Le mois dernier, nous étions à Londres [2] pour vous présenter la rédaction internet du Guardian en osant la comparaison avec son ennemi juré le OnlineSun. Chez nos voisins allemands, c’est le NetZeitung [3] qui s’est installé avec 1 million de visiteurs uniques par mois et 500 000 pages visitées chaque jour. Exclusivement disponible sur internet, ce journal généraliste aux allures de Spiegel en ligne, est apprécié pour la fraîcheur de ses infos et ses enquêtes sur le quotidien des gens comme l’efficacité des politiques actuelles dans la lutte contre la délinquance juvénile [4]. « Nous sommes une vingtaine de journalistes séparés en deux groupes : ceux qui travaillent de jour et de nuit. Cela nous permet d’assurer une couverture en continu de l’actualité nationale ou internationale… c’est notre force !», nous explique la rédactrice en chef, depuis son bureau au seizième étage d’une tour de la Liebknecht Strasse, au cœur de Berlin. Domenika Ahlrichs, 33 ans, est arrivée au NetZeitung en 2003 après avoir fait ses armes au Shaumburger Nachrichten, un quotidien régional du nord de l’Allemagne.
L’accès aux articles et dépêches du NetZeitung est gratuit. Mais, s’ils le souhaitent, les visiteurs peuvent se débarrasser des nombreuses bannières publicitaires moyennant un forfait de 7 euros par mois. Alors que pense la rédactrice en chef de MediaPart et son abonnement payant ? « C’est un beau pari à tenter à condition que les scoops soient vraiment au rendez-vous… Si c’est le cas, les gens seront prêts à payer.
Parallèlement, le NetZeitung propose ses infos en format audio, à déguster sur place ou à emporter. Il offre aussi chaque midi une revue de presse nationale et internationale, enregistrée en studio par Jens Teschke, le rédacteur-en-chef adjoint. « En réalité, peu de gens téléchargent nos podcasts car ils ont tout le loisir de lire les articles au bureau, pendant leur journée de travail. » Ses lecteurs internautes ont entre 25 et 45 ans, sont diplômés et plutôt calés en matière de nouvelles technologies.
Lancé en novembre 2000, le journal en ligne a changé plusieurs fois de propriétaire jusqu’à battre pavillon britannique depuis son rachat l’été dernier par le fonds d’investissement londonien Montgomery, également propriétaire du MorgenPost à Hambourg. Le NetZeitung est tout juste rentable, grâce à la publicité et à des offres de services payants comme des petites annonces immobilières ou la vente en ligne de places de concert.
Le côté participatif est volontairement réduit. « Nous offrons la possibilité à nos lecteurs de laisser leurs commentaires mais sur des articles précis. En les laissant s’exprimer sur tous les sujets, nous aurions beaucoup de messages déplacés et ce n’est jamais bon pour la réputation d’un journal ». De fait, la petite bannière rouge « Was sagen sie dazu ? (Qu’est-ce que vous en dites ?) » se fait très rare sur le site.
En revanche, les commentaires personnels sont les bienvenus sur le site Readers-edition.de [5], l’édition des lecteurs du NetZeitung, où toutes les infos sont fournies (bénévolement) par les internautes germaniques. « Un site très populaire chez les journalistes !».
Liens:
[1] http://presite.mediapart.fr/atelier-journal/equipe/jordan-pouille
[2] http://www.mediapart.fr/presse-en-debat/ailleurs-l-etranger/26122007/guardian-sun-deux-poids-lourds-muent-sur-internet
[3] http://www.netzeitung.de/
[4] http://www.netzeitung.de/deutschland/interviews/873870.html
[5] http://www.readers-edition.de/