Nicolas Sarkozy doit annoncer un «plan banlieue» fortement revu à la baisse

07/02/2008Par

Le président de la République devrait annoncer 33 propositions lors de la présentation du « plan banlieue », vendredi 8 janvier à l’Elysée. Le document de travail, que MediaPart s’est procuré, intitulé « Espoir Banlieues, une dynamique pour la France », détaille ces mesures. Rédigées sous forme de fiches, ces propositions donnent la priorité à l’éducation et à l’emploi des jeunes. « Développer, étendre, multiplier, renforcer » : les verbes utilisés ne laissent guère de doutes. Plutôt que d’innover, il s’agit essentiellement d’élargir ou de renforcer les dispositifs existants. Si des dépenses nouvelles sont annoncées, leur financement n’est pas précisé.  

En matière d’éducation, la mesure nommée "busing", qui consiste à offrir un enseignement hors du quartier d'origine, veut développer les dispositifs existants. Il en est de même pour les « sites d'excellence », le tutorat, le développement de l'internat.

Concernant l'emploi des jeunes, comme la mise en place d’un parcours d’autonomie pour 45.000 jeunes des quartiers, avec 142 millions d’euros de budget sur trois ans, devrait être annoncée. Mais il n’est rien dit des difficultés rencontrées depuis des années par les missions locales pour l’emploi qui organisent des parcours d'insertion du même type. 

Le dispositif « parcours sécurisés d’insertion » doit être étendu et renforcé. Il s'agit de proposer un contrat à 10.000 jeunes issus des quartiers en difficulté : sur une durée de deux ans, ils recevraient 2.800 euros pour financer des dépenses liées à un projet professionnel élaboré avec l’aide d’un conseiller. 

Enfin, toujours sur le dossier emploi, le guichet unique, l'aide à la création d'entreprise ou la clause d'insertion dans les marchés publics sont à nouveau mis en avant. Le document propose, par ailleurs, d'initier des jumelages entre quartiers et entreprises du CAC 40. 
 
Un volet du plan concerne les discriminations qui frappent les habitants des quartiers en difficulté. Sans proposer véritablement de mesures nouvelles, le plan insiste sur la présence dans chaque commissariat de gardiens de la paix sensibilisés aux discriminations. Une nouvelle politique de police de « voisinage » est réaffirmée. Il s’agit de donner un nouvel élan aux groupes d'interventions, d’utiliser les service de renseignement et de renforcer les moyens d’enquête sur la délinquance locale, tout en affichant une proximité avec les habitants du quartier.

Concernant les transports, 40 projets de désenclavement sont évoqués, un nombre qui est loin de couvrir les besoins des territoires concernés par les 495 contrats urbains de cohésion sociale ou les 500 projets ANRU (rénovation urbaine). 

Sur les deux derniers volets traités dans ce document, la santé et le logement, les mesures ne sont qu'incitatives (contrats locaux de santé ou mutualisation des moyens des professionnels de santé), ou déjà appliquées comme l'exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties en contrepartie d’une amélioration substantielle des services rendus aux locataires.

Enfin, le président de la République devrait annoncer une « journée nationale du respect » chaque 9 décembre, date suggérée par Fadela Amara en écho à la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

En l’état et avant les annonces présidentielles, ce plan laissait amers les principaux responsables de la politique de la ville. Fadela Amara, secrétaire d’Etat, avait affiché la somme d’un milliard d’euros de nouveaux moyens budgétaires. Le plan ne reprend pas cet objectif. « C'est du saupoudrage, on améliore un peu ce qui existe déjà mais c'est tout. Ce n'est pas un plan », confiait sous le sceau de l’anonymat, un des responsables de la politique urbaine proche du ministère. 

Le budget de rénovation urbaine, qui concerne 530 projets dans les quartiers, est passé de 393 millions en 2007, à 227 millions en 2008, une baisse qui ne va pas dans le sens du discours du gouvernement. Le premier ministre François Fillon avait affirmé, début janvier, que « ce plan devait être à la hauteur de nos ambitions ». Les ambitions ont donc été fortement revues à la baisse. « Le rétablissement de l'égalité républicaine », tel que le prônait Christine Boutin, ministre de la ville et du logement, se fera à moindre frais et sur une partie réduite du territoire puisque 100 quartiers seulement devraient être directement concernés par ce plan.

Habitués aux effets d’annonce et à la longue succession de « plan banlieue » depuis vingt-cinq ans, beaucoup d’élus locaux préféreraient voir remise à l’ordre du jour la question de la fiscalité locale. L'association des maires « Ville et banlieue » a beaucoup inspiré les propositions de Fadela Amara sur la DSU (Dotation de solidarité urbaine). Ils prônent un rééquilibrage de cette dotation d’environ 1 milliard d’euros. « Nous ne demandons pas plus d'argent, la DSU a d'ailleurs été augmentée de 9 % pour 2008, explique à MediaPart Claude Dilain, maire de Clichy-sous-Bois. Ce que nous souhaitons c'est que cette dotation soit mieux répartie entre communes riches et communes pauvres.»

Mais à la veille des élections municipales, rouvrir le dossier très sensible de la péréquation fiscale entre communes riches et communes pauvres est politiquement risqué. La plupart des acteurs de la politique de la ville plaident pour une telle réforme : « Un rééquilibrage de la DSU permettrait à ces villes en difficulté d'obtenir des prêts plus facilement et par conséquent d'investir », assure l’un d’euxAvant même l’annonce présidentielle, le parti socialiste  faisait savoir qu’il présenterait également ce vendredi des « propositions alternatives ». 



Pour ceux qui y ont cru, Fadela Amara la première, la pillule est amère...

Un "Véritable Plan Marshall pour les banlieues" : c''est du même tonneau que "travailler plus pour gagner plus" ou "je serai le Président du pouvoir d'achat"... Du beau travail de campagne, du slogan ciselé qui imprègne et diffuse dans l'électorat : on le répète, on le passe, on le commente, c'est tellement frappé au coin du bon sens ! qu'on en oublie de réfléchir et de regarder en pratique ce que cela implique.

Et voilà qu'au réveil la gueule de bois est là, encore plus peut-être pour ceux qui y ont cru.

Plan Marshall : pour les amateurs de stats et de calculette, ramené au PIB américain d'aujourd'hui, cela représenterait grosso modo pour la France 3 Milliards d'Euros par an sur 4 ou 5 ans : avant qu'un pays comme la France, ou du moins son Président et la majorité qui nous gouverne, et malheureusement une grande partie de son électorat, soient vraiment prêt à mener une politique de cette ampleur pour une cause qu'elle jugerait une priorité nationale...

Et pourtant c'est sans doute, en matière de politique intérieure, avec le pb de la compétitivité et de la structure des entreprises françaises qui plombe notre balance commerciale, le grand défi des années à venir : ce sont des millions de nos concitoyens et une ressource extraordinaire qu'on est en train de laisser sur la touche et d'humilier!

Triste jour pour notre pays...

Encore un plan avec un joli nom mais qui ne résoudra pratiquement rien...

Pourquoi Sarkozy a-t-il supprimé des milliers de policiers et gendarmes cette année?
Pourquoi Sarkozy a-t-il redéployé dans les banlieues des compagnies de CRS au lieu de gardiens de la paix?
Où sont les commissariats que Sarkozy avait promis d'ouvrir dans les banlieues "difficiles"?
Où sont les crédits que l'Etat est censé allouer aux communes les plus en difficulté?
Où est l'argent que l'Etat doit aux villes?

On peut donc s'attendre à une nouvelle flambée des banlieues d'ici la fin du mandat de Sarkozy. En même temps, une bonne émeute en banlieue remobilise toujours l'électorat de droite donc c'est tout bénéf...

Je ne connais pas Fadela Amara. Comme Martin Hirsch, elle a dû penser que de ce côté-là de la barrière, elle aurait plus de moyens d'action, pour agir de l'intérieur. J'ai entendu une interview de Fadela Amara ce soir ; on sent qu'elle craint le pire (annoncé)
Finalement, ces deux-là avaient plus de pouvoir quand ils appartenaient à des associations.

c'est pour cette raison que si elle veut rester utile et crédible,il est dans son intérêt d'apporter sa démission, c'est l'acte que toute personne censée ferait...elle n'est pas prise au sérieux par sarkozy qui ne lui donne pas les moyens nécessaires, elle se décrédibilise...jusqu'à quand? sa démission prouverait la sincérité de son combat pour les banlieues, et obligerait le président à réflechir sur les actions à mener en priorité...lui qui clamait être le président de tous les français...combien de déplacement a-t-il fait depuis son éléction en banlieue? Un seul, devant une gare a 10 minutes des quartiers sensibles... Par contre, pour voyager avec carla il est présent...de même pour accueillir Kadhafi, soutenir Deby, pour parler de "l'homme africain "qui n'est "pas entré dans l'histoire" à Dakar aussi...ou parler des "chrétiens" au nom de la France devant le vatican... Et ces ministres "d'ouvertures" qui soutiennent ces actions et paroles...
Chevènement disait "un ministre, ca ferme sa gueulle, si ca veut l'ouvrir, ca démissionne"...qu'attendent-ils pour l'ouvrir?

Maire de BONDY (93140) je considère qu'une fois encore on méprise les quartiers populaires avec des mesurettes. Le Président n'aime pas la banlieue, il le prouve une fois encore en annonçant son "plan" depuis l'Elysée et non dans un endroit symbolique comme il aurait du le faire depuis Clichy sous bois!
Et nous demandons d'abord nous les élus locaux le versement équitable des dotations ordinaires de l'Etat. La "politique de la ville" étant non la variable d'ajustement mais le suplément d'âme.
Il n'a rien compris.

Gilbert ROGER
Maire de BONDY
http://www.gilbert-roger.fr

Cher Gilbert Roger,

Avant tout, merci d'être intervenu dans nos colonnes. Et pour tout dire à tous ceux qui lisent ce fil, je viens de vérifier de vive voix avec vous que vous étiez bien le Gilbert Roger, maire de Bondy, que vous disiez être. En effet, nous tenons ici, à Mediapart, à ce que les débats puissent se tenir en bonne intelligence et nous veillerons dans la mesure du possible à ce qu'il n'y ait ni usurpation d'identité ni trolls. Donc, oui, c'est bien vous. Et pour avoir déjà débattu plusieurs fois avec vous sur ces questions là, votre présence ici m'apparait comme un signe encourageant pour notre aventure. Car il s'agit bien de cela: créer les conditions de débat, d'information comme «bien commun», d'échanges de points de vue.

Ceci étant dit et fait, votre commentaire amène d'autres commentaires. Et quelques questions.

D'une part, quand vous dites que «le Président n'aime pas la banlieue», que voulez vous signifier exactement? Quelle est le fond de votre pensée? Parlez vous de mépris? D'indifférence? Songez vous à une tactique politique? Si oui, laquelle?

Après les événements de Villiers-le-Bel, vous étiez aux côtés de Claude Dilain (maire de Clichy-sous-Bois, PS comme vous) et d'autres, pour dire que «l'heure du diagnostic était passée, qu'il fallait entrer dans la phase des remèdes». Pour filer la métaphore médicale, comment qualifierez vous le traitement proposé aujourd'hui par Nicolas Sarkozy et Fadela Amara?

Enfin, vous êtes membre du Bureau national du Parti socialiste [cf. http://www.gilbert-roger.fr/about.html]. A ce titre, comment qualifieriez vous l'attitude de votre parti depuis des années? Attitude timide qui est dénoncée, en creux, par un commentaire juste en dessous signé de freekeezeekee? Comment justifiez vous, par exemple, votre solitude d'élus locaux (vous, Dilain, et d'autres) dans les instances nationales de votre parti où, semble-t-il, on vous écoute pas ou peu? Enfin, pourquoi les députés de votre bord n'ont-ils jamais demandé/provoqué de débats à l'Assemblée nationale sur les questions de banlieue, voire de commission d'enquête sur les émeutes de 2005?

En vous remerciant une nouvelle fois.

David Dufresne, journaliste à Mediapart

Déjà, la dotation de solidarité urbaine (DSU) avait été amputée de 30 miilions

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L'annonce de ce « plan » intervient après l'amputation de 30 millions d'euros sur la dotation de solidarité urbaine (DSU).

Dans un entretien (1) avec Sophie Bouniot publié le 31 octobre 2007 dans le quotidien L'Humanité, Pierre Bourguignon, député (PS) et maire de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), avait déploré cette baisse des fonds de l'État destinés aux banlieues.

Au nom de l’Association des Maires Ville et Banlieue de France (AMVBF) qu'il préside (2), Pierre Bourguignon soulignait ainsi la contradiction entre affichage et réalité : « Quelle que soit la couleur politique des gouvernements, nous arrivions jusqu’ici à sanctuariser ce système. Mais cette année, nous serons à moins de 100 millions d’euros de majoration de la DSU. Ça veut dire que nous ne savons pas comment, aujourd’hui, des choses qui sont de droit commun pour tous les citoyens vont pouvoir fonctionner dans un certain nombre de villes. Des lieux qui ne sont pas, je veux le souligner, des quartiers qui craignent, ni des banlieues en flammes, mais des endroits où se trouvent des populations qui ont le plus besoin d’aide, car on y trouve beaucoup de très jeunes enfants, de familles monoparentales, de chercheurs d’emploi, etc. Des personnes qui se trouvent souvent éloignées des lieux d’activités, ce qui engendre des dépenses supplémentaires. Bref, la DSU sert à aider ces gens-là. Moralité de l’histoire : on va la prendre sur l’argent commun, ça veut dire que la qualité de vie moyenne dans ces secteurs ne va pas s’améliorer. »

On est en effet très loin des priorités énoncées par les maires :
• désenclaver les banlieues en multipliant les transports en commun,
• appliquer la loi SRU qui impose la construction de logements sociaux et privilégier fiscalement les communes qui en bâtissent,
• instaurer l’« emploi franc » qui permettrait à tout résident d’une zone urbaine sensible (ZUS) d’accéder à un emploi privé exonéré de charges patronales,
• lutter contre l’échec scolaire en y associant les parents, avec des paquets pédagogiques et des moyens scolaires et matériels,
• renforcer la péréquation financière nationale et locale pour que toutes les communes, même les plus pauvres, puissent offrir à leurs habitants un service public comparable à celui de villes mieux dotées.

C'est vrai que dans ce même entretien du mois d'octobre dernier, le président de l'AMVBF remarquait : « On nous parle d’un "plan Banlieue", mais personne n’est capable de nous en détailler le contenu. En tant qu’élu et président de Ville et banlieue, j’ai rencontré Christine Boutin et Fadela Amara, et nous allons nous revoir, mais j’ai l’impression de devoir faire de l’éducation permanente sur la politique de la ville. »

Le moins qu'on puisse dire, c'est que les élèves Boutin et Amara auraient sans doute besoin de cours de rattrapage ou de remise à niveau.

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(1) Entretien réalisé par Sophie Bouniot publié dans L'Humanité (31/10/07) :
http://www.humanite.fr/2007-10-31_Societe_-Le-gouvernement-a-beaucoup-pa...

(2) L’AMVBF, créée en 1983, est aujourd'hui la seule association regroupant les communes périphériques des principales agglomérations françaises, les villes de première couronne urbaine et celles de grande banlieue. Elle réunit 120 maires de toutes sensibilités politiques.
Association des Maires Ville et Banlieue de France (AMVBF) :
http://www.ville-et-banlieue.org/

EN TANT QU'HABITANT DE CLICHY SOUS BOIS J'ACCUEILLE A BRAS OUVERTS CETTE NOUVELLE ATTENTION QUI NOUS EST PORTEE. LES MISSIONS LOCALES ET TOUTES LES STRUCTURES DE CE GENRE QUI NOUS COINCENT AU QUARTIER FAUD LES DETRUIRE... CA FAIT BIZARRE DE VOIR QUE FINALLEMENT SARKOZY QUE NOUS N'APPRECIONS PAS DU TOUT NOUS ACCORDE UN REGARD BEAUCOUP PLUS HUMAIN QUE CERTAINS EN QUI NOUS AVONS CRU ANNEES APRES ANNEES...

freekeezeekee français noir

Une journée du respect!!?? j'ai peur de ne pas saisir , dur respect de qui envers quoi? Des jeunes envers la société, envers les prof, les policiers, leurs immeubles pourris...? A moins que cela ne soit l'inverse de l'ecole envers ces jeunes de la police envers eux ou tout simplement de la société envers ceux qu'elle exclue?
cela veut il dire que les habitans des quartiers sont si etranger a notre société qu'en plus il faut leur inculquer le respect!!!

Si quelqu'un voit plus precisement l'objectif d'une tel journée qu'il vienne à mon secours parce que là pardon(Mme Amara vous ne pouvais pas etre solidaire ou a l'initiative de ça?), mais il y à quelques relants nauséabonds;

Karim Kherradji

Les désillusions sur ce plan ont un caractère naïf.

Les échecs successifs de projets venant d'en haut pour améliorer la situation dans les "quartiers" démontrent, s'il en était besoin, l'absolue nécessité de changer de paradigme.

La concentration des difficultés sociales, culturelles et économiques crée des situations d'une extrême complexité. Les réponses opérationnelles ne peuvent venir que de projets définis à partir d'une connaissance exacte de la situation et d'une problématique sur mesure. Bondy n'est pas Clichy qui n'est pas Grigny, qui n'est pas Toulouse le Mirail, ni les quartiers Nord de Marseille ou Lille Sud. Il y a 500 cas particuliers, avec leurs forces et leurs faiblesses, devant lesquels l'État est incapable de coordonner ses propres services et les Collectivités Territoriales sont empêtrées dans leur manque de moyens.

Les difficultés ne sont pas aux niveaux des concepts, ni mêmes des analyses, mais au niveau de l'action quotidienne. Penser globalement, bravo, mais surtout agir localement dans la proximité. Ceci implique l'engagement de personnes responsables, à un niveau très atomisé, d'autant plus petit que les problèmes sont lourds. Le décloisonnement entre les acteurs doit se situer à ce niveau : gestionnaires HLM, travailleurs sociaux, enseignants, services sanitaires et médico-sociaux, police et magistrats, commerçants, entrepreneurs locaux, militants associatifs et élus communiquant entre eux, au niveau de chaque résidence et de chaque cage d'escalier. Ceci veut dire mobiliser des hommes et des femmes de talents dans l'opérationnel et le quotidien.

Ceci implique qu'un soutien performant soit apporté au bon niveau territorial. Et que des mécanismes d'allocation, de mise en œuvre et de moyens humains et financiers soient élaborés et gérés dans la continuité.

Les mesures "poudre aux yeux" sont inutiles et désespérantes pour ceux qui galérent. Que penser de l'évocation faite dans le plan Fadela/Nicolas des sociétés du CAC40, alors que toutes les grandes entreprises réduisent leurs effectifs et/ou exigent des niveaux et des cursus de formation auxquels très peu de jeunes accèdent dans les zones défavorisées.

Les zones difficiles n'ont pas besoin d'envolée lyriques mettant en valeur quelques acteurs lors d'une journée du respect, mais de changements concrets, visibles au quotidien, créateurs de liens, qui s'insèrent dans des projets partagés.

Je viens d'entendre Fadela AMARA parler de son plan au JT de 13h.
Selon elle, il ne s'agit pas d'un plan (!!!) et une des grande nouveauté concerne l'évaluation "je suis pour l'Evaluation".

Cette notion est bien sur très à la mode du point de vue des communicants mais je m'interroge sur l'incapacité des pouvoirs publics à mener cette évaluation : tout est fait pour que Mr tout le monde pense que l'argent de la politique de la ville est employé à tord et à travers !
Je travaille dans une de ces structures si décriée par freekeezeekee dans un quartier "difficile". Depuis plusieurs années, en plus de notre travail quotidien en direction des jeunes , nous devons transmettre des bilans, des comptes rendus et des chiffres, des chiffres, des chiffres. Chaque action menée comporte un temps important consacré à l'Evaluation. Cette notion est donc connue, comprise et assimilée par les gens de terrain mais il semble que nos administrations soient incapables d'en rendre compte. A moins que... Les chiffres ne soient pas communicables ?
Enfin, tout cela fera comme avec les ministres, concentrons-nous sur l'évaluation et nous oublierons de penser globalité, cohérence et innovation.