Enfin! Le journal dont rêve tout journaliste « accro » à l'info va voir le jour. Finies les frustrations liées, par exemple, au manque de place ou aux délais de publication.
On ne dressera pas ici l'inventaire des arguments qui plaident en faveur du projet MediaPart. La crise structurelle de la presse écrite et l'irrésistible montée en puissance du Net ont donné lieu à suffisamment d'analyses, y compris dans ces colonnes.
Il n'est toutefois pas inutile de mettre en exergue trois particularités du projet MediaPart, particulièrement séduisantes pour un journaliste d'investigation : l'immédiateté, l'exclusivité et l'interactivité.
L'immédiateté d'abord. Outre qu'elle répond aux impératifs de son époque, la possibilité de publier quasi-instantanément une information est une bénédiction pour les journalistes chargés du suivi des affaires sensibles. Il s'agit en effet d'un secteur hyper concurrentiel où le premier impératif, pour reprendre notre jargon, consiste à « sortir les infos » avant les autres médias.
L'exclusivité ensuite. Comme on vient de le voir, le journaliste dit d'investigation a, par essence, vocation à publier des informations inédites. De ce point de vue, travailler pour un média qui clame haut et fort sa volonté de multiplier les révélations s'impose comme une évidence.
L'interactivité enfin. Régulièrement, pour ne pas dire systématiquement, les journalistes chargés des « affaires » se voient reprocher d'être manipulés; de publier tel ou tel article pour nuire à une personnalité, un parti politique, une entreprise; « d'étouffer » des informations sensibles pour d'inavouables motifs (censure, renvoi d'ascenseur, préférences partisanes); de se livrer à des vindictes personnelles, etc... Ces procès d'intention - qui proviennent parfois de confrères voire même de collègues! - sont d'autant plus insupportables pour les journalistes qui ont le sentiment de faire honnêtement leur travail qu'ils ne peuvent y répondre. En permettant aux lecteurs, abonnés ou adhérents, peu importe le nom qu'on leur donne, de MediaPart de s'adresser directement aux journalistes, ce site se propose de résoudre deux frustrations : celles des lecteurs, avides de connaître les dessous des choix éditoriaux de leur journal - curiosité parfaitement légitime - et celles des journalistes eux-mêmes, qui ne demandent qu'à expliquer comment ils travaillent, quelles sont leurs contraintes, bref, de débattre de leur pratique professionnelle et de leur déontologie. On peut espérer qu'à travers ces échanges, MediaPart contribuera à renouer les liens, aujourd'hui distendus, entre la presse et le public.
Pour conclure, un petit point de détail qui, à y regarder de plus près, n'en est peut-être pas un. L'auteur de ses lignes a choisi à dessein d'évoquer un site « interactif » plutôt que « participatif », adjectif sans doute plus moderne mais un peu trop associé à Ségolène Royal. Afin de dissiper toute ambiguïté, il est utile de préciser que la rédaction de MediaPart, et c'est ce qui fait sa richesse, n'est pas monocolore. Différentes sensibilités - pas seulement politiques d'ailleurs - y sont représentées. Mais tous ses membres sont d'accord sur l'essentiel : renouer avec un journalisme d'enquête centré sur les faits et authentiquement indépendant. Que les choses soient claires : notre ambition est de publier le plus d'informations pertinentes, dérangeantes et exclusives possibles, pas de créer un site anti-Sarkozy, pro-Royal, cryptobayrouiste (pardon pour le néologisme) ou ... néo-trotskiste! Cela allait sans doute de soi, mais ça va encore mieux en l'écrivant.
Liens:
[1] http://presite.mediapart.fr/atelier-journal/equipe/fabrice-lhomme