Le compte à rebours est bien lancé. Dans quatorze jours, dimanche 16 mars, le Projet MediaPart deviendra le site Mediapart. La mue sera achevée et notre site ne rappellera que de loin, très loin, le pré site que vous pouvez lire aujourd’hui.
Sans en dévoiler dès aujourd’hui les détails — beaucoup de finitions restent à faire ! —, disons seulement que l’ « architecture » du site Mediapart traduit ce que nous annoncions dès le mois de décembre [2]. Un site d’informations et de débats. Un site de journalisme et un site collaboratif. Un double visage, donc, pour que chacun puisse y contribuer de la meilleure façon : les journalistes en faisant leur métier — produire de l’information — ; les abonnés en participant aux contenus de ce site par leurs alertes, leurs témoignages, leurs analyses, leurs opinions.
C’est cette mise en écho de la participation d’une communauté de lecteurs abonnés et du travail d’une rédaction d’une trentaine de journalistes qui donnera à Mediapart toute sa force. Et les débuts sont d’ores et déjà prometteurs. A vous, lecteurs, notre pré site n’offre aujourd’hui qu’une seule possibilité d’intervention : les commentaires d’articles. Notre site définitif proposera bien plus, avec plusieurs manières de participer, par l’écrit, par le son, la photo ou la vidéo si vous le souhaitez, et sur des « formats », des longueurs, des espaces que nous avons voulus les plus divers possibles.
Mais déjà, vos commentaires laissent entrevoir ce que pourra devenir notre communauté Mediapart. Nous avons enregistré, à ce jour, plus de deux mille commentaires. Nous avions fixé deux règles simples : bannir l’anonymat (tout en autorisant l’usage d’un pseudonyme) — d’autres sites nous ont suivi dans cette initiative — ; ne pas « modérer » a priori vos interventions, c’est-à-dire permettre une mise en ligne directe, quand d’autres sites filtrent leurs commentaires avant publication.
Ces deux règles ont permis à des conversations souvent de qualité de se développer. Sans accident ni dérapage : moins de dix commentaires ont dû être rapidement supprimés par nos soins, pour cause d’injure, diffamation ou publicité déguisée. Cette proportion ridicule nous permet d’être confiant. Notre communauté Mediapart ne sera pas un lieu d’invective et de règlements de comptes.
Pour autant, tout est-il intéressant à lire ? Non, bien sûr, et vous avez été plusieurs à le dire. A déplorer des commentaires beaucoup trop longs, des interventions brouillonnes, des considérations confuses. Quelques-uns d’entre vous demandent même la suppression des commentaires, globalement jugés comme un « verbiage inutile » ! Scénario extrême et que nous récusons bien sûr : libre à chacun de lire ou de ne pas lire, libre à chacun d’apprécier diversement telle ou telle intervention.
Le 16 mars, le site Mediapart proposera quelques innovations en matière de commentaires, offrant la possibilité d’emprunter des raccourcis, de valoriser telle ou telle contribution, bref de plus facilement choisir de lire ou de ne pas lire.
Mais ce que nous voulons à ce stade souligner, pour mieux vous inciter à participer, c’est l’intérêt de certains débats qui se sont développés sur notre pré site ces dernières semaines. Citons, par exemple, celui qui s’est engagé à la suite d’un article d’Antoine Perraud [3] sur le documentaire-fiction, « La Résistance », diffusé par France 2 les 18 et 19 février. Arguments à l’appui, Antoine Perraud n’est pas tendre. Christophe Nick, le réalisateur, n’a pas apprécié — mais alors pas du tout — et est venu l’écrire, en termes parfois vifs. Qu’il en soit remercié. Car autant il est légitime, et souvent indispensable, d’interpeller, de proposer un décryptage d’une œuvre de ce type diffusée en prime time, autant il nécessaire que son auteur soit à même de répondre.
Vous, lecteurs, avez poursuivi ce débat, l’avez relancé, prolongé, complété. Et l’ensemble, article et commentaires, est finalement passionnant à lire. Daniel Schneidermann en a d’ailleurs convenu en invitant quelques jours plus tard Antoine Perraud et Christophe Nick à en débattre sur son site, Arrêt sur images.
Dans des registres différents, bien d’autres articles ont pris une toute autre dimension par leurs commentaires. Celui de Vincent Truffy, par exemple, qui n’avait fait qu’entamer l’inventaire des traductions possibles du fameux « Casse-toi, pauvre con ! » [4] de notre Président. Ruée sur les dictionnaires, assaut de nos lecteurs polyglottes : c’est un tour du monde loufoque qui s’est esquissé !
Vous avez pu aussi nous interpeller sur nos méthodes de travail, sur le journalisme d’enquête que nous souhaitons développer, sur la mise en ligne de nos premiers scoops. Celui, par exemple, de Fabrice Lhomme sur l’affaire Clearstream [5] a donné lieu à un échange parfois polémique avec quelques lecteurs. Tant mieux s’il permet de lever des malentendus, des préjugés et d’expliquer nos méthodes de travail.
Enfin vos commentaires nous encouragent à inventer et à oublier quelques dogmes. Celui-ci, par exemple : il faut faire court, très court, assure-t-on aujourd’hui dans toutes les rédactions de sites d’information. L’internaute ne supporterait pas un texte de plus de deux feuillets… Nous avons tenté l’inverse. Sylvain Bourmeau et Jade Lindgaard ont proposé de longs entretiens avec Pierre Rosanvallon [6], Luc Boltanski [7], Marie-Monique Robin [8] et quelques autres. Ils ont été très bien accueillis. Autre innovation, l’enquête économique au long cours, celle faite par Laurent Mauduit sur la crise des Caisses d’épargne [9] : sept articles pour aller au cœur de cette affaire. Et là encore, un accueil très favorable de votre part.
C’est dans cette interaction que se développera le site Mediapart. Et c’est aussi de vous que nous attendons une plus grande diversité de contenus, un pluralisme d’opinions et de regards. Dans un commentaire, un contributeur nommé Hugo note ceci : « Donnez-nous vos informations de qualité. A nous de faire le reste, de participer, de faire des recherches pour approfondir... en un mot, de réfléchir ». C’est notre ambition.
Liens:
[1] http://presite.mediapart.fr/atelier-journal/equipe/francois-bonnet
[2] http://www.mediapart.fr/atelier-journal/article/02122007/mieux-qu-un-journal-le-projet-mediapart
[3] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/pouvoir-et-independance/18022008/la-resistance-le-docu-fiction-de-france-2-retablit-
[4] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/l-information-sur-le-web/25022008/le-casse-toi-de-nicolas-sarkozy-un-casse-tete-de-t
[5] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/pouvoir-et-independance/20022008/ce-que-villepin-dit-aux-juges-alors-que-s-acheve-l-
[6] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/pouvoir-et-independance/08022008/pierre-rosanvallon-un-journal-doit-organiser-l-espa
[7] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/pouvoir-et-independance/14022008/luc-boltanski-nicolas-sarkozy-s-inscrit-dans-la-con
[8] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/l-information-sur-le-web/22022008/marie-monique-robin-ne-pas-prendre-les-information
[9] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/pouvoir-et-independance/28012008/en-pleine-crise-financiere-les-caisses-d-epargne-pr