L'hébreu moderne dans tous ses états

13/03/2008Par

L’hébreu moderne n’a rien d’une langue hiératique, officielle, sûre d’elle-même et dominatrice. C’est un caméléon, qui restitue le réel et l’imaginaire en un éventail faramineux, que reflètent la quarantaine d’auteurs invités au Salon du livre. L’hébreu transbahute le sacré l’air de rien. Jean-Luc Allouche rappelle que « match nul », lors d’une partie de football, se dit « Teïkou », initiales d’une expression signifiant « le messie viendra et résoudra cette controverse », ce que tout le monde ignore sur place. De même qu’une facture se dit « kabbala », rappelle Michel Valensi, qui pointe un texte de 1926 de Gershom Scholem (1897-1982), qui craignait un retour de flamme : « Ce pays est pareil à un volcan où bouillonnerait le langage. »

L’hébreu est en perpétuelle évolution, si bien qu’un passant de 40 ans aura parfois du mal à saisir les propos d’un locuteur adolescent. Cette langue se montre accueillante « au delà de la mesure », estime Michel Valensi, dont le fils de treize ans avait fourgué moults gallicismes à ses condisciples, qui ne se saluaient plus qu’avec un « à toute [à l’heure] » prononcé avec l’accent hébreu. « Yala bye », dit une grande partie d’Israël, mâtinant l’arabe d’anglais. L’hébreu est une « langue grosse de beaucoup de papas », plaisante Jean-Luc Allouche, soulignant les différentes strates historiques et géographiques qui en feraient l’équivalent d’un latin où se superposeraient les apports de l’Église, de Rabelais et du rap…

L’arabe, langue sœur par excellence (« de par la même structure fondée sur des racines de trois consonnes et un système semblable de désinences », résume Jean-Luc Allouche), féconde l’hébreu et lui emprunte. Faut-il y voir un espoir de coudoiements pacifiques ? « Pour le moment, tempère Elias Sanbar, les mots hébreux arabisés portent avant tout sur des pratiques répressives et sur les injures, mais cet espoir n’est pas infondé… »

À lire par ailleurs l'article principal sur le Salon du livre 

La deuxième article de Antoine Perraud est aussi tendancieuse et critiquable que sa première , n'abordant si ce n'est pour l'infirmer la question du choix absolu d'une seul langue - le hébreu - comme seul représentant d'un pays où plusieurs langues sont parlées, et où l'état d'Israël pratique une politique d'apartheid vivement controversée au quotidien.

Si ce manquement journalistique n'est pas assez grave en soi, son article glisse vers le scandaleux tout simplement. "L’arabe, langue sœur par excellence , résume Jean-Luc Allouche, féconde l’hébreu et lui emprunte." Faut-il y voir un espoir de coudoiements pacifiques ? « Pour le moment, tempère Elias Sanbar, les mots hébreux arabisés portent avant tout sur des pratiques répressives et sur les injures, mais cet espoir n’est pas infondé… » Une "fécondation" donc par mots "répressifs" et "injures": quel meilleur argument pour justifier ce double apartheid ?

Les mots construisent des murs aussi. Que devant des tels murs, Mediapart se montre plutôt le terrain d'une ouverture, d'une humanité intelligente, aussi courageuse que féconde, où chacun est citoyen de première classe, et où tout le monde aura enfin le droit de rêver.

Bonjour,
je trouve pour ma part un peu dommage de ne pas dire de hébreu sa capacité à intégrer des onomatopées. En effet une bouteille se dit par le son qu'elle produit en se vidant, les sandales par celui de la semelle sur le talon. Peut être n'était ce pas assez littéraire pour avoir été relevé par vos invités. Quoi qu'il en soit il est un mot qui, si il était remis dans son sens littéral pourrait, lui, témoigner d'une volonté politique, c'est antisémite. Mais il est peut être trop tôt pour que quelques formes de racisme qui soient fussent traiter avec un égal mépris.
--
fatchakulla.over-blog.com