J-8. Comment Mediapart a construit son indépendance

10/03/2008Par
Auteur: 
Edwy Plenel

A l’origine de Mediapart, il y a quatre journalistes. Ce sont François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit et moi-même. C’était il y a un peu plus d’un an, entre la fin 2006 et le début 2007. Nous avions l’idée directrice, un projet éditorial, une volonté commune, une soif d’indépendance, en somme des convictions partagées, à la fois démocratiques et professionnelles. 

Mais il manquait tout le reste : une connaissance approfondie du Web et une expérience dans la création d’entreprises. Sans compter le nerf de la guerre : l’argent, bien sûr. C’est ainsi que, sur les conseils d’un ami de confiance, le mathématicien Michel Broué, nous avons rencontré Godefroy Beauvallet, universitaire spécialiste des systèmes d’information, et Marie-Hélène Smiéjan, cadre dirigeant dans des sociétés d’informatique. 

Tous deux ont conforté nos intuitions de départ, enrichi le projet et inventé des solutions : grâce à l’une, nous avons affiné notre modèle économique, pu lever les fonds nécessaires et su monter notre société ; grâce à l’autre, nous avons approfondi la dimension participative, contributive et communautaire du projet, puis fait la connaissance de Benoît Thieulin alors qu’il créait, durant l’été 2007 son agence Internet, devenue notre partenaire, La Netscouade.
 

Ce point de départ est aussi le point d’arrivée : les sept personnes qui constituaient le noyau d’origine se retrouvent aujourd’hui au cœur de la structure économique qui garantit l’indépendance de votre journal. Tandis que Michel Broué préside la Société des Amis de Mediapart, les six fondateurs de Mediapart sont Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit, Edwy Plenel et Marie-Hélène Smiéjan. En clair, Mediapart est un journal de journalistes dont le capital est contrôlé par son équipe fondatrice, elle-même composée majoritairement de journalistes. Sans vouloir faire la leçon à qui que ce soit, on se permettra juste de souligner que, dans le paysage actuel de la presse quotidienne, une telle indépendance économique structurelle n’est pas fréquente.
 

La société que nous avons créée est une SAS (Société par actions simplifiée), la Société éditrice de Mediapart, dont le capital de départ, constitué de nos apports personnels, atteint un montant total de 1 325 000 euros. Ce capital a ensuite été ouvert à deux autres familles d’actionnaires : d’une part, des investisseurs partenaires qui entrent au capital pour des sommes jusqu’à 500 000 euros ; d’autre part, la Société des Amis de Mediapart, également une SAS, qui rassemble une quarantaine d’investisseurs amicaux ayant investi, pour la plupart, des sommes allant de 5 000 à 50 000 euros.
 

Les investisseurs sont essentiellement deux, pour 500 000 euros chacun. Il s’agit de Jean-Louis Bouchard (société Ecofinance) et de Thierry Wilhelm (société Doxa), deux entrepreneurs indépendants, acteurs dans le secteur de l’informatique et les nouvelles technologies. Ce qui les intéresse dans notre aventure, c’est à la fois l’enjeu démocratique – la liberté et le pluralisme de l’information – et le laboratoire économique – l’invention d’un nouveau modèle sur le Net. Au total, les investisseurs partenaires contribuent pour 1 110 000 euros, tandis que la Société des Amis contribue pour 504 000 euros. Ainsi, l’apport des investisseurs et des amis a permis de réunir 1 614 000 euros. 
 

Au jour du lancement de notre journal, le 16 mars, les sommes réunies sont donc de 2 939 000 euros. Au printemps, une augmentation de capital complémentaire, au titre des investisseurs partenaires comme de la Société des Amis, portera le total des fonds levés à 3 700 000 euros. A cette échéance, la répartition du capital dans notre société sera la suivante : 60 % pour les fondateurs, 40 % pour les investisseurs et amis. Par des clauses d’agrément, de préemption et de rendez-vous, un pacte d’actionnaires consolide l’indépendance de la société dont les statuts rappellent qu’elle « exerce son activité dans le cadre d’une totale indépendance de la rédaction de Mediapart ».

En charge des décisions stratégiques, le conseil de direction de la société est composé de sept membres : quatre représentent les fondateurs (dont le président, membre de droit), deux les investisseurs, un les amis. Il s’agit de François Bonnet, Laurent Mauduit, Marie-Hélène Smiéjan et moi-même pour les fondateurs, de Jean-Louis Bouchard et Thierry Wilhelm pour les investisseurs, de Michel Broué pour les amis. J’assure la présidence et la direction de la publication, Marie-Hélène Smiéjan est la directrice générale, François Bonnet est le directeur éditorial. Dès que l’équipe de Mediapart sera complète, ses droits feront l’objet d’une charte élaborée et discutée collectivement. 

Telles sont les fondations à partir desquelles nous espérons construire et renforcer l’indépendance de Mediapart. Evidemment, notre marge d’invention et d’audace dépendra du succès de notre entreprise – donc de vous puisque l’abonnement d’un lectorat fidèle est à la base de notre pari. Dans l’esprit de tous ses actionnaires, fondateurs, investisseurs et amis, Mediapart entend rester fidèle à une vieille promesse toujours inaccomplie, celle que les journalistes résistants formulèrent au spectacle de l’abaissement moral d’un pays et de sa presse. Déjà formulée dans le programme du Conseil national de la Résistance, elle fut détaillée le 24 novembre 1945 par la Fédération nationale de la presse, dans un « projet de déclaration des droits et devoirs de la presse libre ».
 

Loin de nous sembler vieillots, ces mots, aussi utopiques puissent-ils paraître, nous semblent toujours pertinents : « Article 1er : La presse n’est pas un instrument de profit commercial. C’est un instrument de culture, sa mission est de donner des informations exactes, de défendre des idées, de servir la cause du progrès humain. Article 2 : La presse ne peut remplir sa mission que dans la liberté et par la liberté. Article 3 : La presse est libre quand elle ne dépend ni de la puissance gouvernementale ni des puissances d’argent, mais de la seule conscience des journalistes et des lecteurs ».
 

Assurer la réussite de Mediapart, c’est prouver l’actualité de cet idéal.
 

Art 3 parfait : "La presse est libre quand elle ne dépend ni de la puissance gouvernementale ni des puissances d’argent, mais de la seule ......... conscience des journalistes et des lecteurs »
Reste à savoir précisément comment est formée/déformée cette "conscience". J'exagère volontairement pour me faire comprendre mais Staline, PolPot, Mao et Hitler avaient aussi une "conscience". Les journalistes qui les entouraient avaient également une "conscience". Qui ne faisaient pas pour autant une vérité très réjouissante !
Donc lorsque vous dites que la presse est libre quand elle ne dépend que de la "conscience" des journalistes, je ne suis pas tellement rassuré ! Désolé mais les pires journaux (rouges ou noirs) étaient rédigés par des journalistes qui étaient animés par... "leur" conscience. C'est bien quand elle est équilibrée et bien formée. Mais tragique quand elle tourne en roue libre dans une spirale déformée par l'idéologie ! Donc attention ! Soyez assez gentils d'ajouter un art. 4 disant comment cette fameuse "conscience" des journalistes peut nous rassurer :-)

À Nicolas Nilsen

Si vous vous méfiez de cette conscience des journalistes, que proposez-vous en échange ? La soi-disant objectivité scientifique ? Une approche « dépolitisée » qui correspond précisément à la pensée unique ? Comparer un projet tel que Médiapart avec le journalisme de complaisance en cheville avec des pouvoirs dictatoriaux, voilà ce qui s'appelle un abus de langage !
Vous parlez d'idéologie ; il est vrai que nous avons connu un âge où toute parole était sommée de se réclamer d'un quelconque petit livre rouge ou d'un courant politique précis. L'époque que nous vivons aujourd'hui, au contraire, estime qu'il est possible de penser hors de tout cadre de référence, ce qui représente exactement l'excès inverse.
La conscience des journalistes, leur fidélité à l'égard d'une morale commune ou personnelle, me paraît un principe parfaitement honorable, même si cette conscience est ancrée dans une vision du monde politiquement orientée. Si l'objectivité est impossible, au moins nous pouvons atteindre l'honnêteté. À mon sens, cela n'est déjà pas si mal !

Cher Nicolas Nilsen,

D'abord mes excuses pour cette réactivité tardive. Ensuite merci d'avoir lancé un débat essentiel sur lequel je vais revenir, dans un article sur ce pré-site, d'ici le lancement du 16 mars.

Qu'est-ce que la "conscience" des journalistes (et des lecteurs)? Qu'est-ce que la "vérité" recherchée par les journalistes? En d'autres termes, à quoi ça sert un journaliste en démocratie? Pourquoi la liberté de la presse est-elle un pilier essentiel de la démocratie? Pourquoi l'indépendance professionnelle des journalistes en est-elle une condition nécessaire? Etc.

Inspirée par le débat que vous avez lancé et les nombreux échanges qui ont suivi dans les commentaires ci-dessous, la réponse que je proposerai dans cet article évoquera une distinction faite par la philosophe Hannah Arendt, en 1967, dans un texte intitulé "Vérité et politique", que je tiens pour une réflexion décisive sur notre métier. Elle y distingue les "vérités de raison" (de conviction, de préjugé, de croyance, de raisonnement, de déduction, d'idéologie, etc.) et les "vérités de fait", toutes ces vérités petites et grandes qui supposent un travail de vérification, de recoupement, de terrain et d'enquête. Les premières, dit-elle, ne seront jamais menacées et seront toujours innombrables, y compris chez les journalistes qui sont des citoyens comme les autres. Elles peuvent être pertinentes ou déraisonnables, justes ou folles, etc.

En revanche, insistait Arendt, les "vérités de fait", elles, sont toujours en péril: notre monde moderne, apparemment de communication et de surinformation n'exclut pas le mensonge, l'aveuglement ou l'amnésie, y compris à grande échelle. C'est pourquoi, concluait-elle, nous avons besoin de journalistes, de journalistes libres et audacieux, indépendants des pouvoirs, quels qu'ils soient: pour faire émerger ces vérités de fait sans lesquelles il n'y aurait plus de monde commun, plus de dialogue constructif, plus de conversation démocratique.

Ce qui rassemble l'équipe de Mediapart, dans sa diversité, c'est cet attachement à la recherche des faits d'intérêt public qui aident à comprendre le présent, qui nourrissent le débat, qui enrichissent la réflexion.

Evidemment, cette réponse n'épuise pas le débat et nous aurons mille occasions de confronter nos points de vue (nos vérités de raison) sur la vérité factuelle … du travail de l'équipe de Mediapart

Monsieur PLENEL,

Je vous ai lu et j'espère bien compris.

Je ne représente que ma propre personne et à ce titre vous livre ma plus grande préoccupation factuelle du moment : elle se nomme HR 1955.

Comptez vous en parler prochaînement dans ces collones?

A défaut ou en complément, les colonnes du club seront elles ouvertes pour une exégèse de cette loi, qui mérite assurèment d'être présentée à votre lectorat.

Merci de votre réponse,

Cordialement.

Monsieur PLENEL

Tout en vous laissant bien sûr tout le temps et le loisir de répondre ou non à cette question en l'état, je souhaite mettre en perspective ma question précédente.

D'une part en reproduisant une question que je vous ai déjà posé et restée sans réponse le 11 janvier dernier sous votre article intitulé "Le prix de la Liberté" :

11/01/2008 10:33 shawford

Bonjour,

on ne peut que souhaiter que votre projet aille loin.

Reste que son succès ne pourra venir que de l'adéquation entre le média et l'utilisateur, hors de toute préoccupation de modèle économique.

En l'occurrence sur Internet deux valeurs essentielles doivent être respectées : la relation tous vers tous, la valorisation et la régulation de la communauté.

Dans ce cadre, l'ensemble des sites de journalisme citoyen ou autres, sont confrontés à deux questions majeures :

- la participation de l'internaute à la politique éditoriale et de modération . Il est ici dénommé "adhérent", ce qui en soi est un mauvais présage, car subordonné a priori à des conditions générales d'adhésion dont il n'est pas le dépositaire.

- l'interaction de cette même rédaction/direction avec la communauté créée : un lectorat docile sur Internet ça n'existe pas.

En dehors d'autres développements (sachant qu'il est d'ors et déjà fort dommageable que ce type de problématique ne figure pas dans les questions référencées), une question qui se révèle être un catalyseur du journalisme appliqué au web : l'auteur de l'article sera t'il lié de participer au débat suivant l'article et dans quelle proportion ces contributions seront intégrées à la politiques éditoriale?

Merci de votre réponse"

D'autre part

- en invitant tous ceux qui auront lu ces lignes, dans un premier temps à faire leur propre recherche sur la LOI HR 1955

- ensuite en pensant eux mêmes à ce que, dans le contexte "démocratique" actuel, représente une prise de parole individuelle, claire et affirmée sur ce type de question et ce dans un média exposé tel que peut l'être Médiapart.

La communauté ne doit elle pas jouer TOUT SON ROLE, en amont d'une éventuelle publication, sur ce type de problématique.

Cette question que je vous renvoie, je continue à me la poser et à la "creuser" chaque jour.

Cordialement

Bonjour,
j'inaugure mon compte.

D'abord Bravo à Nicolas Nilsen pour son excellent commentaire. Il a tout dit. Je suis stupéfait de voir le nombre de personnes qui considèrent qu'ils sont journalistes car ils ont un carte de presse, qu'ils sont objectifs car ils sont indépendants (l'est-on vraiment ?) et honnêtes car ils ont une conscience.
C'est au champ de bataille qu'on voit le soldat.
Les journaleux du Nouvel Obs se disaient aussi au-dessus du lot et ils publient maintenant des fonds de poubelles (que ce soit Sarkozy ou Royale la cible importe peu - Au Nouvel Obs la cible est Sarkozy).
L'indépendance c'est dire d'abord ce qu'on a pas envie de dire car on juge que c'est bon de le dire. L'indépendance c'est finalement faire le jeu du contraire de ses opinions pour finalement être reconnu indépendant et apprécié comme tel. Et peut-être alors démontrer que ses propres opinions sont valables. Ce n'est pas de tirer à droite et à gauche pour flatter les bobos. J'ose espérer que jamais je ne verrai sur ce site un SMS de tel ou tel, une écoute téléphonique ou une photo volée.
Merci et bonne chance à vous.
PS: si je suis là pour dire ce que je dis c'est que j'ai un "a priori" positif sur ce site et ses concepteurs !

Cher Kirikou,

Oui, l'indépendance, c'est d'abord un risque que l'on prend, une exigence plutôt qu'une licence : affronter ce qui vous dérange, regarder ce qui vous déplaît, découvrir ce que vous n'auriez jamais imaginé, etc.

Bonne chance à nouveau,

pour l'instant je m'y retrouve et l'enthousiasme initial pour votre projet est toujours là et n'a pas été déçu : diversité des sujets, articles de fond, enquêtes au long court alternant avec des scoops, certains sujets non liés à l'actualité directe, diversité des supports, forum vivant et de bonne tenue, pas de trash, de people ou de dérapages : il me tarde de voir le site final et de découvrir toutes ses possibilités.

Juste un commentaire personnel sur la discussion ci-dessus : rien à redire sur les remarques, que je partage, simplement mon souhait quant à l'interprétation de l'article 3 : "La presse est libre quand elle ne dépend ni de la puissance gouvernementale ni des puissances d’argent, mais de la seule conscience des journalistes et des lecteurs" : à la condition que les journalistes ne cèdent pas aux injonctions d'un certain lectorat qui voudrait déjà (certaines réactions du forum en témoignent) fixer - pour ne pas dire imposer - sa "feuille de route" à la ligne éditoriale de MédiaPart sur certains sujets. L'échange est toujours fructueux et la confrontation source de progrès, à la condition que chacun garde sa place : c'est à vous, l'équipe de Médiapart que je fais confiance, c'est vous les professionnels ! J'ai toujours cru aux vertus de la représentativité en politique : cela vaut ici pour l'actualité; nous vous avons élus comme nos délégués et mandataires pour faire l'interface entre un monde d'informations pléthoriques et contradictoires et nous...

Bonne route !

Cher Kurakys,

D'accord pour la défense de la représentativité et la revendication de l'indispensable autonomie du journalisme professionnel, de sa compétence, de ses règles et de ses principes. Mais nous ne pouvons faire comme si la défiance ne s'était pas installée aussi entre les journalistes et le public, tout comme elle mine la relation entre les politiques et l'opinion.

De même que la démocratie ne saurait se réduire à des votes à échéance fixe, mais suppose aussi l'invention d'une participation, élaboration et discussion permanente des citoyens, l'information de qualité doit aussi inventer des processus participatifs de discussion, de réflexion et d'échange autour d'elle, des questions qu'elle pose et des interrogations qu'elle soulève.

C'est tout l'enjeu du modèle que proposera Mediapart le 16 mars : un journal doublé d'un club, nos abonnés devenant potentiellement des contributeurs sans qu'il y ait pour autant confusion entre les rôles distincts du journaliste et du lecteur.

En lisant vos approches de l’objectivisme, je souhaite vous renvoyer au “lexique“ de Pierre Bourdieu :

Objectivation:
« Qu'est-ce que regarder du dehors, comme un objet, ou, selon le mot de Durkheim, « comme des choses », les choses de la vie, et, plus précisément, de la vie intellectuelle, dont on fait partie, dont on participe, en rompant le lien de complicité tacite que l'on a avec elles, et en suscitant la révolte des personnes ainsi objectivées, et de tous ceux qui se reconnaissent en elles ? Qu'est-ce que cette opération qui consiste à rendre visible l'invisible déjà vu et à faire apparaître comme scandaleuses des choses qu'on voit et lit tous les jours dans les journaux ? »._(« À propos de Karl Kraus et du journalisme », Actes de la recherche en sciences sociales, n°131-132, 2000, p.124

Aussi, nous avons consacré un site hommage à Pierre Bourdieu ou vous pourrez à loisir vous promenez en ses champs…

http://www.myspace.com/pierrebourdieu

Jean-Louis Legalery
On ne peut qu'applaudir devant tant de clarté, de transparence, d'honnêteté intellectuelle, concepts que la presse quotidienne française a peu à peu abandonné au fil des ans. Donc, bravo encore et vivement le 16 mars.

Mon cher Raguis, vous me faites peur ! Je lis votre dernière phrase : "...même si cette conscience est ancrée dans une vision du monde politiquement orientée."

UNE VISION DU MONDE "POLITIQUEMENT ORIENTEE" dites-vous ???? Aille aille aille ! Et vous appelez cela du journalisme "indépendant" ? "libre" ? "objectif" ?
Mais non - et vous le dites vous même - c'est du journalisme ..... POLITIQUEMENT ORIENTE ! Je ne sais pas ce qu'en pense EDWY mais ça commence plutôt mal comme cri d'indépendance et comme revendication d'objectivité.

Mais je suis heureux que vous existiez. Et que MediaPart existe ! Mon premier commentaire n'avait pas pour but de vous blâmer mais de vous mettre en garde contre la tentation idéologique ! Je suis réellement heureux de votre initiative.

Dédié à tous ceux qui parlent et aiment le journalisme :

« Ma ligne, ma seule ligne est celle de chemin de fer. On peut même écrire dans une presse très conservatrice, réactionnaire, celle du parti colonial et pourtant parler du travail forcé, de la France qui ne respectait pas les droits de l’homme. Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie".

Souvenez vous, Edwy Plenel, qui a dit ces mots ? Mais oui, on l'aime beaucoup, vous le savez bien.

Cher Klezmer,

Merci pour cet hommage à Albert Londres (1884-1932). Le contexte de la fameuse citation évoquant "la plume dans la plaie" est en effet essentiel : il s'agit de "Terre d'ébène", grand reportage sur les colonies françaises d'Afrique de l'Ouest, à la fin des années 1920. A sa façon, ce journaliste qui n'était pas particulièrement révolté, encore moins radical, pensait contre lui-même.

1°) à l'intention de l'équipe de Médiapart

Merci Edwy Plenel pour vos informations. Elles nous sont essentielles. La "transparence" est de mode... mais rarement au plan financier. Montrer que vous en êtes capable est un gage de respect à l'égard des lecteurs. Continuez.
Les autres journaux ont rarement cette attitude. Ou seulement de manière très formelle. Les partis politiques et les syndicats ne sont pas non plus des exemples de clarté. Et ne parlons pas de l'IUMM et du monde financier !

Toujours, sur le terrain économique, vous ne nous avez pas caché que le nombre d'abonnés est un de vos objectifs essentiels pour assurer, à terme, l'équilibre financier du journal et sa pérennité. Ou en êtes vous ? Ou en sommes nous ?

2°) à propos du débat ci-dessus sur la conscience des journalistes et sur "l'objectivité" :

Ce que met en avant l'extrait du programme du CNR, cité par E.P., c'est la liberté de la presse, son indépendance par rapport au pouvoir politique et aux puissances financières. Une liberté permettant aux journalistes de faire leur métier en toute conscience. Aujourd'hui en dehors de Marianne et du Canard Enchaîné, cela devient rare.

J'espère bien que l'équipe de Médiapart exercera ses talents d'investigation et d'information en toute liberté. Je ne lui demande pas d'être objective. Je ne sais pas ce que cela veut dire. La liberté, c'est la possibilité d'être à la recherche du vrai, mais c'est aussi le courage de le dévoiler et de prendre parti.

Et si un jour, les partis pris de Médiapart ne nous plaisent pas, disons le... Haut et fort. Ici d'abord. Et si trop c'est trop, en nous désabonnant. Nous l'avons déjà fait de tel ou tel quotidien ou hebdo. La liberté de la presse c'est aussi la liberté du lecteur !

Journalistes de Médiapart ne vous censurez pas !

Cher François Piettre,

Entièrement d'accord sur le point 2 : il n'y a pas d'avenir pour une presse indépendante si elle ne sait pas, d'abord, être le journal de ses lecteurs.

Sur le point 1, à ce jour, lundi 10 mars, à 13 h 30, nous sommes exactement à 2898 abonnés. Selon toute probabilité, nous aurons atteint ou dépassé les 3000 au jour du lancement, dimanche 16 mars. Et on peut déjà y ajouter potentiellement les abonnements groupés (d'entreprises, de collectivités ou d'établissements d'enseignement) qui font l'objet de demandes qui ne seront prises en compte qu'avec le site définitif.

Notre objectif immédiat est d'atteindre 5000 abonnés fin mars. Notre ambition pour l'année à venir est de multiplier ce chiffre au minimum par 3, à 15 000 abonnés, et au mieux par 5, donc à 25 000 abonnés. C'est évidemment un défi qui évidemment repose d'abord sur nos propres efforts, mais qui dépend aussi de la dynamique vertueuse créée par l'avant-garde du public fidèle que constituent les pré-abonnés dont vous êtes.

Bref, plus les abonnés recruteront d'abonnés, plus le succès de Mediapart sera assuré.

Moi j'ai une question, au-delà des rumeurs d'orientation politique de ce site, au-delà des connivences (je pense à Royal) et de tout ce qui va avec dans ce genre d'entreprise de gros sous...

Que fait mediapart dans rezo?

Qui l'a inscrit?

Moi ça me fait un peu mal au coeur.

Votre article nécessiterait une argumentation plus poussée (voir minimum) !

Cher Ballard,

Rezo.net est un portail en accès libre, sous-titré "le portail des copains", dont les animateurs recensent des articles qui leur ont plu sur la Toile. C'est leur choix, et c'est leur liberté. Pourquoi se plaindre d'y trouver, entre bien d'autres, Mediapart, tout comme on nous trouve sur d'autres agrégateurs de contenus ?

La liberté c'es dire la vérité : « DATI EXPULSE LA TELE LIBRE »

Lors d'un Meeting de Madame Dati à Paris la Télé Libre a été expulsée par des militants UMP (voir vidéo sur le site de la Télé Libre)
Encore une réalité que probablement aucun autre grand média en France ne relayera.

Tout comme aucun média en France ne relaye le fait que Madame Carla Sarkozy, première dame de France, a posé nue (en double page 18 et 19) pour le magazine DT (Espagne) en février 2008 et recommence à poser nue pour le magazine GQ (Angleterre) a paraître en Avril 2008).
Tout cela est vérifiable et public (entre autre sur Internet) ; une simple recherche Google suffit.

QUE NOUS CACHE T-ON ENCORE ?

Sans VERITE, rien que la vérité et toute la vérité il n'y a pas de DEMOCRATIE.

Ce qui est vrai, c'est que les photos de Carla Bruni dont vous parlez datent d'au moins un an. Qu'il est donc tendancieux d'accoler son nom, ses anciennes photos et son actuelle fonction. Mais, surtout: que cette affaire, qui n'en est pas une, n'a aucun intérêt et que, dans le genre «que nous cache-t-on encore?», on a quand même vu plus dissimulé ,-)

Pour info:
http://tf1.lci.fr/infos/people/0,,3769451,00-carla-bruni-nue-continue-fa...

Cordialement,
David Dufresne

Monsieur Dufresne,

D'abord je remarque sur le lien, dont je vous remercie, que l'article date du 06/03/2008 - 17h33, il aura donc fallu attendre bien longtemps pour qu'un média "sérieux" commente ce sujet.

De plus lorsque j'ai eu vent de ces photos j'ai acheté DT magazine parce que n'y croyais pas : mais la réalité est une double page 18-19 et qui titre en français : " VIVE LA REPUBLIQUE !". Pour le reste rien n'y laisse entrevoir que ce sont des vieilles photos qui de plus est la première dame de France nue porte une alliance.

Enfin, corrigez-moi si je me trompe, il m'a été dit que son contrat lui permettait d'interdire la publication de ces photos "dignes" d'un manequin, au pire est-ce que un président de la république française n'aurait pu le faire ?

Quelle république l' Elysée est-il en train de nous concocter ?

Comment expliquez aux enfants la dignité et respect aux vu et su de l'élite nationale ? Cela, pour le moins dénote d'un comportement curieux dont je ne veux faire partager personne.

Cet article m'apprend aussi qu le magazine GQ d'avril est déjà publié, j'en reste sans encre ... et garde ma dernière goutte pour vous saluer.

Gaetano Buscemi.

Cher Gaebus,
Si l'on est choqué, on peut regarder ailleurs, ce que vous n'avez pas choisi de faire, apparemment.
On peut aussi expliquer aux enfants que les choses qui choquent existent, et que la bonne attitude est de prendre la bonne distance : à condition de ne pas acheter soi-même cette type de revue, ne serait-ce que pour l'exemple, à leur donner, n'est-ce pas?
On peut aussi prévenir ce genre de" désagrémént" en réfléchissant bien avant de choisir pour qui voter.
Quant à la République, elle en a vu d'autres, tant qu' il n'y a pas mort d'homme - ni de femme -...
Pour ma part ce genre d' "évènements" me réjouit plutôt, car il permettra, je l'espère, une meilleure prise de conscience par ce que l'on appelle parfois "la population".

Je ne suis pas choqué, j'en ai vu d'autres, sans le vouloir c'est sans mérite mais du probablement à mon age.

Je regarde là ou je suis sans détourner la tête et ne laissant pas à d'autres le soin de faire pour eux seuls l'horizon qui ne me conviendrait pas.

Je profite de tous les éléments qui me sont tendus pour affirmer mes convictions, je n'ai pas provoqué l'évènement du choc des photos il est venu à moi.

Quant au problème des enfants, voire des adultes telles que vous et moi il est bien préférable de ne pas connaître la réparation d'un mal que l'on aurait pu éviter.

Merci pour votre réponse qui a le mérite en bien ou en mal de remettre tout propos en question, malgré les limites imposées par ce genre d'exercice que sont les posts.

Je voudrais juste ajouter qu'il ne faut pas voir qu'un fait dans l'évènement ; mais que l'évènement est toujours l'expression d'un fait.

Cher Gaebus,
Je n'ai pas souhaité heurter votre sensibilité, c'est votre ton qui m'avait amusée.
Il m'a semblé qu'il y avait des motifs autrement plus graves de se rebeller : c'était juste le sens de mon post.
Cordialement

C'est bien exactement pour les motifs beaucoup plus grave que je me rebelle. Mais ne pouvant exploiter que ce que je peux posséder... je fais avec dans l'espoir d'obtenir un résultat même si cela paraît de prime abord secondaire.

Il faut prendre ce qui peut faire le plus de tort au concurrent et l'utilser au maximum et à défaut de mieux j'invite ceux qui ne veulent pas de la république que l'on nous prépare à faire pareil.

Le SMS paru sur le site internet du Nouvel OBs, je pense visait le même but et il a du faire très mal vu aux réactions provoquées chez le concurent.

C'est en fausse "gravitude" que je me suis présenté ; je vous remercie pour votre réponse et vous assure de fraterrnels sentiments .

Mais c'est quoi LA vérité ? La vérité, toute la vérité, rien que la vérité.... mais ce sont des formules ! La vérité d'un journaliste militant communiste n'est pas la même que la vérité d'un militant de droite ! L'un dira que le radis est rouge parce qu'il exprime l'espoir du grand soir. Et l'autre dira que le radis est rose parce qu'il exprime l'espérance encore fragile d'une gauche plurielle. Le troisième journaliste dira que le radis est une honte du capitalisme car il oblige les gens à manger des racines au lieu de brioches. Et encore un autre journaliste altermondialiste dira que le radis a été fabriqué avec des OGM etc... Alors arrêtez avec votre VERITÉ UNIQUE que les journalistes détiendraient comme par miracle parce qu'ils sont .... journalistes ! Cherchez la vérité, c'est bien. Mais par pitié, ne dites pas qu'il n'y en a qu'UNE SEULE et que e vous la DETENEZ juste parce que vous êtes des journalistes. Merci pour elle ! (la vérité). Elle mérite mieux que ces aboiements idéologiques :-)

La vérité journalistique n’est de loin pas ce que vous nous racontez nicolas nilsen, les journalistes, qu’ils soient d’un bord ou de l’autre, enquêtes sur ce qu’ils leurs semblent être urgent à vérifier en profondeur et c’est là que les vérités sortent (Watergate par exemple) !

Le problème c’est que si la droite trouve quelque chose qui va à l’encontre de ses intérêts elle ne le publiera pas, idem pour la gauche… Ce n’est donc pas les vérités trouvés par les journalistes qu’il faut mettre en cause mais bien de celui qui détient le journal ; qui veux lui imprimer "sa" vérité, qu’il soit financier, politique, syndical !

J’ai déjà aussi beaucoup entendu dire que les journalistes étaient pratiquement tous de gauche, là aussi il ne faut pas mésestimer les faits ; tous ont une formation intellectuel, tous aussi une de "fin limier" et donc ne vous étonnez pas qu’à peine commencé leurs travail, après les études, ils y découvrent bien des trucs bizarres. Ils se rendent bien mieux comptent que nous (plus vite que nous quoi) comment fonctionnent réellement nos démocraties ce qui les poussent à devenir critique et non obligatoirement à "gauche toute".

L’indépendance financier est réellement le nerf de la guerre, plus besoins de se plier à quelqu’un de droite, de gauche... riches ! L’indépendance journalistique permettra même de critiquer son propre journal et ça c’est fort, très fort !

Votre aboiement sur la vérité que vous cherchez devant votre nez fait peur même à le lire dans un commentaire. Monsieur, vous êtes malheureusement un obsédé d’une vérité qui vous arrange, qui plaît à la structure idéologique que vous vous êtes donné. Ce qui compte sont vos idées et une réalité qui s’y adapte. Alors il ne m’étonne pas que pour être cohérent à vous-même vous faites un procès d’intention aux autres. Mettre le doigt là où ça fait mal ou remonter une information ne faisant ni plaisir ni du tort à personne n’est pas votre tasse de thé car incompatible avec votre fonctionnement mental.

A Rensk

Je suis loin d'être puriste mais il y a des limites ! On a du mal à suivre votre pensée vu l'avalanche de fautes d'orthographe et de syntaxe affligeant votre commentaire:

n'est de loin pas ?? N'EST PAS, ET DE LOIN
les journalistes enquêteNT sur ce QUI LEUR(s) SEMBLE(nt)
les vérités trouvéEs, mais bien LES VERITES ( ou CELLES) de celui qui détient le journal, qui veuT, qu'il soit financier, politique OU REPRESENTANT? syndical ( syndical est un adjectif qui, à la différence de financier et politique, ne peut s'employer comme nom)
tous ont une formation intellectuelLE ,tous aussi EN ONT une de fin limier
LEUR(s) travail, bien mieux COMPTE(nt)
ce qui les POUSSE(nt) à devenir critiqueS
L'indépendance financièrE, plus BESOIN(s) de
quelqu'un de droite, de gauche ...OU DE RICHE(s)

Merci, à l'avenir, de faire l'effort de vous relire. C'est une question de respect envers vos lecteurs ...et envers vous-même.

Chère Emmanuelle Caminade et chers tou(te)s,

D'accord avec Emmanuelle : tout comme le journalisme, le participatif doit collectivement mener la bataille de la qualité. Au moins en avoir l'ambition, puisqu'il nous arrive et nous arrivera à tous de faire des fautes d'orthographe, par incertitude ou inattention. C'est en effet une question de respect, des idées comme des individus. Et l'énoncer n'est pas élitiste, bien au contraire.

La plus grande vulgarité d'âme, c'est celle qui identifie la vulgarité au peuple, justement. Bien au contraire, il y a des formes de grande élégance dans des sociabilités populaires et traditionnelles qui sont l'exact contraire des transgressions "bling bling" de ceux qui lancent des "casse toi, pauv' con" sans l'excuse de l'irresponsabilité, de l'âge ou de la misère.

Merci PATRON!

Vos critiques, preuves s’il en est, montre combien vous ne cherchez nullement à comprendre mais voilà, quand on n’a pas d’arguments… on saute facilement sur les fautes d’orthographes afin de cacher ce que l’on ne veut voir !

Désolé de vous informer qu’il y a plus de francophones hors de France qu’en France… tous les pays construisent leurs phrases selon les habitudes du coin, toutes les personnes sur le net n’ont pas la formation universitaire (de mon temps, il n’y avait que les fils à papa à l’uni !) alors comment se fait-il que plus bas vous reprenez ce que je viens de dire plus haut en l’emballant simplement dans un autre paquet cadeau ???

PS : savez-vous ce qu’est un clédar ? Un bautscha ??? Sortez de Paris… vous embêtez même ceux de Marseille en restant dans votre tour d’ivoire parisienne !

La presse et libre ! La presse est libre !
C’est l’approche des élections qui nous empêche de faire
des commentaires sur l’article de Marseille. Une obligation de
réserve peut être ? un soupçon de censure, voir d’auto censure.

Que nenni ,-)

Les commentaires sont possibles partout, y compris sous l'article consacré à la campagne à Marseille.

Cordialement.

Maitenant oui. Merci.

maud

Le nombre de commentaires suscités par l'indépendance de la presse et son objectivité montre combien le thème est sensible et sujet à contreverses. Personne ne peut imaginer que les journalistes n'aient pas leurs propres convictions et tant mieux car ce sont des citoyens comme les autres.
Le problème est ailleurs.

Une presse indépendante est le signe d'une saine démocratie. On ne peut être de droite, de gauche ou d'ailleurs que dans le cadre d'une démocratie. Et c'est là que le rôle d'une presse libre est essentiel. Tel fait doit-il être déformé pour servir une cause, tel fait doit- il être révélé au risque de desservir ses propres convictions, tel fait doit-il être commenté pour être compris par le plus grand nombre et ne pas se réduire à un flot de nouvelles diffusées par les agences de presse hors de tout contexte.

Le vrai travail des journalistes prend alors tout son sens et surtout n'attendons pas qu'ils soient tous parfaits. Mais pour pouvoir répondre en toute conscience à ce type de questions, l'axiome de base est bien l'indépendance, la possibilité de faire un choix en dehors des pressions de la hiérarchie, de l' actionnaire de référence , des annonceurs. Libre de ses décisions, le travail du journaliste devient un choix personnel qui peut, bien entendu, le conduire à être un bon ou mauvais journaliste.
Sans indépendance il ne peut -être qu'un "Press Worker" ainsi qu'on le nomme aujourd'hui aux USA. La question de son objectivité ne se pose même pas pour lui.
Alors bravo pour votre choix d'être et de vouloir rester indépendants.

J'espère surtout que nous serons très nombreux à soutenir votre projet. Les lecteurs ou futurs lecteurs ont également leur carte à jouer ainsi qu'une grande part de responsabilité. Hommes et femmes de toutes sensibilités mais avant tout démocrates, sans nous donner les moyens d'une presse indépendante, nous aurons beau nous lamenter, nous n'aurons que la presse que l'on mérite.

Bonne chance aux fondateurs et à l'équipe de Médiapart.

Cher herve,

Rien à redire ! Mediapart pourrait faire sien votre propos, à la virgule près.

Bravo et félicitations pour cette transparence des chiffres.

De quoi en mettre plus d'un mal à l'aise, et pas seulement parmi les lecteurs du Point qui a repris ces chiffres et provoqué quelques hauts-cris, mais bien chez ceux qui se sont vendus depuis si longtemps, qu'ils sont passés maîtres dans l'art de cacher ou mieux de faire mentir, ces chiffres qui peut-être bien sont la base de toute la lente et inexorable débandade (pas seulement de la presse).

Vous faites carrément oeuvre héroïque et politique, pourrait-on dire, de "salubrité démocratique".

Non, on n'est plus dans les petites références à Ségolène Royal ou autre étiquette dépassée. Au stade ou on est rendus
(pratiquement la république bananière et non, ce n'est pas la faute à Sarkozy qui n'est que le dernier symptôme en date),
nous les lecteurs et citoyens responsables, franchement et même de sensibilité "de droite", on n'a plus les moyens de faire la fine bouche quant aux vieilles amitiés de tel ou tel avocat ou de telle ou telle équipe de webdesigners.

Les initiatives comme Mediapart sont si rares, et si fragiles, qu'on n'a pas d'autre choix que de les soutenir, au moins les encourager, question égoïstement personnelle de liberté de notre pensée et de notre information.

à nicolas nilsen

Y a-t-il une vérité ou des vérités?
Pour ma part, je pense que s'il n'y a qu'une vérité des faits, il existe toujours plusieurs vérités concernant leur traduction et leur interprétation.

Ainsi, même quand nous sommes personnellement et directement impliqués dans un fait, nos sens peuvent nous abuser. Nous ne voyons pas, nous n'entendons pas forcément ce qui est, tant notre perception est parasitée par notre émotivité, nos conceptions morales et intellectuelles.
Et, quand il s'agit de restituer la vérité d'un fait après-coup, les choses se compliquent encore. Nous savons tous, pour avoir inventé ou remodelé des souvenirs en totale bonne foi, que le témoignage humain est sujet à caution.

Quant aux témoignages matériels, que ce soient des listings informatiques, des documents audio-visuels , des écrits...ils peuvent toujours être falsifiés. Quelques simples coupures sur une vidéo en changent la signification (cf les différentes vidéos de Sarkozy chez les pêcheurs diffusées à la télévision et sur Internet).

De même, la vérité scientifique, démontrée par l'homme, pourra s'avérer incomplète ou erronée dans le futur. Et je ne parle pas des soit-disant "Sciences" sociales! J'ai le souvenir d'une grande anthropologue tournée en ridicule par une peuplade lointaine présentée comme un modèle pacifique de règlement des conflits...

Pauvres journalistes, leur tâche est ardue ! Comment s'approcher de la vérité? La bonne foi, l'honnêteté, la conscience ne suffisent pas. Il faut avoir beaucoup d'humilité, cultiver le doute , s'ouvrir à la contradiction, parler à ses lecteurs au conditionnel, lui présenter d'autres versions , d'autres analyses.

Que MédiaPart ouvre ses colonnes à différents points de vue sur un même thème me semblerait une approche intéressante de la vérité.

à gaebus et Dufresnes

Dans un registre plus léger, concernant les vidéos de Carla nue publiées dans un magazine espagnol en février 2008. Il s'agirait, selon ce que j'ai lu , de photos prises fin 2007, donc après son mariage.
Comme leurs confrères espagnols, les Anglais s'apprêtent à faire un beau coup médiatique en publiant ces photos de Carla BRUNI, ayant effectivement une alliance au doigt, pour la venue de Sarkozy à Londres.

Il reste que ces photos ( nudité et longues bottes de cuir) qui , sans être pornographiques, relèvent plus de la photo érotique style Play Boy que de la photo d'Art, risquent de poser quelques problèmes diplomatiques.

Je southaiterais apprécier à sa juste valeur vos capacités intellectuelles dont votre commentaire en est un reflet.

Cependant j'ai mes limites et je crains qu'une grande majorité de personnes ne soit pas à la hauteur des problèmes, entre autre, du comportement que Monsieur Sarkozy pose aujourd'hui à la France.

Lorsque l'on veut représenter un peuple, un pays ne doit-on pas dans l' "idéal" se rapprocher de la moyenne (ou majorité possible) de ces derniers.

Tout à fait d'accord avec vous, Emmanuelle : une vérité ou des vérités, selon le point de vue.
Mais pas LA vérité... Du moins, collectivement.
Car nul n'est prophète... en sa collectivité. Or seuls les prophètes peuvent parler de vérité révélée (religions et idéologies confondues, ue fois n'est pas coutume...).

à gaebus et Dufresnes

Il faut bien entendu lire : " donc AVANT son mariage" et non "après".
Désolée d'avoir laissé passer cette erreur pour le moins gênante.

Oup's

Je pense que le temps est peut être arrivé de redéfinir le métier de journaliste.
Je ne serais pas choqué d'associer le journalisme de pointe à un métier scientifique. Je serais également pour la création d'une thèse d'état de journalisme d'investigation.
Est-ce vraiment utile ? En France, incontestablement, oui.

Une thèse... d'ETAT ? Mais grands dieux, pourquoi y aurait-il besoin de l'Etat pour donner ce badge ? Des grands journalistes suffiraient ! Des grands investigateurs suffiraient ! Des grands journalistes respectés suffiraient ! Laissez l'Etat à sa banqueroute et enquêtez ! On a juste besoin de cela : de grands enquêteurs qui fassent honneur à leur métier et à leur profession en vérifiant, en croisant et en re-croisant leurs sources... Peut-être est-ce cela aussi.... l'indépendance !

Cher Honorgate, re-cher Nicolas Nilsen,

En effet, ce n'est pas à l'Etat de distinguer l'indépendance des journalistes. Et d'autant moins qu'une des caractéristiques de notre profession est, a priori, de rester ouverte dans son mode de recrutement. Il n'y a pas de diplôme unique qui ouvrirait la voie d'une carrière journalistique, ni l'obligation d'un diplôme particulier pour intégrer la profession.

Cette ouverture ne garantit rien quant à la qualité du résultat. Mais elle préserve, du moins potentiellement, la profession d'une clôture sociale qui l'enfermerait dans les catégories les plus privilégiées. Pour que le journalisme puisse rendre compte au mieux de la société, dans sa diversité, il faut qu'il ne soit pas lui-même fermé à la diversité, sociale, géographique et culturelle, de cette société. En ce domaine, c'est peu dire qu'il y a du pain sur la planche !

Maintenant j’ai enfin compris pourquoi des pros avaient besoins de correcteurs… d’orthographe

Ces derniers laissent, malgré tout, passer bien des fautes que je vois malgré mes limites à ce sujet…

... copié, modifié ou (si on pouvait) SUPPRIMÉ !

Dommage en effet, mon cher Gaebus, de déposer ainsi des spams sur ce beau site naissant ! Surtout des spams idéologiques au moment où on parle d'indépendance... Vraiment dommage !

Pour donner du sens à ce post de Nicolas Nilsen
(car autrement on va croire qu'il attaque Gaebus au sujet de son lien vers LCI.fr)
il faut préciser que le spam vient d'être supprimé comme il se devait depuis 5h44.

Si la modération voulait "réécrire le passé" jusqu'au bout, et effacer toute idée de pollution de la part de Gaebus, il faudrait supprimer aussi cette supplique de Nicolas Nilsen de 08h44.

La laisser telle quelle cependant, apporte une excellente remarque sur l'esprit général d'indépendance qu'on aimerait voir donner à Mediapart, non pas seulement grâce aux efforts permanents d'une modération rompue aux techniques de "police de la pensée", mais plutôt, si ce n'était pas trop espérer, de la bonne foi et de la bonne conduite de tous les internautes participants à cette merveilleuse aventure.

Cher Axel,

Ce que vous soulevez ici est essentiel. Personne, ici, ne veut "réécrire le passé". Alors, comment faire? Tout supprimer ou garder ce fil dans le fil, avec votre commentaire, qui rétablit les faits sans les occulter.

C'est toute l'ambiguité de la modération. Au fond, elle ne peut être acceptable que si elle est partagée par tous, ici, comme ailleurs. En répondant comme vous l'avez fait, vous avez réparé une erreur (un oubli? une maladresse?) de notre part.

Dans l'attente de votre réponse, et dans le doute, je vous propose qu'on laisse ce débat dans le débat ouvert.

Qu'en dites vous?

Tout à fait d'accord cher David Dufresne.

"Un oubli, une maladresse", je préfère ça, car "une erreur" ça voudrait dire que vous seriez tenus à une discipline de fer qui confinerait au travail de surveillance de certaines brigades de police!

On vous préfère libres d'esprit et positivement tournés vers votre métier. Quelle tristesse si vous deviez vous transformer en flics à cause de quelques spammeurs indélicats.

L'immense majorité des abonnés sera toujours capable de faire la différence, de "séparer le bon grain de l'ivraie".
Merci donc pour ce choix sensible et sensé.

P.S.
Quant à moi personnellement, je ne verrai jamais d'inconvénient à voir un de mes posts supprimé: je chercherai seulement à savoir pour quelle raison il l'aura été, et je modifierai ma conduite en conséquence.
Dans le cas de ce "débat dans le débat", par exemple, la raison serait claire: propreté, clarté, pas de hors-sujet.

Cher (matinal) Axel,

Sur ce point, et d'autres d'ailleurs, il me semble que nous sommes sur la même longueur d'ondes.

Nous en reparlerons, donc, si vous le voulez bien quand le site sera (vraiment) lancé.

Au plaisir de débattre,
David

IL Y A INDEPENDANCE ET INDEPENDANCE...

Bon, imaginons des journalistes membres d'un parti politique d'extrême gauche ou d'extrême droite (je dis extrême volontairement pour pousser un peu la caricature) qui vous dirait :
- nous en avons assez de dépendre des capitalistes qui financent nos journaux ;
- nous ne sommes pas indépendants parce qu'ils nous payent et n'acceptent pas qu'on les critique dans le journal dont ils détiennent le capital ;
- on va donc fonder un journal sur le web ;
- et on va fonctionner avec les ressources des lecteurs (abonnements) ;
- et on va enfin être ..... libres de les critiquer !
- on sera DONC des journalistes INDEPENDANTS !
--
Si je vous disais ça comme ça, vous hurleriez n'est ce pas. En disant qu'il ne suffit pas d'être indépendant du pouvoir économique pour être ipso facto objectifs et indépendants de sa propre idéologique !

Bien sûr, si j'ai pris l'exemple de journalistes membres de partis extrêmes, c'est pour pousser à la limite de l'absurde. Pour que vous disiez : "mais non, ces journalistes sont certes indépendants du pouvoir économique mais ils ne sont pas indépendants de leur idéologie politique. Ils restent des journalistes avec leurs oeillères partisanes !"

Ce que je veux dire est que l'INDEPENDANCE ce n'est pas d'afficher en permanence - comme beaucoup de commentateurs le font sur ce site - leur étiquette politique et leur engagement idéologique !

L'INDEPENDANCE journalistique ce n'est pas ça. N'est-ce pas mon cher Edwy ?

kairos

La recherche de la "vérité" n'implique-t-elle pas le rejet du dogmatisme? Et de soumettre tant les faits que les raisons au principe de réfutation cher au logicien Karl Popper? à la démonstration contraire qui teste et valide ou non le jugement... Le journaliste, et l'homme en général, peut bien être d'extrême ceci ou cela, pourquoi refuserait-il l'événement tel quel... et ne penserait-il un peu plus loin que de ses idées d'origine... sauf à finir dans la bêtise la plus noire? Une certaine capacité à sortir de soi semble nécessaire à la profession, il me semble...

Combien faut-il d'abonnés à Mediapart afin d'assurer sa "survie" économique ?
Sur le débat concernant la vérité, sans trop aller vers cet extremisme impossible, au moins se diriger vers plus de justice et préferer ne rien dire ou sortir plus que de sortir ou dire de façon imcomplète.
Pour l'indépendance, chacun vient avec son histoire, là aussi difficile d'être absolu.
Sinon, j'aime bien les interventions d'Edwy Plenel dans l'émission "On refait le Monde" sur RTL. C'est plus cette "info" là qui est importante. Un pas sur le coté plutot que d'ouvrir soit-disant des portes.
Parler du réel, ne pas ronronner.

Gaebus, sois sympa : respecte les pages qui t'accueillent avec bienveillance et arrête de polluer ce site avec tes spams ! Merci !

Nous y voilà !
Je vous ai entendu, Edwy Plenel, l'autre jour sur France Inter et, durant l'interview, a été évoqué, de manière très succinte, le problème de l'anonymat et des pseudo sur les differents forum existants déjà sur internet. La tentation d'une schizophrénie maitrîsée est grande. Un Gaebus, par exemple, s'amuserait à jouer les troublions sans impunité, et quand bien même, ses propos seraient d'une pertinance incroyable, ce serait Zola qui oublierait de signer le "J'accuse". Quand à vous, Nicolas Nelsen, méfiez vous: il semble que vous preniez tous les risques, à moins que ce prénom et ce nom soit trop plausibles pour être honnêtes.
Les pseudos me gênent et j'avais cru comprendre, pendant l'interview, que l'équipe de médiapart avait trouvé une solution pour que la contribution d'un abonné lambda soit accompagné d'une identité authentique. Qu'en est-il au juste ? Pourra-t-on aussi se cacher sur mediapart, derrière un avatar de second-life ?
Reste que médiapart, c'est une belle idée. Bravo !
Greg, pour les intimes.

Cher Edwy,
Je vais m'abonner -problème technique en cours de résolution- et je vous soutiens à mon modeste niveau dans votre projet.
Je veux toutefois vous dire que j'ai hésité.
A quel E.P je m'adresse ? Celui qui sait diriger un journal (Le Monde), celui qui a entrepris une véritable réflexion sur l'évolution de la presse et fait le pari économique MEDIAPART dont la viabilité économique m'échappe encore, celui qui alimente réflexion et débat (cf. passage chez Y.CALVI) ou celui qui fait des déclarations d'anti-sarkozysme primaire içi et là ou de la démagogie chez P.AMAR(revu et corrigé sur la 5) qui vous a courtoisement repris.
Alors cher Edwy, s'agit-il d'un journal de militant déguisé - alors je me serai trompé d'adresse !- ou d'un organe de presse pluriel questionnant la diversité et la complexité de la réalité ?
Vos diverses interventions me rendent perplexe.
Le pire n'étant jamais sûr et l'homme E.P ayant ma sympathie, j'ai décidé de vous faire confiance. A vous et à votre équipe.
Bien cordialement.

Cher Quiberon,

Merci pour votre cordiale franchise. Un peu bousculé dans la dernière ligne droite j'improvise une réponse qui n'épuisera cetres pas le sujet et que je prolongerai à l'occasion.

Quelle sera la "ligne" de Mediapart ? Et quelle sera la part de mes propres convictions ? Tout simplement une ligne professionnelle qui permet de rassembler autour d'une même pratique du journalisme, exigeante et indépendante, des journalistes qui, par ailleurs, ont des sensibilités citoyennes différentes. J'ai bien sûr, comme tout un chacun, des convictions qui, parfois, peuvent vous surprendre, vous choquer ou vous plaire. Mais je crois avoir montré que ces convictions, clairement et profondément, de gauche ne m'ont pas empêché de souligner les dérives, les manquements ou les renoncements, de la gauche quand elle était au pouvoir. C'est ce qui m'autorise à être plutôt sévère avec l'actuelle hyperprésidence qui marque, selon moi, l'accentuation d'un présidentialisme regrettable que la présidence de Mitterrand a renforcé, à rebours de ses propres engagements.

En d'autres termes, l'essentiel, ce n'est pas d'être d'accord ou non avec ce que pense, comme citoyen, un journaliste. C'est d'être confiant dans sa capacité à trouver, traiter avec honnêté, mettre en évidence, analyser avec rigueur des informations indépendamment de ses propres convictions. La philosophe Hannah Arendt distingue, dans un texte de 1967, les vérites de raison (de conviction, de préjugé, de croyance, d'opinion, etc.) des vérités de fait. Elle souligne qu'un monde où il n'y aurait que des vérités de raison (mon opinion contre la tienne) ne serait plus un monde commun. Pour construire ce monde commun, pour engager une conversation démocratique, il faut pouvoir s'accorder sur un minimum de réalité factuelle, concrète, avérée.

Si le journalisme a une responsabilité democratique, c'est bien là qu'elle se joue. Et s'il y a une conviction partagée par toute l'équipe de Mediapart, c'est cette exigence radicalement démocratique.