Nicolas Sarkozy, la police, la banlieue, la doctrine et... l'improvisation

09/02/2008Par

L’exercice est simple. D’un côté, tenir d’une main le discours officiel remis hier à la presse, et désormais aux citoyens, juste avant l’annonce du Plan banlieue. De l’autre, regarder le résultat, live, sur PR TV, pour Présidence Télévision. Puis : mesurer les écarts, ces petits riens qui disent tout. Soupeser ces moments où Nicolas Sarkozy s’écarte du texte écrit par d’autres pour revenir à son verbe à lui. Démontage d'une improvisation pas si maîtrisée que ça. Car il est là, tout en entier, ce président de la République qui semble ne pas parvenir à se défaire de ses habits d’ancien ministre de l’Intérieur. Les seuls moments d’envolées, les uniques instants où son regard se porte ailleurs que sur ses notes, sont ceux où il est question de sécurité. Comme si, définitivement, pour Nicolas Sarkozy, la vision policière primait sur le reste.

L’effet est saisissant. En maigre, le discours préparé. En gras, l’improvisation. Du Sarkozy dans le texte, celui là même qui se montre ferme, déterminé, qui ne lit plus, qui dit, qui énonce sur le ton de « je dénonce », qui explicite, qui « passe bien » comme le voudrait la formule consacrée. Cela fait toute la différence : à la télé, c’est le gras qu’on va reprendre. Car le gras est vivant, martelé, face caméra – en un mot il est plus brutal, plus télégénique, plus rentre-dedans.

Nicolas Sarkozy s’élance : « Le premier devoir de l’Etat c’est d’assurer la sécurité. Le premier droit des citoyens c’est le droit à vivre tranquillement sans se trouver sans cesse menacé par des voyous. Parce qu’avec la peur au ventre, on ne vit pas. J’assume tout ce que j’ai dit et fait par le passé sur ce sujet. Je veux une France qui soit juste, une France qui protège les honnêtes gens et qui soit plus sévère vis-à-vis de celui dont la seule idée est d'empoisonner la vie des autres et d'abord celle des habitants des quartiers. Les habitants des quartiers sont d’abord les premières victimes d’une minorité de voyous. Tel est le message que j’ai voulu adresser à tous les délinquants par la loi sur la récidive et l’excuse de minorité qui a été votée en août dernier. A présent, avec Michelle Alliot-Marie, nous allons mettre fin à la loi des bandes, à loi du silence et à la loi des trafics En donnant une nouvelle impulsion spectaculaire aux groupes d’interventions régionaux qui vont être mobilisés jour et nuit sur la mise à jour d’une économie souterraine qui empoisonne la vie des quartiers. La lutte contre les trafiquants de drogue, les maffieux, et les voyous va être engagée sans pitié. Que les choses soient claires : le calme qui règne dans certains quartiers ne sera pas le calme voulu par les trafiquants. Les trafiquants exploitent la pauvreté et la misère. Les trafiquants détournent du droit chemin des jeunes qui veulent s’en sortir. Les choses sont parfaitement claires. Elles doivent être bien entendues. Dès demain, c’est une guerre sans merci qui sera engagée à l’endroit des trafics et des trafiquants. Et j’en assumerai pleinement la responsabilité, les conditions de mise en œuvre et le suivi des résultats. Nul quartier ne sera laissé aux côtés de cette action nécessaire. Nous allons également installer une police qui protègera à tout moment les habitants des quartier. Ce sera le rôle des 200 “unités territoriales de quartier”. En trois ans, 4 000 policiers viendront ainsi renforcer la sécurité dans les banlieues, notamment dans les départements les plus marqués par les violences urbaines. Contre ces violences, en particulier, seront déployées des compagnies spécialisées au recrutement sélectif et comptant plus d'une centaine d'hommes. Nous sommes décidés à nous doter des moyens nécessaires pour museler cette infime minorité qui complique tout, qui empoisonne tout ».

Et c’est ainsi que l’on construit un discours, des schémas, une dialectique. Voyous, maffieux, lutte sans pitié, guerre sans merci — du phrasé parfait pour info express. D’ailleurs, Nicolas Sarkozy ne s’y trompe pas. Il suffit de bien l’écouter, il livre lui-même la clé. Au cœur de son allocution, il décide de revenir sur la délinquance. Habilement, le président de la République va retirer du texte tout ce qui peut apparaître dans la colonne négatif de son propre bilan (ici, les mots soulignés). Et de manière circulaire (en gras), il va auto-renforcer son propos: « Bien sûr, on parle des voyous, j’en ai parlé. On parle des trafiquants, j’en ai parlé, on parle des bandes, j’en ai parlé, qui font parfois régner la terreur. On montre avec complaisance les voitures incendiées, les pillages, les émeutes mais on ne voit pas que derrière cette minorité il y a toute une jeunesse qui ne demande qu’une chose, c’est qu’on lui donne les moyens d’étudier, de travailler, d’entreprendre. »

Derrière le verbe, il y a donc une pensée. Derrière le geste, et l’improvisation,  il y a aussi une volonté de faire croire que cette fois, on met le paquet. Chaque fois un peu plus. Ici, le procédé parie sur l’amnésie généralisée. Sur le fait qu’on ne retiendra que le gras, pas ce qui est entre les lignes.

Deux exemples. Les Groupes d'Intervention Régionaux (G.I.R.), alliance de services de police et de l’administration (douanes, fisc, etc.) — dont le texte original du discours d'hier prévoyait simplement de «renforcer l’efficacité» et à qui finalement, Nicolas Sarkozy a donné oralement « une nouvelle impulsion spectaculaire »ce qui n’est pas tout à fait pareil — avaient déjà eu droit aux mêmes honneurs. A la même présentation en grandes pompes. C’était une nuit, dans un petit commissariat de banlieue, le 25 octobre 2005. C’était à Argenteuil, le soir où le futur président de la République était venu annoncer son plan anti-violences urbaines. C’était le soir du mot «racailles», lancé par une habitante d’une fenêtre, aussitôt repris par le ministre — c’était le temps où le gras triomphait.

Autre exemple, cinglant. Il concerne une des rares annonces chiffrées du Plan banlieue de Fadéla Amara: l’arrivée de quatre mille policiers supplémentaires, les « unités territoriales de quartier ». Un communiqué de presse du Syndicat Alliance, rédigé hier dans la foulée du discours présidentiel, dont le syndicat est généralement proche, s’étonne de l’improvisation. Le syndicat, très puissant, relève qu’«il n’a pas été associé » à ce plan. Qu’il aimerait bien connaître « la méthodologie envisagée  pour parvenir au résultat annoncé». Et qu’il «s’interroge sur les conditions de mise en œuvre de ces renforts à l’heure où certains annoncent la réduction d’effectifs de fonctionnaires, y compris dans la police nationale». 

Par « certains », il faut entendre le Ministère du budget il y a quelques semaines, dont les services préconisaient la «suppression d’un poste de gendarme et de policier sur vingt». En conclusion, le syndicat, qui demande un «Grenelle de la Sécurité», dit en maigre ce que Nicolas Sarkozy cherche à faire oublier en gras : « le travail des policiers, si excellents soient ils, ne sauraient régler toutes les difficultés».

A l’Elysée, comme à Beauvau, c’est donc bien la même doctrine qui est à l’œuvre, derrière une réinstauration hypothétique d’une police de proximité dont le Président veut si peu qu’il lui donne un autre nom. C’est la même sémantique, les mêmes tournures. Et c’est sans doute là que réside l’erreur stratégique de Nicolas Sarkozy. En bas de page sur son discours, il est fait mention, comme il se doit, de ceci : «seul le prononcé fait foi». C’est bien là le nœud de la question.


Excellent décryptage : on est là à des années lumière des JT de 20H.

Amusant et savoureux exercice,
qui montre effectivement sur quel mode "spectacle" Nicolas Sarkozy fonctionne le plus naturellement.

Votre décryptage, excellent et bien utile pour ouvrir bien des yeux, cependant tombe un peu dans le même travers que celui des petites phrases qui, sorties du contexte, trahissent la pensée générale de leur auteur.

Ici, il s'agit d'un discours très long de Nicolas Sarkozy, devant une assistance nombreuse et bien représentative de tous les acteurs de la banlieue dont il est question. Beaucoup de "Noirs" et d'"Arabes"
(les politiquement corrects vont me tomber dessus à bras raccourcis rien que pour ces termes que j'emploie pourtant en toute honnêteté et avec tout le respect et l'affection que je porte à ces gens).

Votre article a eu le mérite de m'intéresser à ce discours et de décider de le visionner dans son intégralité; moi qui ai développé une allergie quasi-viscérale à Sarko, vous m'en voyez le premier surpris.
L'ayant suivi de bout en bout donc, je fais une lecture légèrement différente du court passage que vous analysez dans cet article:

En fait,
plus qu'une petite collection de concepts "spectacle", prêts à être jetés en pâture aux téléspectateurs de TF1, j'y vois bien davantage un effort de Nicolas Sarkozy, pour s'adresser "personnellement" et à sa manière directe "d'adjudant de quartier", à ceux qui à ses yeux comprendront et prendront bonne note de ce que la discipline et le respect des lois dans les quartiers, ne se relâchera pas.

En fait,
votre article, en y regardant de plus près, s'attaque aux médias traditionnels et à leur manière de rendre compte de tels discours présidentiels.
Ce sont eux, les télés en particuliers, mais aussi les radios et la presse écrite qui, tous, "font de la télé",
ce sont eux qui, dans l'urgence et le manque de recul, retiendront les improvisations en gras, et les repasseront en boucle, jusqu'à faire oublier tout le reste du discours où, pourtant, il y a énormément de choses à analyser, critiquer, approuver, discuter.

Merci encore pour le renseignement utile: la différenciation entre ce qui était écrit et ce qui fut improvisé,
mais j'espère par contre que vous n'étiez pas tombé dans le panneau habituel de faire encore un coup d'antisarkozysme primaire sur ce coup-là?

Voici un peu le reste du discours de Sarko (après la partie que vous commentez),
en quelques points aléatoirement résumés:
- France de tous
(avec des accents très chiraquiens où il dit comment les minorités, à l'exemple de Fadela Amara, Rama Yade etc, doivent être représentées à tous les niveaux, pas seulement aux emplois subalternes)
- Contrat d'autonomie
(explication complète, assez exhaustive)
- Identifier à temps les "disparus du système"
(juste après qu'ils se déscolarisent à l'adolescence et qui, dans cette phase critique de leur âge, tournent mal)
- La deuxième chance et l'internat
- L'accueil des "vrais" étrangers (nouveaux immigrés)
- Un parallèle intéressant (probablement approximatif) entre les glorieux temps où les internats étaient créés pour scolariser les enfants de la campagne et faire ainsi l'égalité scolaire ville/campagne, et la même idée des internats, appliquée aux ghettos, dans cette même optique d'égalité scolaire "ville/ghetto".
- Sur la carte scolaire,
une erreur grossière, mensongère et coupable, accusant la carte scolaire des maux qui en fait étaient causés, non par la carte elle-même, mais par sa perversion.
- Discrimination positive,
sous forme de l'accompagnement des cinq meilleurs dans toutes les écoles de toutes les villes de France, toutes, pour leur inscription dans les Grandes Ecoles prestigieuses sinon réservées traditionnellement à l'élite.

Je vais vous dire:
Moi qui suis en rapport quotidien avec de nombreux immigrés
(sans la sécurité du passeport national: carte de séjour je sais de quoi je parle c'est encore plus psychologiquement précaire)
il y a bien des points dans ce discours du président, que j'aurais aimé entendre bien avant, et de préférence par des socialistes, s'ils n'étaient pas si bornés sur le mode assistanat infantilisant démagogique.
Savoir si c'est de la poudre aux yeux, ça c'est encore autre-chose, en tous cas il faut espérer que d'autres articles sur le fond seront publiés pour qu'on y réfléchisse.

Car celui-ci, était une fois de plus sur la forme: un peu le jeu de Sarko, en quelque sorte :-)

Si vous n'avez besoin de rien, vous pouvez croire au plan banlieue de Nicolas Sarkozy. En effet, ce plan n'a rien de percutant, il ne répond pas aux préoccupations des Françaises et des Français, des élus, qui demandaient des moyens importants en banlieue afin de résoudre la vie quotidienne malmenée.

Les Ministres n'ont pas mis la main à la poche malgré le travail de pression réalisé par Fadela Amara.

Mise à part des intentions sur les transports en communs, les axes et orientations de ce projet ne changeront rien à la situation actuelle.

Farid SAIDANI
Candidat élection cantonale de Arnouville-les-Gonesse/Villiers-le-bel
Tél :06 88 48 60 66
Blog :www.saidani8.org
www.facebook.com :farid saidani

Cher Axel_J,

Avant tout, merci pour votre réaction. Vous avez raison: ce décryptage est autant un démontage du «discours Sarkozy» qu'une déconstruction de la manière dont il est répercuté. C'est un exercice de style contre un autre. C'est un article contre un déluge d'info en continu.

L'article n'est cependant pas une suite de petites phrases. Il se concentre sur un thème sur lequel Nicolas Sarkozy se focalise depuis longtemps: la délinquance et les bandes. Dans un plan banlieue, qui propose si peu, il est éclairant de voir combien Nicolas Sarkozy se raccroche à cette pensée. En improvisant. Il se trouve que j'ai travaillé longuement sur cette question — Nicolas Sarkozy et sa politique de maintien de l'ordre — pour un film puis un livre; et il me semble essentiel de toujours ramener le discours dans son contexte, là comme ici, non par «anti-sarkozysme primaire» comme vous le laissez entendre, mais bien par ce que le Président de la République lui-même ne jure que par la communication. Et que les enjeux soulevés par la question des quartiers sont immenses.

Au-delà de ce démontage, l'idée est bien de montrer qu'il existe bien plusieurs visions de la banlieue. L'une politique; l'autre policière. Ici: l'une écrite, l'autre orale. L'une profonde, l'autre réponse-rapide. Nous sommes donc bien sur sur le fond du discours, pas sur la seule forme.

Merci David,
de nous éclairer encore mieux avec ces nouvelles précisions.

La forme, pour Sarkozy, c'est une question de fond, pourrait-on dire, tout à fait d'accord avec vous.
J'étais de toutes manières moi aussi assez convaincu que Sarkozy se raccroche à la délinquance et aux bandes, beaucoup parce que c'est la technique de communication qui caresse un certain électorat dans le sens du poil, mais aussi tout simplement — peut-être encore plus inquiétant — par manque d'imagination et de vision des solutions sociales pratiques et pacifiques.

Mais il y a une bonne heure de discours à suivre, où divers aspects bien plus engageants sont abordés, sur qui l'auditoire restera en sortant de la salle: ces mesures dont à peu près tout le monde s'accorde pour dire qu'elles n'amélioreront rien.
Je crois volontiers que Sarkozy lui-même n'y croit pas non plus, si pour lui, seule fait sens la focalisation sur la délinquance et sa répression.

Effectivement, il y a eu très peu de moments où notre président n'avait pas la tête baissée afin de lire difficilement "son" texte écrit par Guiano... Un des seuls moments où Sarkozy s'est senti à l'aise et a commencé à parler pendant une minute sans lire son texte fut le passage où il a parlé des racailles qu'il fallait poursuivre jour et nuit afin de les arrêter, blablalblabla... Et bien sûr, c'était le passage qui a été repris en boucle par toutes les chaînes d'infos puisque c'est le seul où Sarkozy a parlé comme le Sarkozy de la campagne présidentielle 2007.

Dans l'ensemble ce discours fut pathétique pour un plan banlieue censé représenter l'espoir... On aurait pu espérer que Sarkozy nous détaille le financement de ce plan, mais dans ce cas cela aurait été un véritable plan...
Autant dire que le fait d'utiliser le mot "espoir" était judicieux car malgré des dizaines d'années de déception, les habitants des quartiers difficiles ont toujours eu l'espoir d'un avenir meilleur. L'espoir fait vivre... cependant, qu'adviendra-t-il du désespoir que ce nième plan engendrera?

Les deux seuls chiffres sont des chiffres populistes! Le chiffre de 500 millions € proviendrait du Grenelle de l'Environnement, dont on doute aujourd'hui de l'existence, et celui des 4000 policiers supplémentaires est à mettre en perspective avec la suppression de 2000 policiers et gendarmes depuis deux ans...!

Enfin, à propos de l'émission "Ripostes", je tiens à vous féliciter Monsieur Dufresne. En effet, vous avez tenté, tout au long de l'émission, d'avoir un discours objectif en vous référant aux discours et aux chiffres annoncés, mais Fadela Amara avait visibelement décidé de vous parler de manière autaine en méprisant toutes vos interventions. Elle n'a même pas été capable d'admettre qu'il manquait une chose essentielle à ce plan, c'est à-dire son financement!
Par contre, un des seuls moments où Madame Fadela Amara s'est indignée au point de se mettre en colère concernait le fait divers, qui n'avait rien à faire en cette fin de débat, lu par Mr Moati. On aurait aimé qu'elle montra une indignation identique sur le non financement de ce plan banlieue du désespoir.

J'ai noté quant à moi un manque de générosité, un peu plus tard dans la soirée, de la part de Philippe Val, sur France 3 : je suis favorable à la construction de mosquées, et belles, pour les musulmans de France, là où il en manque.
L'article 2 de la loi de 1905, qui "l'interdit", n'a jamais été appliquée à la lettre.
Stigmatiser l'islam est une erreur grave, et ne sert pas la lutte contre l'intégrisme.

(Duel sur la 3: http://programmes.france3.fr/duel-sur-la-3/39472335-fr.php )

C'est vrai qu'on le "note" pendant l'émission, mais Philippe Val, par rapport aux autres participants, neutres, bienveillants ou même croyants, c'est un peu "l'anticléricalisme assumé et revendiqué". A l'emporte-pièce et sciemment, il met dans le même panier toutes les religions, qui à ses yeux sont toutes le même "opium du peuple" avec des codes et coutumes à peine différents sur la forme, et strictement identiques sur le fond.
Pour lui, ou plus exactement pour ce qu'il voudrait en démontrer, il n'y a pas le moindre doute que les églises vides pourraient abriter les prières des Musulmans: surtout, en fait, qu'elles n'ont pas lieu les mêmes jours! :-)

(ce n'est que mon interprétation personnelle de la vision de Val)

A Axel-J
J'ai bien compris ce message que veut faire passer P. Val, nous n'allons pas débattre ici de sa vision du monde, mais je la trouve un peu courte, par exemple sur un point : l'apport inestimable des religions à l'art.
On n'imagine pas s'échanger les synagogues, églises, ou mosquées, comme on le fait des lieux de villégiature !
Les religions font partie du patrimoine de l'humanité, c'est ainsi que j'aborderais les choses, en tout premier lieu.

Ai lu avec grand intérêt cet article et les commentaires qui suivent. Je crois en effet que Sarkozy a une forte tendance à revenir à son fonds de commerce "Sécurité" dès qu'il le peut, parce que ça paie et qu'il s'y sent "chez lui". Je ne suis pas sûr non plus qu'il soit si à l'aise quand il doit lire - n'aurait-il pas ainsi des problèmes avec le prompteur lors des discours élyséens? - il préfère nous asséner son faux style "parler peuple" (formes négatives où il s'affranchit du "ne": on n'est plus très loin du "Coupez-moi pas la parole, Elkabbach!" de feu Georges Marchais).
Sur le fond, ces rodomontades sur l'éradication des trafics dans les quartiers font peur. La question de la méthode est posée. Je ne suis ni flic, ni douanier mais ... prend-on ces gens-là pour des imbéciles et leur travail de fourmi pour remonter les filières pour peanuts?
Faire débarquer des hordes de CRS au pied des tours ... serait-on repartis pour un novembre 2005?

Bonjour,

Très bon décriptage. Samedi matin, en mettant de l'ordre dans mon appartement, j'ai écouté ce discours.
Comme vous, je me suis dit que finalement la seule annonce chiffrée était celle du renfort de policier qui, comme vous l'avez démontré, semble être un pure
improvisation, ce qui ne doit guère nous étonner car Sarkozy est coutumier du fait. Souvenons-nous par exemple de la mort annoncée des 35 heures.
Au fond, son discours de campagne sur le pouvoir d'achat ne fut qu'une improvisation puisque lui-même a récemment avoué que les caisses étaient vide ...
Son plan banlieu, un ministre de l'intérieur aurait pu en faire la promotion.
Aucune vision novatrice du problème, aucune ambition concrète : ce ne fut
qu'un discours de campagne, un de plus.
Comment peut-on aider les banlieues si l'on ne met pas en place les moyens qui vont permettre aux jeunes de ces quartiers de participer pleinement à la vie économique et culturelle de ce pays ?
Il a parlé de guetto dans la tête des personnes qui y vivent, mais c'est le guetto dans la tête du reste de la population, dont les entreprises, qu'il convient de combattre.
Chirac a montré le chemin en mettant sur pied la HALDE, ce qui est un bon début et des solutions autres que celles de la justice doivent être mises en place.
Des mesures plus strictes de mixité sociale et scolaire doivent être imposées et mises en oeuvre.
Les écoles doivent, par un enseignement spécifique, doivent permmettre aux jeunes enfants, quels qu'ils soient, à apprendre et à connaître l' "autre", qu'il vienne de la banlieue, d'un autre pays, qu'il soit riche ou pauvre.

Mais de tout cela, il n'est pas question d'en parler, jusqu'à la prochaine flambée de violence dans les banlieues qui, n'en doutons pas, arrivera !

Abdelkader

Bonjour,

Je retiendrai 3 choses qui m'intriguent dans ce que j'ai entendu (parmi bien sûr tout ce que vous avez déjà cité de sensationnelle) :

"...contre ces violences seront déployés des compagnies spécialisées ..."
> est-ce que ça veut dire qu'elles seront privée ?

puis :
"... l'éthique des forces de polices doit être au dessus de tout soupçon ..."
> est ce que ça veut dire qu'elle est au dessus des lois ?

et en enfin :
"... des reservistes volontaires seront recrutés comme délégués à la cohésion "police-population", ils s'appuieront sur des volontaires citoyens de la police nationale, c.a.d des habitants que je veux engager pour qu'ils s'impliquent dans la sécurité de leur propre quartier ..."
> est-ce le droit à la délation ? ou un avant goût de milice ?

Bref voilà parmi cette allocution bien sentie, les points que j'aimerai éclaircir ...