Vendredi 29 février, le président colombien Alvaro Uribe l’avait annoncé à ses collaborateurs : «dans les prochaines heures, il y aura d’excellentes nouvelles pour la paix en Colombie». Une semaine plus tard, l’Equateur, le Venezuela et le Nicaragua ont rompu les relations diplomatiques avec son régime. Entretemps, le 1er mars, les militaires colombiens ont tué Raul Reyes, le numéro 2 supposé des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Voici la vidéo présentée par le ministre de la défense colombien aux parlementaires. Elle montre l'indentification du corps du Raul Reyes, la fouille et le camps des FARC après le bombardement.
L’émission de télévision colombienne Noticias Uno avait des contacts très fréquents avec Raul Reyes. Mercredi 27 février, ce dernier envoyait encore un courrier électronique à la station. Selon les journalistes, qui citent des sources officielles, l’opération Phoenix a été conçue en décembre 2007. Le téléphone satellitaire de Raul Reyes avait été localisé à la fin de l’année. Mais l’appareil était souvent éteint et les services de renseignement perdaient alors le signal.
Le 21 février, le ministre colombien de la défense Juan Manuel Santos et le général en chef Freddy Padilla auraient été informés du lieu de détention de quatre otages qui devaient être libérés dans les jours suivants. L’un d'entre eux, Jorge Eduardo Gechem, étant gravement malade, le ministère aurait offert aux geôliers des garanties suffisantes pour le libérer immédiatement. Les guérilleros auraient alors appelé Raul Reyes sur son téléphone satellitaire, permettant ainsi au gouvernement colombien d’apprendre précisément où il se trouvait.
Selon le rapport officiel, l’opération aurait été supervisée depuis le ministère de la défense, Alvaro Uribe étant tenu informé tout au long de la nuit de l’avancement de l’opération.
Noticias Uno a également diffusé un entretien avec Raul Reyes, réalisé deux ans auparavant . Dans ce reportage montrant les installations et l’équipement des FARC dans la jungle, il commente la traque « financée directement par les Etats-Unis », au cours de laquelle les 18.000 hommes de l’opération Patriotas ont échoué à le débusquer. Surtout, il envisage l’éventualité de sa propre mort et ses conséquences sur la guérilla. Que se passerait-il si vous étiez tué ?, lui demande la journaliste, Patricia Uribe. « Ça ne changerait rien, répond Raul Reyes. L’état-major se réunirait immédiatement et nommerait un membre de l’état-major pour occuper le poste de celui qui aurait été capturé. Si j’étais tué, ce ne serait pas une grande perte pour les FARC : elles ont suffisamment de volontaires, hommes et femmes, qui viendraient nous rejoindre pour poursuivre notre combat. C’est précisément cette occasion que saisirait l’ennemi pour proclamer que si l’un de nous mourrait, les FARC seraient mortes. Or les FARC ne meurent pas. »
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