié et de son employeur et sur des critères économiques de niveau de revenu (cf. les critères de la définition légale du journalisme : Code du travail, L.761).

Comme le soulignent abondamment les chercheurs en sciences de l'information, le journalisme est l'un des très rares métiers à bénéficier d'une définition propre dans le code du travail lui-même, mais dès qu'on l'observe, quand on le questionne, qu'on l'explique, qu'on le découvre... ;-) avec une rigueur toute scientifique, l'objet se révèle insaisissable, "flou" disent certains chercheurs (cf. Denis Ruellan, "Le professionnalisme du flou" : http://www.surlejournalisme.com/textes-en-partage/lectures/le-journalism... ), fuyant ajouteront peut-être d'autres...

Le premier défi que lance le sarkozysme aux journalistes n'est-il pas de leur imposer de dire eux-mêmes, enfin, d'où ils parlent ?

Le sarkozysme, lui, on sait : c'est le pouvoir qui parle, qui ne se cache même plus, qui se revendique même dans la confusion DES pouvoirs (politique, économique, médiatique) en une manifestation unique, omniprésente, omnipotente...

Mais le journaliste, lui, où est-il ? Du côté du pouvoir ? Ou d'un pouvoir ? D'un contre pouvoir ? D'un pouvoir qui voudrait être pouvoir à la place du pouvoir ?

Serait-il du côté du peuple ? Ou à côté du peuple ? Ou au nom du peuple ? Mais qu'en dit le peuple, qui le lui a demandé ?

Et qu'en est-il de ces journalistes qui dînent à la table de Sarkozy, de ceux qu'il a embauchés pour peupler les bureaux de conseillers à l'Elysée, de ceux à qui il commande des rapports sur les sujets les plus divers, bien loin de tout rapport avec leur profession ? Sont-ils aussi journalistes que vous, le sont-ils encore ?

Vous vous demandez en fin de votre billet ce que pourrait être "LE" journalisme... Mais la stratégie de cette profession aura toujours été d'échapper à cette question, de refuser d'y répondre autrement que par une forme de tautologie qui confine à la cooptation : est journaliste celui qui est reconnu comme tel par ses pairs. Point final et ne venez pas mettre votre nez dans NOS affaires...

Derrière votre interrogation finale se dessine-t-il le projet de mettre fin à tout cela ? D'en appeler à sortir de ce flou constitutif, de cette ambiguïté congénitale ? Tout remettre à plat : parler clairement de déontologie, de méthode, de bonnes pratiques, dire ce qu'elles sont, et surtout, surtout, enfin !, dire :
- qui les valide
- qui les contrôle
- qui en sanctionne les manquements ?

Aujourd'hui, nous n'avons de réponse claire à aucune de ces questions.

Merci à Edwy Plenel et toute l'équipe pour ce grand projet qui met du baume au coeur... et au cerveau. Je souhaite que cela réussisse. En ces temps d'hystérie médiatique et de cacophonie, je me sentais bien seule. Bonne chance et bonne route à vous.
Article très intéressant. Je ne comprends toujours pas l'attitude sage des journalistes face à Nicolas Bonaparte l'autre matin, au théâtre... Quel calme et quelle docilité... Impressionnant vu le nombre... Cela me rappelle la façon dont ont les dictateurs de dompter les foules. Idem pour la gesticulation de l'acteur principal .

Zimbreck....
Seul commentaire : parmi les dérives il manque la plus grave ,voir
l'histoire entre 1936 et1945 ...LE religionnisme?????
Avec vous.

Vous écrivez : "notre matière première, à nous, journalistes, c’est justement la réalité : la déchiffrer, la connaître, la questionner, l’expliquer, la découvrir, etc. C’est même l’unique raison d’être de cette profession... "

Belle et claire définition. Qui mériterait d'être écrite au fronton du journal.

Et qui mérite débat... Ne serait-ce que pour mettre en évidence les dérives de la profession... Dans la presse écrite, et bien plus encore dans la presse télévisuelle où la "société du spectacle" prend quotidiennement le pas sur la société réelle...

Ce qu'a fort bien compris Sarkosy.

Comment des journalistes professionnels peuvent-ils tomber dans ce piège ? Ils tuent leur propre métier, leur propre identité. Quelques soient par ailleurs leurs opinion.

Soyons optimistes. Les plus sérieux sortiront peut-être de ce mauvais rêve.

Préambule :
je viens de passer une heure sur le site. Il convient peut-être de préciser que quelques valeurs m'y avaient attirée : la liberté d'expression et la différence (?). Une heure, c'est énorme sur Internet, oui ! Je suis curieuse, j'adore les questions (et remises en questions) et momentanément, je m'en posais sur les journalistes.

En quelques lignes, vous avez surement compris que je n'en suis pas.
Une lectrice potentielle BETA ? J'étais ouverte et hésitante (adhésion ou non ?).

Et je suis arrivée sur cet article "Le journalisme au défi du sarkozysme" par Edwy Plenel, et là, je me décide à réagir ...

Je n'ai pas d'a-priori,
et en conséquence ? Mediapart est-il un site socialiste ?

« Quelques jours plus tard, le même Laurent me dira, la réalité n’a aucune importance. Il n’y a que la perception qui compte »

C'est pourtant le B-A-BA des formations en communication. Information vient de IN FORMARE. Informer est donc un processus de mise en forme. Le journaliste se retrouve dans un certain contexte. Il choisit un sujet et une position donnée. Il extrait une ou des données de la réalité. Puis il traduit ces éléments en adoptant certaines hypothèses et objectifs. S'il est compétent et doué, il va réussir à capter l'attention de ses lecteurs et les inciter à lire son texte jusqu'au bout.

Une information reste subjective et relative à son auteur (même si son intention est louable et ses actions déontologiques). Il y a une réalité et des multitudes de perceptions différentes (liées à notre culture, éducation, filtres, hypothèses ...). Oui, il n'y a que la perception qui compte, je ne vois pas où est le problème de cette phrase ?

"Il s’agit bien de caser un produit, quitte à vendre du rêve ou du vent. D’où l’importance, ici, du verbe qui en vient à détrôner l’action."

Je reviens aux formations en communication : 8 à 12 % (selon les études) pour les mots, le verbal et 92 % pour le non verbal. Ce n'est pas nouveau ! Humainement, nous fonctionnons ainsi. Encore une fois, je suis perplexe. Ce n'est pas le marketing qui a inventé cela, il s'est contenté d'en tirer profit (de s'adapter à la réalité). Le verbe ne détrône pas l'action, il y a le verbe d'un côté et ... éventuellement l'action de l'autre. Le verbe associé à l'action (et inversement) pouvant être qualifié de cohérent ou de congruent, mais c'est relatif aussi.

"Le journalisme, ce pourrait être modestement cela : défendre le réel, sa connaissance et son investigation, contre l’irréalité des démagogies et des idéologies."

Défendre le réel ? Revenons sur terre. C'est quoi le réel ? Qu'est-ce qui est réel ? Les preuves scientifiques ? Une phrase extraite d'un contexte ? Défendre ? Est-ce un territoire ? Faut-il entrer en guerre ? Le réel appartient-il à quelqu'un ?

Je rêve ... peut-être, d'un site de journalistes (libres et différents), conscients qu'ils donnent un point de vue (perception et non vérité), JUSTE un point de vue (certains basés sur des investigations plus ou moins poussées) !

Je ne sais pas mais pour moi, la liberté, c'est la question, c'est la remise en question, c'est l'esprit critique OK, mais ouvert à un point de vue différent.

Evoluer dans nos convictions (dépassées), devenir créatif, envisager des nouvelles réalités, cela ne vous tente-t-il pas un peu ?
Que proposez-vous ? Attendez-vous que Sarko règle tous les problèmes de la France ? Je précise que je ne suis ni pour, ni contre. Je trouve simplement qu'il est plus facile de critiquer (la preuve avec mon commentaire) que de faire des propositions de changements, de s'investir et de s'impliquer (citoyens, journalistes, autres). Réveillez les lecteurs, incitez-les à penser par eux-mêmes, proposez-leur des pistes de réflexion et des ouvertures (mais si c'est pour lire des articles qui renforcent le côté victime, les conflits et la dualité, non merci. La systémique existe depuis les années 50 !).

Je n'aime pas conclure trop vite (sinon je serais repartie du site sans donner de feed back) mais j'avoue que j'attendais une vraie différence en venant sur le site. Je suis donc relativement déçue.

Mais je vous souhaite sincèrement un grand succès (et je vous dis BRAVO d'avoir réglé l'histoire en justice à l'amiable !!).