Yazid Sabeg: "Il n'y a pas de plan banlieue!"

08/02/2008Par

Yazid Sabeg, chef d’entreprise et président du comité d’évaluation et de suivi de l’ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine), a livré à MediaPart son analyse des mesures pour les banlieues proposées, vendredi 8 février, par le président de la République.

« Le constat, les diagnostics et les intentions sont là. Mais il n’y a pas de ‘Plan banlieue’. Soyons, vigilants, il s’agit du dixième ‘plan’ pour les banlieues. Il ne suffit pas de parler d’espoir et de le faire naître, il faut ensuite savoir comment on atteint ses objectifs. 100.000 jeunes en contrat d’autonomie…Les perspectives d’emploi sont-elles réelles ? C’est un grand pacte pour l’emploi et pour la formation qu’il nous faut dans ce domaine, un pacte avec le monde de l’entreprise et des formations qui soient qualifiantes pour offrir à ces jeunes des perspectives.

« En matière de rénovation urbaine, on sait que la situation s’aggrave, il n’y a pourtant aucune disposition relative à ce sujet primordial. C’est important de parler des transports et de la mobilité dans ces quartiers mais les 500 millions d’euros que le président évoque ne sont pas débloqués spécifiquement pour la banlieue.Ils sont pris au plan Borloo qui fait suite au Grenelle de l’environnement.

« Le secrétariat d’Etat à la politique de la ville n’a plus lieu d’être. Il faut une grande politique publique d’accompagnement, gérée au niveau national, et cette question doit être traitée par tous les ministères. A chaque ministre de mettre en place une action spécifique, adaptée aux problématiques de la politique de la ville. Il conviendrait de multiplier la dotation urbaine de solidarité (DSU, environ 1 milliard d’euros cette année) par deux ou trois en prélevant plus d’argent aux villes riches pour les donner aux plus pauvres. Il faudrait ensuite déplacer cet argent vers les associations en créant un budget annexe géré conjointement par le maire et les préfets. 

« Le chef de l’Etat a évoqué la question de la sécurité, un thème effectivement important. Il est le premier à le dire, 'Il ne faut pas se servir de l’insécurité pour stigmatiser ces populations'. Mais on ne peut pas parler dans le même discours aux voyous et à ceux qui veulent s’en sortir. Cela dessert l’ensemble du discours. Ce n’est pas comme cela qu’il fallait faire. Parler d’égalité et d’équité est la meilleure manière de rétablir une conscience civique et collective. »

Les politiques mals intentionnés ont besoin du mal etre des banlieues comme fond de commerce .Meme chose pour la police devenue un état dans l'état.Les retombés économiques sont énormes .Maintenir dans l'état les banlieues est devenu une necéssité politique,économique,sociologique.Les banlieues ,vus par les médias sont un danger intérieur pour la société avant de se créer un ennemi extérieur en prévision d'un éventuel conflit ou des mesures répréssives au quotidien.
Cordialement

"On ne peut pas parler dans le même discours aux voyous et à ceux qui veulent s’en sortir"

En effet. Tout le monde fait ce même amalgame en permanence et à toutes les sauces, jusqu'au président Sarkozy lui-même
(mais lui a une excuse: on sait que ce n'est pas le temps de la réflexion qui l'intéresse: plutôt les stratégies d'annonces et de mise en spectacle...)

C'est comme si tous ces millions de gens honnêtes et tranquilles, qui habitent en banlieue et qui peuplent les trains et les autoroutes tous les matins et tous les soirs, n'existaient pas.

On ne parle que de la délinquance et des difficultés. C'est bien sûr nécessaire de mettre le doigt sur ce qui ne va pas, d'identifier les problèmes,
mais pour trouver une solution, le seul moyen efficace, c'est de réfléchir sur la base bonne et saine des gens honnêtes et travailleurs de la banlieue.

Ce sont eux, qui doivent être mis au centre de la réflexion. C'est pour eux, qu'on doit se demander ce qui ne va pas, ce qu'on pourrait améliorer
(exemple parmi d'autres: l'absurdité des temps de transport, à calculer sur une vie, matière à méditer...)
et c'est par suite, par conséquence logique, que les franges les plus défavorisées et les délinquants, auront enfin une base logique et une réflexion adaptée, pour attraper le train positif concret.